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    Début Septembre; je revois ma généraliste pour un renouvellement, je lui fais part de mes migraines, elle ne sait pas trop, tatonne au niveau du traitement et me dit d'en parler à mon psy.

     

    Je reprends mon travail de famille d'accueil et reçois la jeune handicapée mentale de 12 ans. C'est difficile de retrouver le lien, elle était dans une autre famille d'accueil en Juillet et dans sa propre famille en Août. J'ai l'impression de retrouver une enfant sauvage. Elle passe une heure sans communiquer puis, petit à petit, reprend confiance, j'ai laissé les choses se faire seules, et j'ai eu raison.

     

    Ce jour là, mon père m'appelle pour me dire qu'il avait un problème de santé, il est hospitalisé pour un blocage urinaire. Il reste 2 ou 3 jours à la clinique mais devra subir une intervention de la prostate 15 jours plus tard. Les soucis pour lui vont commencer.

     

    Consultation chez mon psychiatre.

     

    - Alors, vous avez gardé les acquis ? vous êtes un peu plus attentionnée à vous ? vous avez mis en place des règles pour les enfants ? vous prenez un peu de distance par rapport aux tâches ménagères ? vous vous faites un peu plus aider , comment ça se passe ?

    & Oui, ça va mais c'est un petit peu tout ça, ce n'est pas toujours facile. Cela se passe beaucoup mieux avec mon fils ainé.

    - Vous voyez, quand les gens sont mieux, l'entourage est mieux aussi.

    & Oui, pour le travail à la maison, ça va mieux aussi, cela ne me coûte pas.

    - C'est déjà bien, car c'était surtout avec les enfants qu'il y avait des problèmes en dernier.

    & Oui, bon cela ne fait qu'une semaine que l'on est tous ensemble, les garçons sont rentrés de vacances, le second travaille avant la rentrée de la fac, ma fille a repris hier au lycée. Par contre, j'ai un problème c'est que mes migraines ont repris.

    - Vous avez vu avec le médecin traitant ?

    & Oui, je l'ai vue il y a deux jours., elle dit que ce sont des céphalées de tension, c'est surtout en fin de nuit et au réveil. je rêve beaucoup, de ma mère en ce moment, c'est toutes les nuits, je pense qu'il y a des choses qui ne sont pas réglées.

    - Est ce que ça veut dire que vous avez encore la tête pleine ?

    & De la relation avec ma mère, oui.

    - Et en vacances, vous rêviez de votre mère ?

    & Parfois, mais pas toutes les nuits.

    - Avant,quand vous aviez des périodes de migraine, vous rêviez beaucoup ?

    & Oui j'ai beaucoup rêvé et les migraines sont essentiellement la nuit ou au réveil.

    - Vous avez déjà pris des traitements de fond ?

    & Oui, j'ai déjà pris du L. et beaucoup d'autres choses, mais je n'ai plus envie de prendre des traitements de fond.

    - D'accord, c'est sans doute d'un autre ordre, et c'est quand vous n'avez plus le contrôle que votre inconscient travaille.

    & Ok, mais ces jours ci je repensais à un épisode de mon enfance, j'étais tombée lourdement sur la tête en sautant à la corde sur des marches, j'avais 8 ans. Ma mère était absente, j'étais allée chez un cousine âgée qui habitait à côté, elle avait fait appeler ma mère qui en arrivant m'avait giflée. J'avais déjà très mal et je pleurais...........ensuite, j'avais vomi, ma mère avait appelé le médecin qui avait dit de surveiller la conscience toute la nuit. Je ne sais pas si cela a un lien avec les migraines, mais j'y pensais.

    - Peut être bien, vous allez noter vos rêves et vous les apporterez.

    & En pensant à la relation avec ma mère, je pense à celle que j'ai avec mon père et qui est difficile.

    - Par exemple ?

    & Et bien, j'ai l'impression que quand je suis mal, il ne va pas bien. Par exemple lorsque nous étions en vacances, il m'a téléphoné et dit qu'il était sous prozac, j'étais contente qu'il communique un peu sur lui, cela m'a fait du bien.

    - Pourquoi ?

    & Parce que ce n'est jamais arrivé.

    - Et cela vous montre quoi ? qu'en comprenez vous ?

    & Eh bien, oui cela montre qu'il m'aime, mais.............

    - Mais il faut toujours que vous pensiez que si les autres ne sont pas bien, c'est parce que vous n'allez pas bien.

    & Non, c'est peut être une coincidence, mais quand j'allais mal au printemps, il était aussi sous prozac.

    - Et vous étiez contente ?

    & Non, je n'étais pas contente.

    - Ah bon, mais il est inquiet pour vous.

    & Il ne le montre pas vraiment, je parle de son indifférence à mon égard (je raconte l'histoire du jardin avant notre départ en vacances et l'envie de tout dire) mon angoisse ce jour là.

    - Et leur dire quoi ?

    & Et bien que je n'allais pas vraiment bien, et tout.

    - Quoi ?

    & Que j'étais dépressive et pourquoi.

    - Quoi ?

    & Raaaaaa, que c'était de la faute de mon frère.

    - Oui, vous pensez et c'est peut être vrai que ce fait là est la cause de votre dépression, mais vous faites toujours le lien comme si vous aviez besoin d'un peu de dépression. Vous voudriez qu'il sache que vous étiez en dépression, et je le dis bien au passé.

    & !!!

    - Vous comprenez, je sens que vous avez quand même de la rancune envers votre père quand vous dites qu'il n'avait qu'a s'inquiéter avant pour vous, comme si vous vouliez qu'il sache, d'ailleurs il sait peut être quelque chose, je ne sais pas, mais soit vous vous dites " je ne lui dirai rien, je le laisse tranquille" ou soit vous lui parlez et la relation entre vous sera meilleure.

    & Je ne me vois pas trop lui dire.

    - D'accord, mais quelle relation vous voudriez avoir avec votre père ?

    & Je ne sais pas, mais sans doute, le sentir plus proche et mieux communiquer avec lui.

    - Et vous voyez cela possible si vous ne lui dites pas ce que vous ressentez ?

    & Je ne sais pas, je me dis qu'avec son intervention, cela va peut être permettre quelque chose.

    - Et si vous parlez à votre belle mère, c'est peut être le moyen pour que votre père le sache, il le saurait ?

    & C'est pas sur, elle peut garder un secret, mais c'est parce que je lui en veux à elle que j'ai envie de tout dire, je n'ai pas envie de faire du mal à mon père.

    - Oui, mais vous avez déjà changé, quand vous leur avez dit, qu'ils n'étaient pas obligés de venir, vous n'aviez pas envie d'être bousculée ?

    & Oui, mais après je me suis effondrée, je voudrais pouvoir dire les choses sans cela.

    - Vous n'avez pas eu l'habitude de dire les choses qui fachent, qu'il y ait de l'émotion, c'est normal, l'essentiel c'est que ce soit dit et la relation peut changer. Il ne faut plus que vous ayez l'attitude d'une petite fille qui ne dit rien et ne se défend pas. Je pense qu'il faut que vous montriez à tout le monde et à votre père en particulier que vous êtes une femme heureuse, gaie avec votre mari et vos enfants, que vous ne donniez plus l'image d'une femme dépressive et votre père sera mieux.

    & Oui mais de toute façon il ne voit rien.

    - Vous croyez ?

    & Oui, je sais très bien cacher, jusqu'à ce que je parte en cure, il pensait que tout allait bien.

    - Pourtant vous dites qu'au printemps, il était sous prozac.

    & Oui peut être une coincidence.

    - Ok, bon on va s'arrêter là pour aujourd'hui.

    & Sinon je voulais vous demander un conseil pour ma fille qui fume depuis un an, elle a 15 ans,on le sait depuis quelques mois. Elle vient de rentrer au lycée, on ne veut pas lui augmenter son argent de poche, comme pour ses frères, elle se débrouillera quand même !!!

    - Le risque c'est qu'après ils fument autre chose. Est ce qu'elle mange beaucoup ?

      & Oui elle a du poids à perdre. Je l'emmène chez une nutritionniste

    - Parce que c'est du même ordre. Si elle veut arrêter, il y a des moyens il y a un service à l'hôpital, mais il faut la motivation.

    & Oui, je ne sais pas si elle veut arrêter.

    - Parlez en à sa nutritionniste, si cela passe bien.

     

      Séance riche et pleine d'émotions.

     

    J'ai vu la nutritionniste qui me dit qu'elle parle de tabac avec ma fille à chaque consultation, bon cela ne change rien à son comportement addictif aux aliments et au tabac.


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    La vie continue à la maison, nous commençons à préparer notre départ en vacances proche.

     

    Mais avant j'ai envie et besoin de ranger et nettoyer ma maison. Il y a aussi pas mal de travail à faire dans le jardin, mon mari n'ayant pas pu tout assumer pendant mon absence;

    Une journée pendant cet été là, mon père et ma belle mère viennent nous donner un coup de mains pour le jardin. Le matin, mon mari est au travail, ils arrivent tôt pour moi, j'étais à laver la moquette de notre chambre profitant de la location de l'appareil pour les autres pièces.

    Mes parents vont pendant ce temps faire le tour du jardin et ma belle mère revient de forte méchante humeur, comme souvent. Elle aimerait que je sois disponible pour leur montrer ce qu'il y a à faire au jardin et dit qu'ils n'y seront pas longtemps vu leur âge. Moi qui n'ai pas l'habitude de dire ce que je pense, je précise que s'ils ne voulaient pas venir, ils n'étaient pas obligés. Mais c'est en versant quelques larmes que je réussis à le dire, et  toute la matinée j'aurai bien du mal à les retenir, ma fragilité, ma sensibilité me jouent bien des tours. Mon père vient à son tour, je vais lui montrer ce qu'il y a à faire, il ne voit pas mes larmes, comme d'habitude, il ne voit rien me concernant, cela fait plus de 40 ans qu'il ne voit pas quand je vais mal.

    Je suis au jardin moi aussi à arracher les mauvaises herbes et je pleure, je prend un anxiolytique qui calme un peu, je me retiens de parler à mon père de ma dépression et de la cause ( l'inceste avec mon frère) mais non je réussis à tenir en le protégeant comme toujours.

    Un peu plus tard dans la journée ma belle mère, radoucie, me demandera si ma cure m'a fait du bien, ne comprend pas que je ne dormais pas avec des médicaments, je lui dis que c'est ça dans la dépression. Et là elle me dit, chez nous les gens vont à G. je précise que c'est une clinique psychiatrique et que moi ce n'était pas du tout cela.

    L'après midi, malgré leur présence, je me rends à un rendez vous, puis passe voir une amie avec qui je pleure encore sur ma matinée, elle me dit qu'elle préfère presque me voir comme cela que dans l'euphorie de la semaine précédente, je dis que j'ai bien envie de tout raconter à ma belle mère, mon amie pense qu'elle arrêterait peut être d'être mauvaise avec moi mais que ce serait un lourd secret pour elle. Bref je n'en fait rien, ils sont là quand je rentre et ne partiront qu'à 21H après 12H passées à la maison, j'ai vraiment eu du mal.

     

    Je continue dans les jours suivants de faire le gros nettoyage que j'ai entrepris, cirer les meubles et faire les 5 chambres à fond. Cela tient du délire, je n'ai donc pas compris que j'avais besoin de repos. J'ai des gros moments de blues ou je pleure de fatigue, mon mari a les mots qu'il faut pour me réconforter, il sait quoi dire maintenant depuis sa visite chez mon psy.

    Heureusement nous partons en vacances dès la semaine suivante et pour deux semaines en Espagne et dans le sud de la France avec notre fille de 15 ans et une de ses copines.

     

    Ce seront de bonnes vacances, malgré les inquiétudes que peuvent donner les sorties le soir à l'étranger de deux adolescentes, et leur méchante humeur lorsque nous leur donnons des limites.

    J'ai surtout respecté mon rythme, pris du bon temps à la plage ou en visites, j'ai adoré le musée Dali à Figuras. La côte catalane est très jolie aussi. La seconde semaine dans les Pyrénées Atlantiques complètera parfaitement ces vacances.

     

    En rentrant nous avons une grande joie, notre ainé a décroché son premier poste, à l'étranger, mais il est heureux, il revient d'un mois de vacances en Andalousie avec des copains et copines donc tout va bien pour lui.

    Notre second fils n'est pas rentré d'un périple en Europe du nord avec sa voiture et copains, copines lui aussi, avant d'entreprendre sa seconde année de fac de droit.

    Notre fille prépare, elle sa rentrée au lycée.

    Visite aux parents, mon mari à sa mère et en famille chez mon père qui me semble énervé, je ne sais pas pourquoi.

     

    Tout semble aller bien, je vais bien, mais …............je suis toujours fatiguée, j'ai des maux de tête en permanence, l'épuisement me guette et je n'ai pas encore repris mon travail pourtant. Peut être faut il tout simplement accepter cet état !!!

    Ce dimanche du début Septembre, j'assiste à une messe en pleine air devant notre grotte de Lourdes locale, un prêtre de la cathédrale assure l'homélie, il dit des choses qui me parlent:

    « Il faut sortir de notre marécage, enlever les lunettes noires qui nous empêchent de voir ce qui est beau »

    Je suis bien consciente que j'ai du travail à faire pour y arriver, cela me donne envie de rencontrer un prêtre en tout cas, pour lui parler de tout ce qui se passe en moi.

     

    A suivre

     



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    Cette fin de juillet 2000, en rentrant de cure, même si je me sens un peu perdue, j'ai vraiment récupéré des forces et un moral qui me permettent de voir la vie plus claire.

     

    Je revois mon psy pour faire le bilan:

    Il me dit qu'il a reçu mes écrits chaque semaine et que cela lui a permis de me suivre. Il trouve que cette cure lui parait positive. Il me demande ce que cela m'a apporté. je réponds que cela m'a permis de faire un break pour me remettre de toutes les émotions du printemps, permis de me reposer aussi car j'étais épuisée physiquement, qu'il me fallait du temps pour moi sans ma famille pour que ce soit possible.

    Et je raconte le déroulement avec mes déboires chez le médecin, il pose des questions, écoute, dit que je me suis retrouvée dans la problématique d'agression avec ce médecin et que j'ai très bien réagi. Il trouve très bien que je me sois fait des amies, que j'ai pu profiter des sorties organisées, que j'ai pu prendre soin de moi. Il est ravi qu'il y ait eu une évolution au cours des trois semaines et que j'en sois consciente.

    Il conseille sur "comment me faire aider des miens à la maison", je lui expose mes bonnes résolutions:

    - Ne pas accorder trop d'importance à des petites contrariétés.

    - Prendre de la distance par rapport aux soucis avec les enfants, car souvent cela s'arrange.

    - Essayer d'avoir du plaisir dans les taches quotidiennes.

    - Continuer deux de mes activités sur trois: yoga et cours d'anglais.

    - Garder du temps avec mon mari sans les enfants, on en a besoin.

    - Trouver un équilibre car quand je suis contente je suis tout de suite énervée, puis fatiguée.

     

    Il donne des conseils:

    & Vivre la vie à fond quand je suis bien, ce n'est pas quand les épreuves arrivent que l'on peut réussir à le faire.

    & Laisser de l'autonomie aux enfants, plutôt les pousser vers l'extérieur que les retenir.

    & Me faire aider des enfants, me faire respecter, comme avec le médecin de cure, mettre en place des règles, lacher pour des choses moins importantes.

    & Faire des activités qui me font plaisir.

    & Déléguer quand nous allons être 6 à la rentrée. Essayer de prendre une heure de repos dans la journée et faire relaxation et sophro.

    & Continuer d'écrire, pour me faire plaisir et pour qu'il voit mon évolution.

    & Et en conclusion, faire attention à deux choses, la fatigue qui conduit vite à l'épuisement et pour cela faire des pauses.

    Et l'énervement, qu'il va falloir gérer, essayer d'équilibrer. Pour cela on revoit le traitement, on adapte, surtout ne pas le diminuer pour le moment. Je suis en convalescence, il faut faire attention.

     

    Je lui dit que je suis contente que mon mari soit venu le voir, qu'il avait besoin d'être rassuré, il dit qu'ils ont fait le point.

    Puis il me dit que c'est la première fois qu'il me voit sourire en venant me chercher dans la salle d'attente.

     

    Cela m'a fait du bien cette consultation, ça confirme que je vais mieux, j'avais comme un besoin de le faire constater.

     


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  • La nuit suivante, je fais un rêve marquant, comme souvent cela se passe dans la maison de mes parents.

    Mon rêve: Je suis chez mes parents, dans la cave de mon père, une voiture passe avec comme conducteur, une femme qui est pratiquement allongée, c'est parce qu'elle a, allongée sur elle une femme qui est prête à accoucher, la voiture s'arrête, je cours en vitesse à la maison pour appeler un médecin avec le téléphone. Je n'en ai pas le temps, mon mari m'appelle, la femme a accouché, c'est une petite fille, quand je sors elle est déjà habillée, je veux attacher le cordon, mais c'est déjà fait. Nous transportons la mère et son bébé dans une chambre de la maison de mes parents.. Puis je vais chercher dans l'annuaire le numéro du médecin, et pendant ce temps, la femme met au monde un autre bébé mort.

    Je vais chercher des serviettes de toilette, car il y a du sang partout mais quand je reviens je crois que la femme est à expulser le placenta et non c'est un 3ème bébé, une autre fille que j'aide à venir au monde, elle ne crie pas tout de suite, mais elle est vivante, je la tapote et je l'habille.

    Après nous sortons toutes dans le jardin, je garde serré contre moi ce bébé que j'ai aidé à venir au monde, mais elle a des selles et je n'ai pas de couche, tout est compliqué. Je la fais tomber par terre et je suis choquée.

    La mère de mon mari et ses deux soeurs viennent et ne sont pas d'accord pour que je m'occupe de cette femme et de ses deux bébés.

    Pendant ce temps, je n'ai toujours pas réussi à appeler un médecin. Je cajole ce bébé et l'embrasse tout le temps........

     

    Ce rêve m'a paru très long, et m'a vraiment travaillée.

    Ce jour là, je fais une belle sortie en Suisse voisine organisée par l'établissement thermal, c'est bien agréable, je fais la connaissance de deux dames avec qui cela passe bien.

    Quand je rentre le soir, je suis "suivie" par un homme qui était à la sortie, j'ai du mal à m'en débarasser, je crois qu'il me draguait, c'est bien la toute première fois, mis à part l'homme de ma vie. C'est assez désagréable, mais cela flatte mon égo.

    Le lendemain je retourne voir l'infirmier pour savoir s'il a réglé mon histoire de psy, c'est fait. Le psy a dit que ce qui l'avait mis en colère, c'est que j'avais la migraine et que je n'étais pas allée le voir plus tôt, l'infirmier aurait répondu que j'avais le traitement nécessaire et que j'attendais pour voir s'il faisait effet. Le reste de la conversation ne me concernait pas, c'était des choses à régler avec les thermes. Bon je suis rassurée, l'infirmier rajoute que ma réaction a été très saine et qu'il ne faut plus que je m'inquiète.

    Premier rendez vous chez le nouveau psy, J.C. je dois attendre, il prend une personne qui a un car pour son retour avant moi, pas de souci. L'interrogatoire habituel: vie sociale, familiale, antécédents médicaux.

    Quelques explications dérangeantes sur l'inceste, il ne comprend pas tout de suite, mais après cela il comprend que ce soit difficile, Il repose quelques questions au sujet de l'évènement chez son collègue et sa réflexion c'est " mais il est complètement malade !!! ", je dis que c'est ce que j'avais pensé, mais je me suis sentie humiliée, agressée, bafouée, et c'est un miracle si je suis toujours là. Il me dit qu'il faut essayer de me laver de tout cela, ne plus y penser et passer une bonne cure pour les 2 semaines à peine qu'il restent.

    Il conseille de ne pas rester trop seule, de sortir, il ajuste mon traitement surtout pour le sommeil.

    Ma cure continue, cela se passe assez bien entre les soins et quelques sorties proposées. Je me sens cependant très fragile, par exemple un samedi matin la navette qui  me conduit aux thermes habituellement ne passe pas, je me renseigne, personne ne sait rien, je fonds en larmes réalisant que je vais être en retard pour les soins. Le propriétaire allait dans le centre et propose de m'emmener. Sinon j'apprécie ce calme à vivre seule, sans horaires de repas, de repos, sans télé, mais je m'en passe facilement, je lis et j'écris beaucoup. Ce second dimanche je retourne à l'église pour la messe, je me sens heureuse et je pense toujours que c'est grâce à ma mère que j'ai retrouvé le Seigneur.

    Le soir après une belle sortie, je me culpabilise car j'ai eu des nouvelles de la maison, mon mari peine sous la charge de travail, il vit mal aussi sa solitude de couple.

    Pendant cette cure, mon mari a vu mon psy de chez moi, il a pris un rendez vous fixé pour moi à l'avance. Cette rencontre pour essayer de comprendre et de m'aider au mieux. Il me relate en partie l'entretien.

    Mon cher psy lui dit que cela va dans le bon sens puis demande comment mon mari vit mon absence avec les enfants.

    Mon mari dit que ce n'est pas toujours facile, surtout les horaires de repas avec les enfants, le psy le conseille mais comprend que ce doit être dur. Il le questionne sur notre relation, mon mari dit que cela se passe bien. Puis il demande comment se passe ma cure, mon mari raconte un peu. Puis il essaie de parler au psy de la cause originaire de mon mal être. le psy dit que le plus dur est passé. Mon mari souligne que c'est difficile la relation avec mon père qui semble fuir. Le psy lui répond que c'est difficile de changer ça maintenant.

    Mon mari dit au psy que si cela se trouve mon père a des doutes, qu'au dernier repas de famille, il nous avait emmené sur les lieux du "crime" en disant tu te souviens, ton frère faisait des cabanes dans les arbres et il y emmenait les filles, cela été très dur pour ma femme, un vrai choc pour elle et elle a eu d'autres souvenirs.

    Mon mari pointe aussi que j'ai commencé à aller mal à la mort de ma mère, que c'est là que j'ai plongé, puis il ajoute que ma mère ne l'a jamais accepté, qu'elle lui en voulait de lui prendre sa fille, c'est ce qu'il a ressenti, ma mère avait une emprise sur moi et m'accaparait.

    Au début de notre mariage, mon mari sentait qu'il  n'avait pas sa place, nous allions chez mes parents tous les week end. Il dit aussi au psy que ma mère avait des problèmes de santé dus à son obésité, qu'elle ne s'aimait pas et que cela a du déteindre sur moi.

    Le psy répond que sans doute, il y a le mimétisme maternel, en plus de l'inceste avec son frère, ce n'est pas facile. C'est quand tout est remonté dans sa mémoire que cela était très dur, maintenant il faut qu'elle apprenne à vivre avec, mais ça va s'arranger, vous allez partir en vacances, cela va lui faire beaucoup de bien.

    Mon mari dit qu'avant il aimait bien que l'on se retrouve en famille, il aimait bien rire, s'amuser mais que maintenant il n'avait plus envie, que l'on a pourtant passé des bons moments.

    Puis il parle de mes gros coups de blues, le psy dit que c'est normal, il questionne ensuite sur notre vie de couple. Mon mari dit que ça va à peu près, que nous sommes très proches, que nous ne nous cachons rien.

    Le psy demande aussi si je ris parfois, mon mari dit oui, avec ses copines et parfois en famille aussi. Le psy précise que j'ai trop de rigueur, qu'il faudrait que je lâche plus.

    Bref, mon mari est content de cet échange et moi aussi, je pense que cela lui a fait du bien de se décharger un peu, alors qu'il n'était pas trop partant.

    C'est la dernière semaine de cure la meilleure lorsque l'on est habitué aux lieux, que l'on a fait connaissance avec des gens et que l'on est heureux de rentrer chez soi. Je revois le psychiatre, il me demande si j'ai oublié l'incident avec son confrère, oui. Si je suis contente de rentrer, oui. Qui me manque le plus, je dis mon mari et il trouve qu'après 27 ans de mariage, c'est super.

    Je me préparais à faire un voyage calme dans le sens retour, mais une dame que j'apercevais aux thermes fait exactement le même voyage que moi, elle me tient le crachoir pendant ces 8H de car+train, à mon grand désespoir enfin je lui ai partagé mon pique nique puis j'ai pris un livre pour être un peu en silence, pas facile. Même en ne demandant rien j'ai connu toute sa vie.

    Les retrouvailles avec mon mari sont joyeuses, ma fille qui m'attendait à la maison est heureuse et nous échangeons longtemps malgré l'heure tardive.

     


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    Le lendemain de cette journée épuisante, c'est très dur, je suis réveillée depuis 4H quand je pars aux thermes. Je suis reçue par la responsable dans son bureau, je redis un peu le contenu de la consultation chez le psy, elle est à l'écoute, me dit qu'elle n'aurait pas supporté et aurait pris la porte. Elle va demander à l'infirmier d'appeler le psy pour annuler mes rendez vous et me cherche un autre psychiatre.

    Aussitôt après elle m'indique chez qui je dois aller et je vais faire la douche avec ce nouveau psy tout de suite, c'est J.C.

    Il me dit: alors c'est vous qui vous êtes fait jeter par mon confrère ? il ne faut pas vous inquiéter, passez à mon cabinet pour prendre rendez vous avec ma secrétaire. Je me sens rassurée, je repasse voir la responsable pour qu'elle me donne un nouveau planning de soins, elle me redit que je pourrais porter plainte, à quoi bon, je suis assez secouée comme cela !

     

    Le lendemain dimanche, je vais à la messe et je me surprends à ne pas vouloir prier pour mon frère, c'est nouveau, je repense à l'histoire du cimétière et je me culpabilise d'avoir donné des coups de pieds dans sa tombe. Ce n'est pas clair pour moi cet acte, cela ne va pas avec ma pensée profonde.

    Mais je me réconcilie avec la religion, j'avais pris beaucoup de distance depuis quelques mois, j'étais trop dans la profondeur de l'abime à essayer de me sortir de mon problème. Je mets un cierge à brûler en remerciant ma mère de m'aider pendant cette cure.

     

    Le soir j'ai un appel de la mère de mon mari, cela part d'une bonne intention, mais quand je parle de ma fatigue, elle me dit: accrochez vous, il y en a bien d'autres qui ont eu des problèmes! le genre de réflexion difficile à entendre quand on fait tout pour s'en sortir, et que l'on est dans une période de grande fragilité.

    Heureusement, d'autres appels réconfortants ce jour là, mon mari, des amies, je me sens mieux et je me dis que cette séance douloureuse chez le psy m'a fait l'effet d'un électrochoc.

     

    Les soins continuent les jours suivants et j'apprécie leur bienfait. je revois l'infirmier qui doit régler ce qui est administratif avec le psychiatre. Il me demande de lui raconter ce qui s'est passé, il n'est pas étonné, il trouve que j'ai très bien réagi en appelant la responsable, en changeant de psy, en étant réactive avec le psy au lieu de rester à pleurer repliée sur moi même, il me trouve forte et dit ce n'est pas comme avec un commerçant, là il y a la puissance psy, on se sent dominé. Je lui dis que j'étais tout de même très mal en rentrant ensuite, il sait, la responsable lui a dit. Il me rassure, va appeler le psy pour régler cela, j'ai confiance en lui et cet échange me fait beaucoup de bien.

     

    Mon père m'appelle ce jour là, Il ne me demande même pas comment je vais, il me parle de mon mari, des enfants de ce qui se passe vers chez lui. Juste à la fin il me demande si je suis bien logée, j'ai envie de lui répondre; non papa mais je ne suis pas en vacances non plus !!! impossible de communiquer avec lui comme de tout temps.

     

    Mon mari qui m'appelle plus tard et à qui j'en parle me dit : tu sais bien qu'il est bloqué pour parler de tout ce qui touche. Oui je sais mais juste demander comment je vais, serait le minimum. Ma fille me parle longuement aussi.

    J'ai souvent du mal après les appels téléphoniques des miens, je m'énerve en parlant et j'ai mal à la tête ensuite. J'ai du mal à les lâcher alors je ne me contrôle pas tellement, je suis contente de leur parler.

     

     

    A suivre

     


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