• Séance du 4 Février 2002

    Je lui dis que je vais un peu mieux et il reprend que je dis toujours ça et après vient un mais..........

    J'ajoute que je ne dis pas souvent que ça va mieux, il réplique que si mais...........il y a toujours un mais. Je lui fais donc part de moments ou je me sens mieux oui, mais une tristesse profonde refait surface en même temps. J'ai également souvent des angoisses pour beaucoup de choses; le travail que je n'ai pas repris depuis le décès de mon père, les soucis de santé, mes relations avec mes amies. A ce propos le psy dit que c'est gâcher l'amitié que de toujours se plaindre, dire ses souffrances, parler de la maladie et de la mort. Il ajoute que c'est comme si il fallait les malaises, la maladie pour pouvoir intéresser les autres. C'est comme les enfants pour qu'ils soient aimés de leurs parents ils pensent qu'il faut qu'ils soient malades ou parfaits ou qu'ils fassent des conneries, il dit que je fonctionne pareil. Il pense qu'il me faut des angoisses pour communiquer avec les autres et m'assurer de leur amour. Je ne suis pas d'accord et je lui explique que quand je suis angoissée lors d'une rencontre si je ne le dis pas tout de suite, je ne suis pas bien de la soirée et même le lendemain. Le psy affirme que c'est ça, j'ai besoin qu'on m'écoute et que l'on me dise qu'on m'aime et il a ajoute qu'il a compris, il se demandait pourquoi je ne pouvais pas sortir de la souffrance mais c'est parce que j'ai besoin d'être maternée. Là je suis d'accord et avec le recul je sais maintenant, après avoir fait le travail sur ma mère beaucoup plus tard au moins 3 ans après en thérapie analytique, que je dois ce besoin aux défaillances de ma mère. Le psy ajoute que ce n'est pas le rôle de l'amitié qui n'est pas faite pour cela et ça ne peut pas durer, l'amitié c'est fait pour faire la fête ensemble. Je dis que je partage aussi beaucoup avec mon mari, le psy ajoute qu'il faudrait que je trouve en moi la force de surmonter tout ça. Et puis il dit qu'il y a des endroits pour ça; le psy, le prêtre et qu'il y a eu beaucoup de choses de dites et que je n'hésite pas à téléphoner ou à venir. Il m'invite aussi à écrire mes ressentis surtout lorsqu'ils sont douloureux. Il sait que j'écris toujours beaucoup et m'invite à lui apporter mes écrits.

    Il me met en garde disant que les gens qui ont vécu un traumatisme sexuel ou un inceste ont tendance à se maintenir dans une catégorie de gens en souffrance en se disant oui les autres comprennent pourquoi je ne vais pas bien. Il faut faire attention car cela attire la pitié et on s'enferme là-dedans. Je lui dis que ce n'est pas mon cas, que je veux changer.

    Il dit que le maternage serait plutôt du paternage et pourra se faire avec mon mari.

    On change de sujet et je raconte que la succession de mon père est en route, la maison va se vendre et ça m'arrache le cœur, c'est la fin d'une vie d'une famille. Le psy comprend et dit que cette fois c'est un deuil matériel à faire mais bon les souvenirs d'enfance.........J'ajoute que ce n'est pourtant pas de bons souvenirs mais je suis la dernière personne de cette famille et tout repose sur moi, j'ai tout à régler. Et en ce moment je me sens hypersensible par rapport à ce que tout le monde peut dire.

    Quand je parle des cauchemars que je fais encore et qui tournent autour de la mort de mon père en particulier dans le cimetière. Le psy répond que c'est comme si j'avais encore besoin d'entretenir la souffrance. Je lui demande comment sortir de ça et il me dit en aimant la vie et ce qui est positif. J'évoque ma bouche qui est toujours enflammée, il redit que c'est pour avoir quelque chose à dire aux autres pour me faire aimer. Je lui réponds que cela ne me parle pas vraiment.

    Nous évoquons ensuite mon voyage au Brésil, je suis à 4 jours du départ. Et je reprends un rendez-vous pour dans 2 mois.

    Cette séance a été intense en émotions, le psy ne me ménage pas mais après avoir digéré tout cela je me rends compte que j'ai bien avancé.

    Quelques heures plus tard j'avais rendez-vous à l'association JALMALV (jusqu'à la mort accompagner la vie) association qui m'a énormément aidée à communiquer avec mon père pendant ses dernières semaines. En fait ce jour là je devais participer à mon tout premier groupe de parole. Il y avait là deux bénévoles que j'avais rencontrées en entretien auparavant et 9 personnes endeuillées. Beaucoup de femmes qui avaient perdu leur mari, deux jeunes femmes ayant perdu leur mère, une femme ayant perdu son fils de 19 ans et une jeune ayant perdu un bébé de 8 mois. Je me sentais quand même en décalage. Chaque personne se livre il y a beaucoup de larmes, je parle la dernière racontant la fin de vie de mon père dans les larmes également. Certaines reprennent la parole il est question de cancer et cela me renvoie à beaucoup de souffrances. Deux personnes parlent de la communication avec l'au-delà avec leurs mots et je suis très mal à l'aise et ne supporte pas. Quand c'est terminé je vais parler aux bénévoles et leur dis que je ne continuerai pas. Ils me demandent des explications et j'explique que je sors d'une longue dépression et que je pense que d'entendre la souffrance des autres va me faire replonger. Ils comprennent et me disent de les tenir au courant.

    Je suis sonnée mais contente de ma journée, j'échange avec mon mari le soir sur tout cela et c'est très intéressant.


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  • C'est avec effervescence que je prépare ce voyage, en effet nous remplissons tous les bagages auxquels nous avons droit donc cinq grosses valises. Nous emportons vêtements, jouets et fournitures scolaires pour les enfants du village ou nous résiderons. L'école de ma commune dirigée par un cousin a également mis les enfants à contribution et je récupère une somme d'argent qui permettra d'acheter des tables pour la classe ainsi que des crayons et des livres de géographie.

    Nous avons aussi nos vaccins (fièvre jaune etc) à faire avant le départ.

    J'ai beaucoup de choses à faire et malgré cela les angoisses prennent beaucoup de place, malgré les séances de sophro quotidiennes également. Une soirée entre copines, je fais des efforts pour ne pas parler de moi mais à l'intérieur je suis triste en pensant à mon père. A la prochaine séance de sophro je parle de cette soirée, la sophrologue me dit que c'est toujours la petite fille qui revient à ce moment là, la petite qui ne peut pas dire sa souffrance et c'est l'écoute de ma mère qui me manque mais cela vient de mon histoire d'inceste. Ma relation avec les autres s'en trouve affectée. Ce serait bien de laisser du temps pour les émotions et de laisser parler la petite fille en moi à ce moment là et bientôt l'adulte que je suis pourra la consoler et elles se rejoindront. Pour le moment je suis dans une sorte de dépendance par rapport aux autres. Elle parle beaucoup de ma mère qui n'a pas tenu son rôle, elle aurait du me mettre en garde, me protéger, m'écouter. Mais maintenant c'est à moi adulte de m'occuper de la petite fille qui a tellement souffert. En séance de sophro elle me fait travailler beaucoup sur le positif, et je dois le faire tous les jours.

    Je repasse aussi chez le prêtre que j'ai déjà vu plusieurs fois, il est d'un réel soutien, m'apporte des réponses. Malheureusement il  est en traitement pour un cancer du foie qui l'emportera quelques mois plus tard.

    Les cauchemars continuent, c'est toujours des morts qui bougent dans le cimetière, pff........ le moral en prend un coup, je déprime et vraiment je pense que l'arrêt des antidépresseurs n'était pas très judicieux. Le mal de tête est quotidien aussi, les brûlures au niveau de l'intérieur de la bouche reprennent, elles dureront des années.

     

     


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  • Le 21 janvier 2002

    Aujourd'hui je vais chez la sophrologue pour une séance. Je commence par lui faire part de toute ma tristesse et de mes angoisses qui y sont liées surement en raison de diminution de mon lourd traitement. Elle conseille de faire sortir mes émotions, de crier, de pleurer au lieu de tout garder en moi. Et pour cela elle me propose une séance allongée sur un matelas au sol.

    Après des respirations profondes, elle conseille de laisser sortir les larmes tout en disant ce qui me passe par la tête. C'est compliqué pour moi mais j'évoque les derniers jours de mon père et de ma frustration due à mon absence. je n'ai pas pu le prendre dans mes bras ni lui parler à nouveau de la mort alors qu'il n'en parlait qu'avec moi. Pendant ce temps les larmes et les sanglots sont présents, j'ai froid et je tremble. Elle me rassure en disant que nous ne choisissons pas l'heure de la mort et que cela ne pouvait que se passer comme ça. Et quand j'évoque les seuls moments de tendresse que j'ai eu avec mon père pendant son dernier mois elle dit que c'était un cadeau, un trésor. Je le sais et me dis parfois que c'était sans doute mieux ainsi que cela aurait été trop dur. Et quand je veux me souvenir du positif c'est le sourire de mon père qui vient à mon esprit, ce sourire qu'il avait quand je refermais la porte de sa chambre pour partir en cure. Nous avons évoqué la religion quand elle a dit pour certains la mort est une fin, pour d'autres c'est un passage, je lui ai dit que j'étais croyante et elle a ajouté qu'à ce moment là je pouvais me représenter mes parents heureux et que je pouvais leur dire ce que je n'avais pas pu dire de leur vivant. Sur le moment je ne peux là devant elle le dire, Mais je rappelle que je lui avais dit dans le dernier mois que j'aurais beaucoup de peine quand il partirait mais qu'après je pourrai être heureuse avec mon mari et mes enfants. La sophrologue dit; vous vous rendez compte du cadeau que vous lui avez fait? il a su avant de partir que sa fille pourrait être heureuse grâce à tous les échanges que vous avez eu avec lui.

    Après avoir été migraineuse pendant plusieurs dizaines d'années, je pointe qu'il y a un an que je n'ai plus de migraines, après avoir parlé à mon père et avoir vu un prêtre. Elle dit que c'est de dire les choses qui permet d'aller mieux et c'est bien de le savoir pour éviter les blocages intérieurs.

    En conclusion elle me dit qu'elle sent que je vais vers le positif, je réponds que parfois je me sens forte et ce depuis que j'ai fait ce long travail sur l'inceste et depuis les échanges avec mon père. Mais il suffit d'une migraine et d'une angoisse et tout s'écroule.

    Elle conseille de faire des séances de sophro pour repousser le négatif. Je repars de cette séance vidée et sonnée mais plus détendue.


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  • L'année a été ponctuée par les  séances de thérapie chez ce psychiatre chrétien comportementaliste, il est décédé voici un an à 66 ans et je suis encore beaucoup touchée.

    Le 15 Janvier 2002:

    Je raconte les fêtes très tristes après la mort de mon père, qu'il me manque. Le psy pointe que ce qui me manque ce n'est pas toute ma vie avec mon père ou il ne s'est rien passé mais ce sont les dernières semaines qui me manquent. Il dit que c'est une frustration mais que si cela avait duré plus longtemps cela aurait été différent, l'échange a été intense parce que le temps était compté. Je suis d'accord et ces échanges intenses ont duré seulement deux semaines. Mais ses deux dernières semaines de vie ou j'étais absente me manquent cruellement. Le psy me demande ce que je veux garder du souvenir de mon père parce qu'il y a eu une ambiguïté entre le dernier mois et ma vie avec lui qui était très distant. Oui je dis que je garde un souvenir apaisé du dernier mois mais je me rends compte que ma belle-mère avait une influence très négative sur lui par rapport à notre famille. D'ailleurs je disais à mon fils, qui pensait que mon père allait encore plus me manquer le 1er Janvier parce qu'on allait lui rendre visite, que non pas du tout c'était une corvée de plus à cause de ma belle mère. Le psy me demande et les Noël avec mon père, je dis que non Noël c'était dans ma belle famille on voyait mon père plusieurs jours après. Le psy me demande alors de quels Noëls j'avais la nostalgie cette année. Je réponds de l'année précédente, il me rappelle que je le vois depuis Décembre 1999 et que ce n'était pas super mais pas mieux en 2000 et 2001. Je pointe qu'en 2000, voilà un an cela allait je venais de parler à mon père de l'inceste, je venais de voir le prêtre dont il m'avait donné les coordonnées. Le psy dit que cela ne fait quand même pas longtemps que mon père est décédé. Je parle de mes cauchemars de cimetière, des mes heures d'insomnie ou je revois les moments les plus douloureux de la maladie de mon père, sa dégradation.......... Le psy dit que je devrais sourire des derniers moments passés avec mon père car il s'est révélé à moi, oui c'est vrai.

    Le psy dit il faut laisser les morts ou ils sont, et se résigner à ne plus pleurer dans les bras de mon père. Je dis que c'est plutôt les bras de ma mère qui me manquent pour pleurer. Il dit, ce n'est plus possible, eux ils doivent être heureux là-haut et vous pourrez le faire quand vous y serez aussi. On parle traitement il veut que je sorte de cette dépendance justement j'ai arrêté les antidépresseurs et fortement diminué les doses d'anxiolytiques. Il me demande par quoi je vais remplacer la tristesse, la mort, la maladie. Je lui parle de notre voyage prévu au brésil le mois suivant, il trouve cela très bien j'ajoute que nous partons tous les cinq chez un ami de mon père prêtre dans un petit village.

    On évoque un peu la religion et je dis que pendant les messes je suis très triste, que je me retiens de pleurer, je trouve que la religion est triste. Le psy dit que c'était autrefois une religion de culpabilité punie par la mort alors que ce qui nous attend lui et moi c'est un monde meilleur. 

    Je dis que je vais quand même mieux et il demande si ce n'est pas depuis que les fêtes sont passées, oui c'est certain.

    Il conclut en conseillant de partir en famille et de laissez mes parents là ou ils sont, et de reprendre une vie sociale tout en gardant une certaine douceur envers moi.

    Je repars de ces séances épuisée et il me faut au moins 24H pour les digérer souvent jusqu'à ce que j'écrive la séance.


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  • Ce début d'année est encore douloureux il n'y a pas longtemps que mon père est décédé et je suis en plein dans la douleur du deuil. Je vais de temps en temps chez ma belle mère pour différents papiers ou rangements mais de voir tout ce qui appartenait à mon père m'affecte énormément. Chez moi j'essaie de sortir jardiner ce qui est un excellent dérivatif. Dans ma belle famille c'est compliqué, j'ai l'impression que tout le monde voudrait que je sois en pleine forme psychologiquement parce que quand même cela fait 3 mois que mon père est décédé.

    Ma fille a 17 ans en pleine crise d'adolescence elle s'oppose à moi et elle n'est pas tendre. Comme je suis en arrêt d'antidépresseurs je ressens tout avec une sensibilité exacerbée. Une nouvelle relation amicale se crée avec Thérèse que je retrouve toutes les semaines aux cours d'Anglais à Saint-Sébastien, elle était infirmière en psychiatrie mais est en invalidité depuis longtemps. Elle a cependant une très bonne écoute et ses appels téléphoniques sont d'un grand réconfort. Elle connait mon psy et m'encourage à lui dire tous mes ressentis.

    J'ai toujours mes séances de sophrologie et la sophrologue me conseille de lâcher prise, ce que je ne sais pas faire en fait. Elle ajoute que ce n'est pas de la dépression la tristesse et les larmes après la mort de mon père. Par contre les heures de réveils dès 4h du matin c'est plus embêtant et elle conseille de faire un peu de sophro à ce moment là. Elle enregistre les séances sur une cassette ce qui facilite la pratique. La sophrologue dit aussi que j'ai du potentiel et le désir de faire un travail corporel. En tout cas je sors de ces séances rassénérée.

    Très vite un projet qui va se réaliser me permet de penser à autre chose, j'avais proposé à mes enfants que pour mes 50 ans nous partions tous les cinq en vacances au Brésil dans un tout petit village chez un prêtre ami de mon père, venu faire des remplacements d'été dans mon village de naissance  et rencontré aux pays bas par Sébastien l'année passée. C'est d'ailleurs lui qui avait célébré la sépulture de ma mère en Juillet 1985. Bien sur ils ont accepté c'est pour les vacances de Février pendant deux semaines. Alors j'ai beaucoup de choses à prévoir surtout que nous emportons tout ce que nous pouvons en denrées alimentaires et vêtements, fournitures scolaires pour les habitants les plus pauvres de ce petit village.

    Ma meilleure amie a repris contact et elle s'est rendue compte que aussitôt après les fêtes j'étais très distante au téléphone et cela lui est resté en travers de la gorge, je dis que j'allais très mal et que je me faisais des idées et me sentait abandonnée inintéressante. Elle propose une date pour se voir avec une autre amie je réponds oh oui car je me sens isolée et elle répond tu t'isoles toute seule. Je redis que j'allais très mal.

    Au bout de cinq semaines d'arrêt des antidépresseurs je me sens un peu mieux et je reprends mes activités, yoga et cours d'anglais je dois m'accrocher mais cela fait du bien. Parallèlement je continue aussi les séances de sophro et mon psy bien sur mais comme c'est une thérapie comportementale et cognitive les rendez-vous sont espacés de 3 ou 4 semaines.

     


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