• Ce n'est jamais facile la période qui suit un deuil et celle-ci a été particulièrement difficile dans la relation avec ma belle mère (épouse de mon père). Un jour son fils m'appelle pour me dire que le téléphone de sa mère avait été coupé car mon père payait par prélèvement et comme ils avaient des comptes séparés et que les prélèvements avaient lieu sur le sien les factures étaient impayées. Il a été franchement désagréable avec moi me disant que je pouvais payer l'eau, l'électricité et le téléphone de sa mère car je toucherais de l'argent de mon père. Cela m'a profondément touchée car si je suis complètement d'accord pour qu'elle reste habiter la maison de mes parents je ne suis plus d'accord pour payer toutes ses factures de consommation. Je fais le nécessaire pour que sa ligne téléphonique lui soit remise et je règle cette facture là. Ma belle mère m'appelle quand sa ligne lui a été remise, elle est moins virulente que son fils et elle paiera l'électricité et l'eau, je fais aussi les démarches nécessaires pour ces deux organismes. Lors d'une visite de mon mari ma belle mère se plaint que mon père ne lui a rien laissé, mon père était très conscient de ce qu'il faisait surtout à ce niveau. Mon mari lui explique les démarches que j'ai faites pour éviter la coupure d'eau et d’électricité mais elle a vraiment du mal à comprendre.

    Toutes ces choses du quotidien m'énervent, je m'énerve facilement en parlant aux uns et aux autres même avec mon mari et mes enfants. Tout cela me vaut des maux de tête et des insomnies, je suis épuisée. A cela s'ajoute des problèmes de digestion très pénibles.

    C'est aussi une période de cauchemars, je rêve qu'il y a une tombe ouverte dans le cimetière ou est ma famille, et une femme s'approche pour donner à manger au défunt qui en fait n'est pas mort, horrible!

    Mon médecin généraliste prolonge mon arrêt de travail, je suis trop mal, je dois appeler le directeur de l'IME qui est très compréhensif et soutenant, cela fait du bien et m'enlève un souci.

    Comme je suis en arrêt et mon mari en congé, je programme un séjour de 3 jours sur Belle-île. Je me dis que couper du quotidien devrait permettre de me ressourcer. Nous avons réservé trois nuits et demi-pension dans un hôtel, c'est vraiment le repos, coupure du quotidien et se retrouver tous les deux aussi. Une journée nous faisons une sortie organisée en car, une autre nous louons des vélos, sinon ballades à pied et visites. Assis sur un banc face à la mer, ou bien regarder le coucher de soleil, quel ressourcement! Je dirais que tout va bien mais les maux d'estomac et de tête sont toujours là, je dors un peu mieux. J'ai l'impression que mon foie est détraqué j'ai des nausées et des vertiges, je verrai mon généraliste en rentrant. Cette sortie hors de la maison favorisent les échanges aussi, nous n’arrêtons pas de nous parler.

    Quand nous rentrons à la maison je suis très contente de tout cela ainsi que de retrouver les enfants.

    Je vais donc voir mon médecin, il pense que c'est une gastrite virale qui, non soignée a entraîné un mauvais fonctionnement du foie ou du colon, il me donne un traitement.

    Et nous sommes la veille de la Toussaint, j'avais acheté les fleurs avant, nous partons donc faire la tournée des cimetières (trois) l'émotion est là ainsi que l'angoisse.

    Le jour de la Toussaint, nous allons à la messe dans la paroisse de mon père, nous emmenons ma belle mère au cimetière ensuite et là j'ai très honte. Nous croisons deux de ses amies et elle parle de la maison et dit qu'elle y restera pendant 6 mois car c'est ce à laquelle elle a droit! je préfère ne pas relever. Mais ensuite chez elle elle le redit et là je lui réponds qu'elle peut rester le temps qu'elle voudra, que cela ne nous gêne pas et j'ajoute que au moins la maison est entretenue. Elle me demande ensuite de remplir ses documents pour la retraite de réversion car elle n'y connait rien. Je ferai ainsi au cours des mois qui ont suivi tout ce qui est de l'administratif en pensant que ses enfants auraient pu l'aider à le faire.

    Nous passons cette journée qui me remet dans la tristesse et toujours ces soucis digestifs!

    Le lendemain je m’étourdis dans le travail, ménage et jardinage et c'est dans ce dernier que je me détends le plus. C'est aussi au cours de cet après-midi là que surviennent les brûlures dans ma bouche, très intenses et qui me font souffrir. Je ne savais pas en ce mois de Novembre 2001 que j'en avais pour des années et que ce symptôme m'a fait chercher de multiples solutions et essayer de nombreuses thérapies. Ce sera un autre chapitre de ma vie.


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  • Le psy comportementaliste égal à lui-même:

    - Alors on sort la tête de l'eau?

    - Oui un peu, j'ai encore de grands moments de tristesse, il n'y a pas de jours ou je ne pleure pas.

    - Et que faites vous dans ces moments là?

    - Je laisse aller.

    - C'est sans doute une bonne solution.

    - Mais je suis fatiguée, il y a beaucoup de formalités administratives, cela me prend du temps et je navigue entre fatigue, énervement et tristesse.

    - Mais personne d'autre ne peut les faire?

    - Mais non il n'y a que moi, mon père était remarié sous régime de séparation de biens, ma belle mère n'avait pas de procuration sur son compte et ils n'avaient pas de compte joint.

    - Ok

    - Je rêve de mon père mais je ne fais pas de cauchemars.

    - Ah vous voyez quand vous n'êtes plus dans les non-dits, les secrets de famille.

    - Oui et cela fait deux ou trois nuits que je dors mieux sans reprendre de Seresta pendant la nuit. Par contre vous m'aviez dit 5 gouttes de Tercian mais après des nuits blanches je suis remontée à 10. 

    - N'allez pas trop vite. Quels sont vos objectifs?

    - Le premier et c'est ce qui m'angoisse le plus c'est d'arrêter mon travail, je ne peux plus.

    - Et bien vous arrêtez.

    - Oui mais il faut deux mois de préavis et je dois reprendre la petite.

    - Eh bien reprenez deux mois.

    - Je ne m'en sens pas capable.

    - Il faudra toujours la reprendre.

    - Non aux vacances elle ne sera plus placée, le contrat sera rompu.

    - Quelle solution avez-vous?

    - Je pensais à un arrêt de travail!

    - Mais jusqu'en juin? si on était en Avril encore!

    - Je pensais à un arrêt longue durée, cela fait déjà 2 mois que je suis en arrêt.

    - Voyez ça avec votre médecin traitant.

    - Oui ça m'inquiète tout ça.

    - Vous ne parlez pas bien avec lui?

    - Si, mais il n'y a pas longtemps que je le connais le Dr P., je ne sais pas trop.

    - Allez le voir.

    - Oui s'il hésite il peut vous appeler?

    - Oui bien sur pas de problème.

    - Oui parce que je sens bien que quand je ne suis plus dans la contrainte et que je vais à mon rythme, je suis bien mieux surtout le matin. Et l'après midi recevoir cette petite qui a des problèmes je ne m'en sens plus la force.

    - Bien sur.

    - Sinon j'aurais bien diminué progressivement mon traitement pour pouvoir l'arrêter mais je sais bien qu'il ne faut pas aller trop vite, j'ai des moments très durs encore.

    - Et avec votre belle-mère?

    - Ça va, ça se passe bien, mais jeudi elle est venue avec ma nièce et ma belle sœur et elles ont beaucoup parlé de la maladie, de la mort de mon père et des derniers jours que je n'ai pas vécus.

    - Bon c'est fait.

    - Oui mais dimanche c'est la messe de huitaine et ma belle mère nous a invités à déjeuner cela va recommencer.

    - Mais vous avez une action là-dessus, vous laissez dire au début du repas puis après vous dites, et si on parlait d'autre chose?

    - Ce n'est pas facile, ma belle mère prend beaucoup de place, elle parle beaucoup.

    - Là vous pouvez changer le cours des choses.

    - Mais moi aussi je ne peux pas m'empêcher de parler des choses douloureuses, hier soir je recevais des amies, mon mari travaillait de nuit. Je pensais me changer les idées mais j'y revenais sans cesse.

    - Oui alors là il va falloir vous dire qu'il y a des endroits pour cela et qu'en dehors vous êtes dans la vie.

    Silence

    - A quoi vous pensez?

    - Je pense que demain dans la maison de mon père, là nous vivions à quatre, nous serons chez une étrangère, il n'y a que moi qui reste de cette famille.

    - Mais c'est un moyen de rester la petite fille que vous étiez à ce moment là et non pas la femme adulte qui a un repas en famille et c'est tout.

    - Jeudi soir j'étais seule, mon mari était de nuit, et je me disais qu'ils devaient être heureux tous les trois là-haut et que moi je restais toute seule.

    - Mais c'est comme si vous regrettiez d'avoir tenu le coup vous, eux n'ont pas tenu et que vous projetiez dans un avenir proche de les rejoindre, qu'il ne fallait que cela pour être heureuse.

    - Non pourtant c'est juste un moment de tristesse, je me réjouis d'avoir mon mari et mes enfants.

    - Et qu'avez-vous fait de positif depuis 15 jours?

    - Eh bien j'ai réservé un séjour à Belle-île la semaine d'avant la Toussaint pour nous deux.

    - Bien, très bien et c'est une bonne chose.

    - Cela dépend des jours je suis plus ou moins bien, ça dépend beaucoup des visites que j'ai ou des appels téléphoniques, ma belle sœur par exemple ramène toujours des vieux souvenirs.

    - Et que faites-vous par rapport aux souvenirs?

    - Eh bien je n'aime pas que l'on m'en parle, et les miens je voudrais les extirper.

    - OK

    - Sinon je sais que j'ai pardonné et que grâce à cela mes parents et mon frère doivent être heureux. Et je suis contente de l'avoir fait je me dis que maintenant ils peuvent m'aider.

    - Hum, hum.

    - Mais j'ai quand même fait un cauchemar; Mon oncle, le plus jeune frère de ma mère se collait derrière moi et j'étais très gênée. Cela confirme, je n'en ai jamais parlé ici, quand j'étais très jeune il m'embrassait pour me dire bonjour mais pas normalement et ma mère le rouspétait. Le souvenir m'est revenu l'année dernière au moment des autres souvenirs.

    - Hum, hum.

    - Je voudrais me débarrasser de tous ces souvenirs là, la vie avec ma mère aussi parce que je n'en ai jamais beaucoup parlé. Pour le viol de mon frère ça va maintenant je me sens à distance alors je voudrais que ce soit pareil pour le reste.

    Dans toutes les démarches, j'ai aussi vu le médecin de mon père pour lui parler de lui et de tous nos échanges. Je voulais aussi savoir s'il se confiait à lui, il lui avait parlé de la mort.

    - Bien, on va s'arrêter là, vous savez que je suis absent un moment?

    - Oui

    - On se voit la semaine prochaine?

    - Non dans un mois.

    - Ok, si vous avez des problèmes vous voyez votre médecin traitant. Et dans un mois tout tranquillement les choses seront adoucies, apaisées.

    Je repars complètement sonnée mais je pense que c'est une bonne séance, il me faut juste le temps de digérer et d'élaborer!


     


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  • Comme c'est compliqué de trouver le sommeil dans ces temps très douloureux, le changement de traitement n'a rien amélioré du tout. Il y a beaucoup de formalités à faire, ma belle mère étant incapable et je fais participer ma nièce mais elle n'est pas d'une grande aide. Deux banques, la mairie du lieu du décès, le notaire, l'hôpital ou était mon père pour payer les factures.

    Je me rends à ma demande chez le médecin de mon père, je lui offre le poème brésilien qu'il ne connaissait pas, pourtant chrétien pratiquant. Je lui dis qu'il s'est passé beaucoup de choses avec mon père le mois dernier et je raconte les échanges via la personne de JALMALV. Du coup je raconte mon histoire afin de savoir si mon père avait pu décharger ses angoisses en se confiant à son généraliste, eh non il ne savait pas, j'ajoute que cela a du être très dur pour lui de garder cela pour lui tout seul. Il est d'accord et dit que cela a du l'apaiser de m'en avoir reparlé le mois dernier. Et je lui dis mon inquiétude après avoir raconté mon histoire à mon père alors qu'il avait déjà son cancer de la prostate, je demande si son état ne s'est pas aggravé (métastases osseuses) après le choc que je lui ai asséné. Il me rassure tout de suite, disant que les métastases étaient là bien avant et qu'il avait surement un autre cancer qui évoluait à petit feu. Et il ajoute que c'est bien de lui en avoir parlé pour lui comme pour moi. J'ai partagé ma dépression, ma thérapie j'avais envie de le faire et il me remercie plusieurs fois. Je dis que j'ai rassuré mon père les derniers temps sur ma santé psychologique et lui demande si mon père avait parlé de la mort, il dit oui il lui avait dit qu'il savait qu'il allait mourir et qu'il avait peur. Pour m'excuser je dis que j'ai surement été en colère pendant sa maladie mais que j'avais eu du mal à accepter le diagnostic, il répond que c'est une phase normale. J'ajoute que mon père était très distant sauf pendant les dernières semaines et que mon fils me disait: maman en un mois tu as rattrapé toute ta vie avec ton père.

    Je le remercie infiniment pour tout et pour les soins apportés à mon père, il me remercie également et est content d'avoir appris tout cela. Il ne voulait pas que je le règle mais j'ai insisté et l'ai payé il m'a fait une feuille. Je trouve normal de payer il a donné de son temps ( au moins 30 minutes).

    Je repars remplie d'émotions, je pleure beaucoup mais me sens libérée.

    Épuisée le lendemain je me décide à réserver quelque chose pour partir 3-4 jours avec mon mari. Ce sera à Belle-île en mer un endroit ou je ne voulais pas aller car c'est là que mon frère s'est tué, mais bon 20 ans sont passés. Cela va me faire du bien car entre les courriers administratifs, les démarches et les appels téléphoniques de sympathie ou je répète toujours la même chose, je suis terriblement épuisée et pourtant je commence à mieux dormir.

    Cependant j'ai des pensées pas très joyeuses me disant; mes parents et mon frère doivent être heureux tous ensemble et moi je reste seule mais sans doute qu'ils m'aident.


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  • Orpheline

    J’ai 49 ans et je suis orpheline de ma famille d’origine. Pour les plus proches :

    - Mon frère est décédé à 33 ans accidentellement en 1981.

    - Ma mère est décédée dans sa 59ème année d’un cancer des bronches elle a été malade 8 mois, en 1985.

    - Mon père vient de décéder d’un cancer des os après un cancer de la prostate, il avait 83 ans et a été malade 8 mois également, en 2001.

     

    Ma famille maternelle :

    -Mes grands-parents sont décédés à 67 ans pour ma grand-mère (cardiaque) et 89 ans pour mon grand-père. Ils avaient eu quatre enfants :

    1. H. décédé à 37 ans (suicide)
    2. G. religieuse décédée à 77 ans (cancer de l’œsophage) en 1998.
    3. R. ma mère donc 58 ans, cancer des bronches.
    4. J. décédé à 35 ans (cancer de l’œsophage)

    Seule ma mère était mariée et avait eu deux enfants.

     

    Ma famille paternelle :

    Mes grands-parents sont décédés à des âges raisonnables,  je n’ai pas vraiment connu mon grand-père mort quand j’avais 4 ans. Ma grand-mère en 1979 à 89 ans. Ils ont eu 5 enfants dont deux décédés à 8 et 10 mois un garçon et une fille. Mon père était l’ainé.

    1. A. mon père

    2-3. Les deux bébés décédés dans leur première année.

    4. T. Décédée à 57 ans en 1980, mariée à P. décédé à 55 ans en 1976, paralysé blessé de guerre . Ils ont eu deux enfants qui vivent dans le sud de la France.

    5. J. son jumeau célibataire vivant avec sa mère, décédé à 45 ans en 1968 (cancer des intestins)

     

    Alors je reste seule de toute cette famille avec les documents, archives, livrets de famille etc de tous, c’est lourd au départ de mon père.

    Heureusement j’ai la famille que j’ai créée, mon cher mari et mes trois enfants très chers.

    Et puis j’ai ma nièce la fille de mon frère assez proche de moi. Il y a aussi sa mère assez éloignée de moi, elle n’a pas eu de chance veuve une première fois à 33ans, remariée à 40 ans et veuve une nouvelle fois à 58 ans.


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  • Les jours qui ont suivi ont été très douloureux entre migraines et insomnies. A la sépulture l'église était pleine mon père était quelqu'un d'apprécié et de connu puisqu'il avait été président du club du 3ème âge. J'avais choisi les chants pour cette sépulture j'ai eu des échos ensuite par des gens qui ont vraiment apprécié. Et puis avec émotion j'ai eu le courage de lire le poème brésilien, on aurait entendu une mouche voler. Je trouvais qu'il montrait une image de la vie de mon père très juste. L'assemblée est très priante et chantante, c'est chaleureux. Au cimetière je n'ai pas voulu m'approcher de la tombe ouverte je pensais trop que ma mère était là même si cela faisait 16 ans qu'elle était décédée mais je ne voulais pas refaire de cauchemars de cimetière. Nous allons ensuite à la maison de mes parents pour un verre de l'amitié mais il y a beaucoup de monde et je suis épuisée avec des gros moments d'angoisse j'ai envie de rentrer.

    A la maison je peux être moi au moins et me reposer ce qui n'est pas gagné avec mes insomnies qui ne cèdent pas aux anxiolytiques et neuroleptique.

    La relation avec ma belle-mère s'est très bien passée pendant ces jours de deuil c'est déjà ça.

    J'ai obtenu un rendez-vous en urgence chez mon psy deux jours après la sépulture.

    - Mon père est décédé.

    - Il me semble que c’est une chose à laquelle vous vous attendiez vous et lui après tout ce que vous vous êtes dit le mois dernier.

    - Oui mais j’étais en cure et je me reproche deux choses. Mon portable ne captait pas et je n’avais pas donné le fixe à l’hôpital ni à ma belle-mère. L’hôpital a laissé un message à 5h45 et à 7H mais je suis sortie seulement à 9H30. Et puis j’en veux au médecin que j’avais eu à 19h30 la veille et qui m’avait rassurée disant que mon père allait mieux qu’il lui avait enlevé l’oxygène. Mon mari est arrivé le soir et j’étais très contente, du coup nous avons pris la route seulement à 11H dimanche, j’ai eu des nouvelles tout au long de la route et nous sommes arrivés à 16H il était décédé depuis 13H30.

    - Qu’est-ce que cela aurait changé ?

    - Rien oui je sais.

    - Si cela pouvait changer des choses pour vous ?

    - Eh bien j’aurais voulu encore le prendre dans mes bras et lui dire que je l’aimais.

    - Vous aviez déjà fait tout cela le mois dernier.

    - Et bien j’aurais voulu encore l’embrasser chaud.

    - Mort et chaud ?

    - Non avant qu’il meurt.

    - Ok

    - Et j’aurais voulu qu’il me prenne dans ses bras, cela a été tellement rare ( une semaine)

    - Oui mais ça a eu lieu.

    - Oui je suis contente de cela.

    - Votre père a choisi de mourir avant votre arrivée.

    - Sans doute et l’image que je garde de lui vivant ça été il y a 15 jours quand j’ouvrais la porte de sa chambre pour partir il tournait la tête souriant en me regardant partir. Moi je savais que je prenais le risque de ne pas le revoir vivant. Mais je veux garder cette image-là dans la tête.

    - Vous avez raison.

    - Les jours suivant j’ai bien tenu le coup en augmentant un peu mon traitement mais je voudrais refaire le point dessus aussi. Avec ma belle-mère cela s’est bien passé je lui ai laissé sa place et elle m’a laissé la mienne. Il n’y a qu’au cimetière que j’ai craqué.

    - Oui il va falloir laisser les cimetières aussi. Votre père est là où il est, votre frère aussi, vous avez fait ce qu’il fallait avec l’un et avec l’autre maintenant il va falloir vivre.

    - Il y a eu ma cure aussi ou j’étais très fatiguée mais je me sentais apaisée et j’ai compris que j’avais pardonné à mon frère et après avoir vu mon père mort je me suis dit ça y est maintenant mon frère sait que je lui ai pardonné.

    - Mais oui.

    Je parle ensuite de la sépulture et j’ajoute que j’ai lu un poème, il est étonné et demande lequel je réponds le poème brésilien il ne connait pas comme je l’ai encore dans mon sac je lui passe il prend le temps de le lire et le trouve très beau. Je dis que j’ai failli flancher au milieu mais j’ai pensé à la force de mon père et je voulais le remercier de nous être rencontrés le mois dernier.

    -J’espère que la force de votre père va vous aider à vivre avec les joies et les plaisirs de la vie.

    - Oh moi aussi c’est ce que je veux et quand je disais que je voulais changer de vie l’autre fois c’est réel mais il me faut du temps.

    - Il faut voir les choses positives.

    - C’est tout un apprentissage.

    - Mais vous en êtes capable. Vous vouliez revoir votre traitement ?

    - Oui parce que je dors mal la nuit et je suis un vrai zombie dans la journée surtout le matin, hier j’ai fait une sieste jusqu’à 17H.

    - Vous prenez quoi ?

    - Deux effexor LP, un effexor 25, un tranxène 50, 10 à 12 gouttes de tercian et à 4H je suis réveillée je reprends 1/ séresta 10.

    - Oh là là je n’aime pas tous ces mélanges le tranxène et le séresta pas ensemble.

    - C’est parce que on peut couper les comprimés de séresta.

    - Oui mais on va changer cela. Il vaut mieux que vous preniez 1 séresta 50 le soir et 5 gouttes de tercian, c’est cela qui endort dans la journée. Et puis vous arrêtez l’effexor 25,  les 2 LP le matin vous continuez. Vous n’êtes pas en dépression, vous êtes triste et vous souffre mais c’est une situation normale, il faut calmer vos angoisses mais pas vous empêchez de pleurer. Je vous fais une ordonnance. Comment vous vous sentez là ?

    - Très fatiguée et parfois j’ai du mal à réaliser.

    - J’espère que vous allez pouvoir vous reposer maintenant.

    - Oui, je pensais aussi quand j’étais jeune nous étions quatre à la maison et je reste seule.

    - Mais oui.

    - Pensez aux bons moments qui vous attendent, recherchez les plaisirs de la vie.

    - Oui justement c’est bien compliqué depuis quelque temps.

    - Oui ce n’est pas étonnant que vous n’ayez pas envie de parties de jambes en l’air avec tout ce qui s’est passé.

    - Non mais mon mari ne comprend pas toujours, hier soir il était très fatigué lui aussi je pense que là il comprend et j’étais bien contente.

    - Tenez je vous cite une phrase de Don Helder Camara : La vieillesse est extérieure mais pas intérieure.

    - Ah oui, mon père disait à mon second fils duquel il était proche ; Profite de la vie car elle est courte et ça passe très vite.

    - C’est très juste.

    Il me raccompagne, demande si j’ai d’autres rendez-vous, je réponds que j’en ai un 10 jours plus tard.

    Je repars sonnée d’avoir pleuré surtout.

    C’est quand même très difficile les jours qui suivent surtout que mon changement de traitement ne favorise pas le sommeil alors les nuits trop courtes m’angoissent et me dépriment.

     

     

     


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