• Quelques jours après cette grosse séance, mon corps se plaint: douleurs de dos, céphalées surtout la nuit. Malaises, vertiges aussi, mais je me suis lancée dans des travaux de ponçage de murs, je pense que je demande trop à mon corps.

    Nouvelle séance chez le psy qui me demande ce que j'ai fait pour moi,je raconte mon week end, et le retour beaucoup plus difficile.

    Samedi vous étiez stressée, énervée, tendue, bloquée et cela vous étonne d'être fatiguée maintenant?

     Pas vraiment, mais je pensais me sentir plus libérée.

    Qu'avez vous fait depuis samedi pour vous récompenser ? Pour vous faire du bien ? Pour panser cette plaie ?

    Depuis le week end, rien, pendant le week end oui, c'était mieux, mais de retrouver la maison, les enfants.........

    La maison, qu'est ce qu'elle a cette maison ?

    Rien, mais il y a toujours du travail à faire, du nettoyage.

    Et ça vous coûte ?

    Oui, parce que je suis fatiguée.

    Je comprends, ce n'est pas marrant d'être toujours à récurer. Mais qu'est ce que vous pourriez faire pour mettre de la douceur ?

    Je ne sais pas

    Ce n'est pas une réponse, vous ne pensez pas que vous pourriez vous reposer ?

    Oui, mardi j'aurais pu, mais j'avais la tête pleine et j'ai commencé des travaux.

    Quels travaux?

    Poncer, pour peindre après.

    Quelle pièce ?

    La chaufferie.

    Ok, et vous croyez pas que vous auriez pu vous promener plutôt ? Aller cueillir des pâquerettes ? pourquoi vous avez fait ça ?

    Parce que j'étais fatiguée et comme je ne le supportais pas, c'était une justification à ma fatigue.

    Je trouve que vous êtes dure envers vous même et par rapport à la semaine dernière quelle différence il y a ?

    La semaine dernière j'étais fatiguée et stressée, cette semaine je suis vidée, épuisée.

    Diriez vous que la semaine dernière vous étiez pleine de votre problème ?

    Oui

    Et par quoi vous pourriez remplacer ce vide ?

    Je sais pas

    Madame Paquerette ?

    Non, je sais pas.

    Il faudrait le remplacer par de la douceur, vous devriez prendre des bains et vous faire masser par votre mari.

    Oui mais j'ai réussi à me détendre le week end dernier mais dans la maison, c'est impossible. J'ai senti en rentrant lundi qu'il aurait fallu quelques jours de plus.

    Et vous ne pouviez pas ?

    Non mon mari est en vacances, mais moi c'est la semaine prochaine.

    Et vous ne pouvez pas partir ?

    Non, mon mari ne me laissera jamais partir seule.

    Mais quel âge vous avez ? Il a des raisons vous pensez d'être inquiet ?

    !!! Non plus maintenant.

    Ok, s'il est inquiet, c'est qu'il vous aime, qu'il est proche.

    Trop.

    Oui, mais si vous lui montrez que vous n'êtes pas bien, ce n'est pas étonnant. Bon vous pourriez peut être partir avec une amie ?

    Non

    En famille ?

    Oh non, encore moins.

    Bien sur, on jaserait. A ce moment là, faites un breack d'une semaine ou deux en clinique.

    !!!

    Vous ne pourriez pas vous offrir une thalasso, ou une cure ?

    Non, on n'a pas d'argent.

    Les cures sont remboursées ?

    Pas l'hébergement.

    Cela représente combien ?

    3000 ou 4000 fr, j'en ai fait pendant 3 ans.

    Pas avec l'étape que vous avez franchie samedi.

    Non mais financièrement c'est le même problème.

    Bon eh bien il y a le séjour en clinique, il y a N.... et G......., ce sont les plus près, cela vous permettrait de passer le cap.

    Je pleure à chaudes larmes en pensant, non je ne veux pas retourner en clinique psy.

    -  Mais vous pleurez toujours ?

    Je suis tellement fatiguée, hier j'ai fait un malaise, ce matin c'était bien juste.

    Vous prenez quoi comme traitement ? Il faudrait peut être l'ajuster, prendre 2 antidépresseurs et arrêter l'autre du soir. Bon revoyez votre médecin ce soir pour le traitement, et qu'elle m'appelle, je lui dicterai la conduite à tenir pour l'hospitalisation.

    Mais mon mari va en être malade.

    Je suis prêt à rencontrer votre mari pour lui parler de tout cela, mais la semaine prochaine. En tout cas, je me permets de vous dire que vous pouvez être déçue de vous après tout ce que vous avez fait. Et vous avez avancé depuis que vous venez ici, grâce à vous. Il y a une chose que je ne comprends pas, vous n'étiez pas bien avec votre problème, vous l'avez évacué et vous n'êtes pas bien encore, comme si vous aviez besoin de votre problème pour vivre, c'est étrange!Non, ce n'est pas ça, mais je crois que j'attendais trop tout de suite et je suis épuisée.

    Il faut le temps de se remettre.

    Mais en clinique, je ne voudrais pas rester plus d'une semaine.

    Ca, c'est eux qui décident. Allez, on arrête là, essayez de récupérer et voyez votre médecin, elle peut m'appeler jusqu'à 19H30.

    Je pars sans dire au revoir, je suis en larmes. Je rejoins mon mari dans la voiture et raconte tout. Il n'est pas ravi du tout. J'essaie d'appeler mon médecin, elle est en congé ce jour là. Je rappelle mon psy, la secrétaire me dit de rappeler 15 minutes plus tard. Pendant ce temps d'attente sur le parking, mon mari me dissuade d'aller en clinique, il a surement raison, vu l'état dans lequel je suis sortie la fois précédente. J'essaie d'appeler une amie, c'est le répondeur, sos-inceste, le répondeur également.

    Je rappelle le psy, la secrétaire me fait attendre pour rien, je laisse un message pour mon psy lui disant que ma généraliste est en congé, que je ne suis plus d'accord pour rentrer en clinique et je laisse mon No de portable au cas ou il désire me rappeler. Il ne me rappellera pas, à mon grand désarroi.

    J'ai un appel de mon amie à qui j'avais laissé un message désespéré. Elle s'est inquiétée, je lui raconte tout, elle me remonte le moral et me dit qu'avec une autre amie qui a une maison sur la côte, elles vont trouver une solution pour la semaine prochaine. Je suis en larmes et dans un état d'énervement intense.

    Nous rentrons à la maison, je n'ai même pas faim et j'angoisse, mon psy ne m'a pas rappelée, et je dois attendre le mardi, car c'est le week end de Pâques, nous sommes jeudi.

    Je suis dans un état déplorable, je n'arrête pas de pleurer, mon mari pleure aussi, nous discutons.

    Je réussis là avec mon mari à me mettre en colère, je dis: c'est de la faute à mon P..... de frère, si je suis comme cela, et je pleure en hurlant. Mon mari est très compatissant, il m'encourage à sortir la colère. Je lui confie que j'ai peur de décevoir tout le monde, il me rassure. Je lui dis que parfois j'ai l'impression que peut être c'est rien ce que j'ai vécu et que c'est moi qui fait des histoires. Mon mari n'est pas d'accord, il me dit: non, c'est très grave et c'est normal que tu sois comme cela, mais il faut voir les bonnes choses, les enfants et le beau temps qui nous reste.

    Je suis d'accord mais il faut que je me remette de tout cela.

    Le soir quand je me couche je dois prendre des antalgiques pour le mal de tête, des anxiolytiques et pourtant je mettrai plus de deux heures à me calmer.


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  •  


    Après cette séance de libération très douloureuse, je me relâche, dans le sens ou j'accepte de recevoir un peu de douceur, de la part de mon mari surtout, et puis je deviens indulgente par rapport à moi-même.

    Nous repassons à la maison chercher la caravane, afin de partir pour le reste du week end. Je croise mes enfants, ma fille est avec une copine, mon second fils revient d'un RV, je ne lui dis rien mais à la suite il me dira qu'il avait vu l'état dans lequel j'étais.

    Nous sommes arrivés tard pour déjeuner au camping, le temps est splendide, il pleuvait des cordes ce matin et un rayon de soleil est arrivé quand je sortais le plus difficile en séance, un clin d'œil? J'y crois en tout cas.

    Après le repas, je décide de faire une sieste bien méritée, je dors deux heures, c'est fou le besoin de récupérer que j'avais. Mais ensuite, je ressens une grande tristesse. Nous partons faire une marche bénéfique sur la plage.

    Je suis épuisée le soir de cette journée de libération, et la nuit suivante est très tourmentée, au réveil je suis envahie par une grande tristesse. J'écris la séance de la veille, pour la mettre à distance, m'en libérer, mais …..........seul le temps jouera en ma faveur.


    J'ai la mission, ordonnée par mon psy de me faire un cadeau, dans ce village de bord de mer, les boutiques ne manquent pas, je suis un peu à cours d'idées, j'hésite entre un poisson qui ouvre la bouche, comme pour mieux respirer et pour sortir par la bouche des choses difficiles, et puis c'est synonyme de liberté un poisson !!! ensuite j'aperçois le rayon poupées de porcelaine, elles ont un air triste, cela ne me convient pas, puis j'en aperçois une qui semble coquine, avec un sourire, des tresses, elle penche la tête, elle est musicale et animée. Je l'achète, je trouve qu'elle ressemble à ce que je veux être maintenant, insouciante et à l'aise. Je la trouve un peu cher, mais le changement amorcé hier ne vaut il pas cela ? Déjeuner au restaurant puis visite d'un parc floral, je profite.

    En rentrant au camping, ma tête se remplit de la séance de la veille, mais je peux partager avec mon mari, c'est très important pour moi et vraiment nous avons bien fait de partir de la maison ou sont restés nos deux plus jeunes enfant ados. Mon mari prend en charge la cuisine et autre........


    Le lendemain je rentre à la maison très fatiguée, j'appelle mon psy comme il me l'avait demandé, je lui dis mon état, il n'est pas du tout étonné. Il me dit qu'il faut laisser le temps au temps, que cet état peut se prolonger pendant plusieurs semaines, c'est comme un éclis que l'on triture, enlève, le temps de la douleur est variable. Il dit aussi qu'il faudra sans doute y revenir, creuser un peu plus, qu'il faudra une piqure de rappel. Il me conseille de me reposer, d'augmenter un peu mon traitement.


    Je me sens rassurée en raccrochant. Souvent un appel téléphonique m'aide bien en ces temps douloureux.



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    Après cette séance de libération très douloureuse, je me relâche, dans le sens ou j'accepte de recevoir un peu de douceur, de la part de mon mari surtout, et puis je deviens indulgente par rapport à moi-même.

    Nous repassons à la maison chercher la caravane, afin de partir pour le reste du week end. Je croise mes enfants, ma fille est avec une copine, mon second fils revient d'un RV, je ne lui dis rien mais à la suite il me dira qu'il avait vu l'état dans lequel j'étais.

    Nous sommes arrivés tard pour déjeuner au camping, le temps est splendide, il pleuvait des cordes ce matin et un rayon de soleil est arrivé quand je sortais le plus difficile en séance, un clin d'œil? J'y crois en tout cas.

    Après le repas, je décide de faire une sieste bien méritée, je dors deux heures, c'est fou le besoin de récupérer que j'avais. Mais ensuite, je ressens une grande tristesse. Nous partons faire une marche bénéfique sur la plage.

    Je suis épuisée le soir de cette journée de libération, et la nuit suivante est très tourmentée, au réveil je suis envahie par une grande tristesse. J'écris la séance de la veille, pour la mettre à distance, m'en libérer, mais …..........seul le temps jouera en ma faveur.


    J'ai la mission, ordonnée par mon psy de me faire un cadeau, dans ce village de bord de mer, les boutiques ne manquent pas, je suis un peu à cours d'idées, j'hésite entre un poisson qui ouvre la bouche, comme pour mieux respirer et pour sortir par la bouche des choses difficiles, et puis c'est synonyme de liberté un poisson !!! ensuite j'aperçois le rayon poupées de porcelaine, elles ont un air triste, cela ne me convient pas, puis j'en aperçois une qui semble coquine, avec un sourire, des tresses, elle penche la tête, elle est musicale et animée. Je l'achète, je trouve qu'elle ressemble à ce que je veux être maintenant, insouciante et à l'aise. Je la trouve un peu cher, mais le changement amorcé hier ne vaut il pas cela ? Déjeuner au restaurant puis visite d'un parc floral, je profite.

    En rentrant au camping, ma tête se remplit de la séance de la veille, mais je peux partager avec mon mari, c'est très important pour moi et vraiment nous avons bien fait de partir de la maison ou sont restés nos deux plus jeunes enfant ados. Mon mari prend en charge la cuisine et autre........


    Le lendemain je rentre à la maison très fatiguée, j'appelle mon psy comme il me l'avait demandé, je lui dis mon état, il n'est pas du tout étonné. Il me dit qu'il faut laisser le temps au temps, que cet état peut se prolonger pendant plusieurs semaines, c'est comme un éclis que l'on triture, enlève, le temps de la douleur est variable. Il dit aussi qu'il faudra sans doute y revenir, creuser un peu plus, qu'il faudra une piqure de rappel. Il me conseille de me reposer, d'augmenter un peu mon traitement.


    Je me sens rassurée en raccrochant. Souvent un appel téléphonique m'aide bien en ces temps douloureux.



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  • Puis le fameux jour de cette séance est arrivé, c'était le samedi 15-04-2000, sur mon journal intime j'avais noté "GRAND JOUR DE LIBERATION".
    Après une mauvaise nuit, nous prenons la route de la ville ou habite mon psy, mon mari m'attendra dans la voiture, je ne me sentais pas capable de conduire et j'ai bien fait de prendre cette précaution, on le verra tout à l'heure.
    J'étais en avance dans la salle d'attente, ce cabinet de plusieurs médecins me semble désert un samedi. Le psy vient me chercher avec 15 minutes de retard, quel stress en attendant !!!

    Le psy s'asseoit derrière son bureau, mais tourne sa chaise de façon à ne pas me regarder, je le vois de profil, il ne parle pas, mais attend, et cela me bloque complètement. je ne sors pas un mot, puis enfin:

    - Si vous voulez faire  une heure de silence, ça peut se faire et ce sera positif aussi.
    -
    Je ne suis pas venue pour cela

    Silence de nouveau

    -
    Je n'arriverai pas de toute façon.
    -
    Ah, de toute façon, c'est comme une fatalité mais quand on programme, ce n'est pas toujours mieux. Vous êtes dans l'ici et maintenant, plus dans ce qui était programmé.

    Nouveau silence

    - Je peux vous demander une chose?
    - Oui

    - Est ce que je peux aller m'asseoir à côté de vous?

    - Oui

    - Comme ça on regardera dans la même direction et on verra les mêmes choses.

    Je prends ma veste posée sur l'autre chaise, sur mes genoux, j'ai l'impression qu'elle me protège un peu. Je n'arrête pas de balancer ma jambe nerveusement, et ce sera toute la séance jusqu'à ce que j'éclate en sanglots.

    Silence

    - Vous voyez le tableau à gauche, cela représente le rêve, il y a des anges sur des fleurs, c'est la pureté, la douceur, on pourrait dire que c'est l'enfance.
    Et vous voyez ma très grande plante à droite? elle en entend de toutes les couleurs : des choses tristes, très tristes et des choses qui le sont un peu moins, des choses coquines aussi puisque je fais de la sexologie, des choses très hards aussi. Mais ça la nourrit et la fait pousser. Et tous les ans, je coupe tout ce qu'elle a de mauvais, toutes les mauvaises pousses et ça lui redonne de la vigueur. Je l'aime bien ma plante, et elle se plait ici, j'en avais une autre dans une autre pièce ou il n'y avait pas de patients qui venaient, eh bien elle a crevé. Celle ci elle est nourrie par les mauvaises choses qu'elle entend et elle repart sur de nouvelles bases.

    J'ai bien écouté et bien compris la symbolique mais j'ai toujours autant de mal à démarrer. Je soupire profondément, il soupire aussi. Il respire calmement et profondément comme en sophro, il me guide pour que j'en fasse autant. Au bout d'un moment qui m'a paru un siècle je me lance d'une voix à peine audible :

    -
    Je me sens sale et il faut que je sorte toute cette saleté
    - Hum, comment vous faites le lien entre seule et saleté?
    - Non, SALE
    - Ah oui, j'avais compris seule.
    Quels sont les mots qui vous viennent à l'esprit à partir de sale?
    - salie, souillée, sexe, déchirée, ensanglantée.
    - OK, sexe, sale, souillée (il écrit tous les mots que je dis, puis me tend la feuille)
    Ecrivez en d'autres.

    J'écris: froid, noir, douleur. Il regarde et approuve.

    - Bon il faut faire la différence entre l'avoir et l'être. Vous avez été souillée, déchirée, ensanglantée. Vous n'êtes pas dans l'action. Vous écrivez: c'est ce salaud qui m'a fait ça, ce n'est pas moi qui faisait.

    Je n'arrive pas à écrire "ce salaud", alors je réfléchis un peu puis écris : C'est lui qui m'a fait des saloperies, ce n'est pas moi.

    - Bon, vous avez subi enfant, maintenant vous ne subissez plus, vous êtes une femme avec des valeurs, des qualités. Ecrivez le!

    Je ne peux pas , alors j'écris : J'ai été démolie, je vais me reconstruire. J'ai l'impression qu'il va déjà vers le positif et que je ne pourrai pas raconter le viol cette fois ci, et si c'est ça, je serai très mal après, je le pressens. Je pleure et je ne peux pas écrire de choses positives.

    Silence

    Puis j'écris : Je veux raconter ce qui s'est  passé car je me sens encore salie.

    - Par écrit ?

    - NON
    -
    OK, rrespirez bien et commencez en expirant, venez en aux circonstances, vous vous rappelez du jour?
    - Non,Je veux dire ses paroles, c'est ce qui me fait le plus mal

    - Oui, crachez toutes ces vomissures, crachez lui dessus ( cela dit avec une extrème douceur et beaucoup de respect envers moi).


    Silence, je pleure à chaudes larmes et respire fort.

    - Si vous voulez je vais écrire ce que vous dites, je vous dirai pourquoi après.

    -
    Mon frère faisait des cabanes. C'est dans l'une d'elle que cela s'est passé. Mes parents faisaient la sieste l'après midi, et ils voulaient avoir la paix, alors ils nous faisaient partir de la maison. Je me souviens seulement du moment ou j'étais allongée là, je pleurais et j'avais très mal, mon frère disait ......... il disait............. il disait: attends est que je ................, et plusieurs fois il a répété cela ( je n'écris pas ses mots ici aujourd'hui, mais je les avais dit ce jour là) et c'est tout ce dont je me souviens.

    Silence

    - A quoi vous pensez?
    - A mon mari
    - Oui?
    - Parce que quand je suis avec lui dans l'intimité, depuis que cette histoire est revenue à ma conscience, c'est cette mémoire là qui est présente.
    - Oui, mais quand vous êtes avec votre mari, c'est la petite fille qui ressent encore, mais maintenant cela va être la femme.
    - Mais pourquoi je ne me souviens pas de ce qui s'est passé après, ni avant d'ailleurs?
    - Ce sont souvent les moments les plus terribles qui reviennent à la mémoire. Pouvez vous imaginer ce qui s'est passé après?
    - Non , enfi
    n j'ai du me sauver en courant, mais je ne sais pas.
    - Pour aller à la maison?
    - Oui
    - Vos parents faisaient encore la sieste?
    - Oui, surement
    - Vous avez pris une douche?
    -
    Je ne pense pas ( je ne lui ai pas dit que nous n'avions pas de salle de bains)
    - Vous vous etes renfermée dans votre chambre?
    - Je n'avais pas vraiment de chambre, juste une coin aménagé qui donnait sur la cuisine, oui je pense que j'y suis allée, mais pas de souvenir. Je pense que j'ai du refouler aussitôt.
    - Oui, vous vous êtes ramassée sur vous même, recroquevillée, blindée. Mais maintenant vous allez vivre, panser vos plaies, mettre de la douceur en vous.
    Pensez vous que votre frère vous avait menacée?
    - Oui il m'avait surement dit de ne pas le dire à nos parents
    - Bon je vais déchirer la feuille en trois parties, il y en a une c'est, avant, l'autre c'est pendant, la 3ème, c'est après.Vous allez déchirer les 2 premières en petits morceaux et vous les posez sur le bureau. Il me donne la troisième, je déchire les deux premières avec un peu de rage. Il repart derrière son bureau, me tend une autre feuille et me dit d'écrire : Pour Pâquerette, vous écrivez un merci et quelque chose que vous allez faire pour vous remercier.

    J'hésite beaucoup en disant que je ne sais pas, cela me demande tellement d'effort après ce déballage. Je finis par écrire "merci" et ne sait plus quoi mettre, il m'encourage et j'écris "occupe toi de toi"

    - C'est bien, vous faites un tour en ville ou vous rentrez directement?
    - Non, mon mari m'attend dans la voiture.
    - Ok, et que pensez vous faire cet après midi?
    - Nous partons en week end.
    - C'est bien, mais vous allez vous faire un cadeau, pas des fleurs, mais quelque chose qui vous reste, pour fêter aujourd'hui, je vous ordonne de  le faire.

    Il fait sa feuille de soin.

    - Ca va?

    Pas de réponse( je me sens si angoissée)

    - ça va?
    - C'est dur.......... et j'éclate en sanglots, sans retenue, bruyamment, ça sort enfin les émotions. Il revient s'asseoir près de moi et pose sa main sur mon épaule pendant tout ce temps.

    - C'est bien, laissez sortir toute cette saleté, allez y, plus de saleté, de nausées, de souillures, de vomissures.

    Je suis dans un état pitoyable, épuisée, le mal de tête vient, puis des fourmillements dans les jambes, les mains, le visage. Je lui dis.

    - Ce n'est pas étonnant, c'est quand quelque chose se libère, vous voulez vous allonger?
    - Je sais pas

    Comme les fourmillements sont de plus en plus forts, il me conduit jusqu'au divan et s'asseoit dans le fauteuil à côté. Mes mains se pincent, mes pieds se tendent.

    - Vous avez quelque chose à prendre pour vous détendre?
    - Du xanax
    - Je vais vous chercher un verre d'eau.

    Il me le donne ainsi que mon sac pour que je prenne un comprimé, je tremble comme une feuille.

    - Vous savez ce que je vais faire de vos petits papiers?
    - Les brûler?
    - Non je vais les mettre dans les toilettes et tirer la chasse d'eau, vous l'entendrez.

    Il va faire ce qu'il a dit.

    - Vous avez entendu? ça y est, la merde est partie avec la merde. Il me demande si je veux la feuille de merci, je dis non et il la met dans mon dossier. Il revient s'asseoir et me dit: 
    -  Vous savez que je suis fier de vous? vous le savez ça?
    - Oui (je crois que j'étais bien incapable de savoir cela)
    - Vous avez bien travaillé, c'est très bien tout ça, ça va mieux?
    -
    J'ai encore des fourmillements mais vous pourriez peut être appeler mon mari, il a le portable.
    - Oui, le numéro?

    Il le fait en disant que j'ai eu des angoisses et que j'ai du m'allonger. Puis il me passe ma veste et me redit que c'est très bien, que je voulais le faire.
    - Oui, sinon je n'aurais pas été bien.

    Il m'a aussi demandé ce que je ferai cet après midi, j'ai dit que je voulais me coucher et je rappelle que nous partons, il dit que c'est très bien de vouloir récupérer avec le repos.
    Mon mari arrive, le psy lui dit juste que l'on a beaucoup avancé et que c'est très bien.
    Mon mari dit: je m'en occupe et nous partons, le psy m'a dit de l'appeler le lundi.

    Cette séance a duré 1H15, il avait deux patients dans la salle d'attente, mais il n'a, à aucun moment montrer qu'il était impatient, je pense que c'est vraiment un bon thérapeute, très humain en plus.

    Inutile de dire mon état en rentrant, mais je ressens vraiment une grande libération.





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  • Puis le fameux jour de cette séance est arrivé, c'était le samedi 15-04-2000, sur mon journal intime j'avais noté "GRAND JOUR DE LIBERATION".
    Après une mauvaise nuit, nous prenons la route de la ville ou habite mon psy, mon mari m'attendra dans la voiture, je ne me sentais pas capable de conduire et j'ai bien fait de prendre cette précaution, on le verra tout à l'heure.
    J'étais en avance dans la salle d'attente, ce cabinet de plusieurs médecins me semble désert un samedi. Le psy vient me chercher avec 15 minutes de retard, quel stress en attendant !!!

    Le psy s'asseoit derrière son bureau, mais tourne sa chaise de façon à ne pas me regarder, je le vois de profil, il ne parle pas, mais attend, et cela me bloque complètement. je ne sors pas un mot, puis enfin:

    - Si vous voulez faire  une heure de silence, ça peut se faire et ce sera positif aussi.
    -
    Je ne suis pas venue pour cela

    Silence de nouveau

    -
    Je n'arriverai pas de toute façon.
    -
    Ah, de toute façon, c'est comme une fatalité mais quand on programme, ce n'est pas toujours mieux. Vous êtes dans l'ici et maintenant, plus dans ce qui était programmé.

    Nouveau silence

    - Je peux vous demander une chose?
    - Oui

    - Est ce que je peux aller m'asseoir à côté de vous?

    - Oui

    - Comme ça on regardera dans la même direction et on verra les mêmes choses.

    Je prends ma veste posée sur l'autre chaise, sur mes genoux, j'ai l'impression qu'elle me protège un peu. Je n'arrête pas de balancer ma jambe nerveusement, et ce sera toute la séance jusqu'à ce que j'éclate en sanglots.

    Silence

    - Vous voyez le tableau à gauche, cela représente le rêve, il y a des anges sur des fleurs, c'est la pureté, la douceur, on pourrait dire que c'est l'enfance.
    Et vous voyez ma très grande plante à droite? elle en entend de toutes les couleurs : des choses tristes, très tristes et des choses qui le sont un peu moins, des choses coquines aussi puisque je fais de la sexologie, des choses très hards aussi. Mais ça la nourrit et la fait pousser. Et tous les ans, je coupe tout ce qu'elle a de mauvais, toutes les mauvaises pousses et ça lui redonne de la vigueur. Je l'aime bien ma plante, et elle se plait ici, j'en avais une autre dans une autre pièce ou il n'y avait pas de patients qui venaient, eh bien elle a crevé. Celle ci elle est nourrie par les mauvaises choses qu'elle entend et elle repart sur de nouvelles bases.

    J'ai bien écouté et bien compris la symbolique mais j'ai toujours autant de mal à démarrer. Je soupire profondément, il soupire aussi. Il respire calmement et profondément comme en sophro, il me guide pour que j'en fasse autant. Au bout d'un moment qui m'a paru un siècle je me lance d'une voix à peine audible :

    -
    Je me sens sale et il faut que je sorte toute cette saleté
    - Hum, comment vous faites le lien entre seule et saleté?
    - Non, SALE
    - Ah oui, j'avais compris seule.
    Quels sont les mots qui vous viennent à l'esprit à partir de sale?
    - salie, souillée, sexe, déchirée, ensanglantée.
    - OK, sexe, sale, souillée (il écrit tous les mots que je dis, puis me tend la feuille)
    Ecrivez en d'autres.

    J'écris: froid, noir, douleur. Il regarde et approuve.

    - Bon il faut faire la différence entre l'avoir et l'être. Vous avez été souillée, déchirée, ensanglantée. Vous n'êtes pas dans l'action. Vous écrivez: c'est ce salaud qui m'a fait ça, ce n'est pas moi qui faisait.

    Je n'arrive pas à écrire "ce salaud", alors je réfléchis un peu puis écris : C'est lui qui m'a fait des saloperies, ce n'est pas moi.

    - Bon, vous avez subi enfant, maintenant vous ne subissez plus, vous êtes une femme avec des valeurs, des qualités. Ecrivez le!

    Je ne peux pas , alors j'écris : J'ai été démolie, je vais me reconstruire. J'ai l'impression qu'il va déjà vers le positif et que je ne pourrai pas raconter le viol cette fois ci, et si c'est ça, je serai très mal après, je le pressens. Je pleure et je ne peux pas écrire de choses positives.

    Silence

    Puis j'écris : Je veux raconter ce qui s'est  passé car je me sens encore salie.

    - Par écrit ?

    - NON
    -
    OK, rrespirez bien et commencez en expirant, venez en aux circonstances, vous vous rappelez du jour?
    - Non,Je veux dire ses paroles, c'est ce qui me fait le plus mal

    - Oui, crachez toutes ces vomissures, crachez lui dessus ( cela dit avec une extrème douceur et beaucoup de respect envers moi).


    Silence, je pleure à chaudes larmes et respire fort.

    - Si vous voulez je vais écrire ce que vous dites, je vous dirai pourquoi après.

    -
    Mon frère faisait des cabanes. C'est dans l'une d'elle que cela s'est passé. Mes parents faisaient la sieste l'après midi, et ils voulaient avoir la paix, alors ils nous faisaient partir de la maison. Je me souviens seulement du moment ou j'étais allongée là, je pleurais et j'avais très mal, mon frère disait ......... il disait............. il disait: attends est que je ................, et plusieurs fois il a répété cela ( je n'écris pas ses mots ici aujourd'hui, mais je les avais dit ce jour là) et c'est tout ce dont je me souviens.

    Silence

    - A quoi vous pensez?
    - A mon mari
    - Oui?
    - Parce que quand je suis avec lui dans l'intimité, depuis que cette histoire est revenue à ma conscience, c'est cette mémoire là qui est présente.
    - Oui, mais quand vous êtes avec votre mari, c'est la petite fille qui ressent encore, mais maintenant cela va être la femme.
    - Mais pourquoi je ne me souviens pas de ce qui s'est passé après, ni avant d'ailleurs?
    - Ce sont souvent les moments les plus terribles qui reviennent à la mémoire. Pouvez vous imaginer ce qui s'est passé après?
    - Non , enfi
    n j'ai du me sauver en courant, mais je ne sais pas.
    - Pour aller à la maison?
    - Oui
    - Vos parents faisaient encore la sieste?
    - Oui, surement
    - Vous avez pris une douche?
    -
    Je ne pense pas ( je ne lui ai pas dit que nous n'avions pas de salle de bains)
    - Vous vous etes renfermée dans votre chambre?
    - Je n'avais pas vraiment de chambre, juste une coin aménagé qui donnait sur la cuisine, oui je pense que j'y suis allée, mais pas de souvenir. Je pense que j'ai du refouler aussitôt.
    - Oui, vous vous êtes ramassée sur vous même, recroquevillée, blindée. Mais maintenant vous allez vivre, panser vos plaies, mettre de la douceur en vous.
    Pensez vous que votre frère vous avait menacée?
    - Oui il m'avait surement dit de ne pas le dire à nos parents
    - Bon je vais déchirer la feuille en trois parties, il y en a une c'est, avant, l'autre c'est pendant, la 3ème, c'est après.Vous allez déchirer les 2 premières en petits morceaux et vous les posez sur le bureau. Il me donne la troisième, je déchire les deux premières avec un peu de rage. Il repart derrière son bureau, me tend une autre feuille et me dit d'écrire : Pour Pâquerette, vous écrivez un merci et quelque chose que vous allez faire pour vous remercier.

    J'hésite beaucoup en disant que je ne sais pas, cela me demande tellement d'effort après ce déballage. Je finis par écrire "merci" et ne sait plus quoi mettre, il m'encourage et j'écris "occupe toi de toi"

    - C'est bien, vous faites un tour en ville ou vous rentrez directement?
    - Non, mon mari m'attend dans la voiture.
    - Ok, et que pensez vous faire cet après midi?
    - Nous partons en week end.
    - C'est bien, mais vous allez vous faire un cadeau, pas des fleurs, mais quelque chose qui vous reste, pour fêter aujourd'hui, je vous ordonne de  le faire.

    Il fait sa feuille de soin.

    - Ca va?

    Pas de réponse( je me sens si angoissée)

    - ça va?
    - C'est dur.......... et j'éclate en sanglots, sans retenue, bruyamment, ça sort enfin les émotions. Il revient s'asseoir près de moi et pose sa main sur mon épaule pendant tout ce temps.

    - C'est bien, laissez sortir toute cette saleté, allez y, plus de saleté, de nausées, de souillures, de vomissures.

    Je suis dans un état pitoyable, épuisée, le mal de tête vient, puis des fourmillements dans les jambes, les mains, le visage. Je lui dis.

    - Ce n'est pas étonnant, c'est quand quelque chose se libère, vous voulez vous allonger?
    - Je sais pas

    Comme les fourmillements sont de plus en plus forts, il me conduit jusqu'au divan et s'asseoit dans le fauteuil à côté. Mes mains se pincent, mes pieds se tendent.

    - Vous avez quelque chose à prendre pour vous détendre?
    - Du xanax
    - Je vais vous chercher un verre d'eau.

    Il me le donne ainsi que mon sac pour que je prenne un comprimé, je tremble comme une feuille.

    - Vous savez ce que je vais faire de vos petits papiers?
    - Les brûler?
    - Non je vais les mettre dans les toilettes et tirer la chasse d'eau, vous l'entendrez.

    Il va faire ce qu'il a dit.

    - Vous avez entendu? ça y est, la merde est partie avec la merde. Il me demande si je veux la feuille de merci, je dis non et il la met dans mon dossier. Il revient s'asseoir et me dit: 
    -  Vous savez que je suis fier de vous? vous le savez ça?
    - Oui (je crois que j'étais bien incapable de savoir cela)
    - Vous avez bien travaillé, c'est très bien tout ça, ça va mieux?
    -
    J'ai encore des fourmillements mais vous pourriez peut être appeler mon mari, il a le portable.
    - Oui, le numéro?

    Il le fait en disant que j'ai eu des angoisses et que j'ai du m'allonger. Puis il me passe ma veste et me redit que c'est très bien, que je voulais le faire.
    - Oui, sinon je n'aurais pas été bien.

    Il m'a aussi demandé ce que je ferai cet après midi, j'ai dit que je voulais me coucher et je rappelle que nous partons, il dit que c'est très bien de vouloir récupérer avec le repos.
    Mon mari arrive, le psy lui dit juste que l'on a beaucoup avancé et que c'est très bien.
    Mon mari dit: je m'en occupe et nous partons, le psy m'a dit de l'appeler le lundi.

    Cette séance a duré 1H15, il avait deux patients dans la salle d'attente, mais il n'a, à aucun moment montrer qu'il était impatient, je pense que c'est vraiment un bon thérapeute, très humain en plus.

    Inutile de dire mon état en rentrant, mais je ressens vraiment une grande libération.





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