• A cette période,(début 2000) je lis beaucoup de livres sur l'inceste, j'en ai encore acheté un nouveau, mon psy à qui j'en ai parlé me demande:


    - Jusqu'à quand vous lirez ce genre de livre?

    " Jusqu'à ce que j'en ai marre, j'en ai besoin encore.

    - Pourquoi? vous en comprenez quoi?

    " Cela m'aide à comprendre pourquoi je vais mal.

    - Quand verrez vous que vous en aurez assez?

    " Quand je serai sortie de tout cela.

    - Comment verrez vous que vous en serez sortie?

    " Quand j'y penserai moins, j'y pense tout le temps, je fais des cauchemars.

    - Quelle différence y-a-t-il entre les rêves et les cauchemars?

    " C'est la fin qui est différente.

    - Oui, comment?

    " Les rêves finissent bien, et les cauchemars ne finissent pas, on se réveille quand c'est le plus difficile.


    - OK, comment peut on faire pour continuer un cauchemar et qu'il se finisse bien?

    " Eh bien par exemple, l'an dernier, j'avais fait un cauchemar terrible qui m'avait profondément marquée.
    J'avais rêvé ce qui m'est arrivé en fait.

    - Pensez à la fin, comment pouvez vous l'envisager favorablement?

    " Eh bien, une voisine n'entendait pas mes cris, elle aurait entendu.

    - Qu'aurait elle fait?

    " Elle serait venue

    - Et vous auriez pu faire quoi?

    " Me défendre

    - Comment?

    " En me débattant

    - Encore?

    " En donnant des coups de pieds

    - Ou?

    " Je sais pas (larmes, c'est bien trop dur)


    - Si, vous savez

    " C'est trop dur, je ne peux pas


    - Oui c'est dur, allez vous y êtes presque

    " NON

    - Si, en donnant des coups de pieds dans les roupettes et encore?

    " Je sais pas (je suis effondrée) je me sauvera
    is

    - Mme Pâquerette, Mme Pâquerette?, regardez

    " (Je le regarde, il bouge la mâchoire) en mordant

    - Oui c'est cela, en mordant, et je vous assure que les dents d'une petite fille de 11 ans, ça fait très mal et il y a autre chose que vous pourriez faire, c'est écraser les testicules dans les mains, ça fait très mal ça aussi, après vous vous sauvez.

    (Je ne dis plus rien, impossible, je ne fais que pleurer, rien que d'imaginer toucher, c'est trop dur pour moi)

    En imaginant cette fin à votre cauchemar, cela change tout

    " Mais dans ce cauchemar, on était adultes en fait.

    - Qui "on"?

    " Mon frère et moi

    - Cela ne change rien, sinon que des dents et des mains d'adulte, ça fait encore plus mal à des testicules d'adulte.

    (Quelle horreur, cela me dégoutte de penser à ça)


    Bon avant de terminer, je veux que ce soir vous repensiez à tout cela, tout ce que l'on vient de dire, cette fin là.
    Et puis, vous allez faire autre chose: tous les livres que vous avez sur l'inceste, vous arrêtez de les lire, vous les mettez dans un sac poubelle et vous me les apportez. Quand ce sera fini, je vous les rendrez et vous les brulerez d'accord?

    " Je vais essayer

    - Vous n'allez pas juste essayer, vous allez le faire, c'est un ordre.


    (je lui ai redemandé deux ans plus tard, mais pas brulé, plus besoin)

    " Il y a autre chose qui m'empêche d'aller bien je crois, c'est que j'en veux à mon frère énormément et que je l'aime aussi comme un frère, c'est très ambigu.

    - Non, cela n'a rien d'ambigu, c'est normal, vous avez un amour fraternel pour lui, vous êtes du même sang, de la même famille, c'est génétique. Mais vous avez le droit de lui en vouloir, de le détester pour ce qu'il vous a fait.

    " Oui mais c'est difficile car s'il avait été encore vivant, on aurait pu essayer de faire la paix.

    - Oui mais il n'est plus là, et vous n'y pouvez rien. Nous parlerons du pardon, je vous expliquerez ce que vous pouvez faire pour pardonner, non pas à lui mais à vous, car on ne peut pardonner une chose pareille.

    " Non, je ne peux pas.

    - Bon si cela ne va pas, vous m'appelez, ne vivez pas avec les morts, je voudrais que la grande Pâquerette, s'occupe de la petite Pâquerette.

    " C'est dur après les séances, de toute façon je suis mal, le soir en rentrant j'ai envie de me fiche en l'air avec ma voiture.

    - Eh bien ce soir, vous n'aurez pas envie, mais ce que vous pouvez faire, c'est crier.

    " Oui je sens que j'en aurai besoin


    - En rentrant, vous garer votre voiture sur le côté, et vous criez, personne ne vous entendra. Vous pouvez jusqu'à en vomir si besoin.
    Et si cela ne va pas, je suis là jusqu'à 20H ce soir, vous m'appelez, n'hésitez pas. Allez nous avons travaillé ensemble, c'est très bien ce que nous avons fait ce matin.



    Je repars dans un état épouvantable, sans prendre de RV, je le ferai par téléphone. Je pleure dans le couloir, l'ascenseur, la rue. Je rejoins ma voiture et appelle une amie qui me réconforte et me dit que c'est surement la bonne thérapie, qu'il faut que cela fasse mal.

    La nuit précédant cette séance, j'avais fait un horrible cauchemar de coccinelles en grand nombre dans ma tête.

    La suite de cette journée dans un prochain article.

    A cette période,(début 2000) je lis beaucoup de livres sur l'inceste, j'en ai encore acheté un nouveau, mon psy à qui j'en ai parlé me demande:


    - Jusqu'à quand vous lirez ce genre de livre?

    " Jusqu'à ce que j'en ai marre, j'en ai besoin encore.

    - Pourquoi? vous en comprenez quoi?

    " Cela m'aide à comprendre pourquoi je vais mal.

    - Quand verrez vous que vous en aurez assez?

    " Quand je serai sortie de tout cela.

    - Comment verrez vous que vous en serez sortie?

    " Quand j'y penserai moins, j'y pense tout le temps, je fais des cauchemars.

    - Quelle différence y-a-t-il entre les rêves et les cauchemars?

    " C'est la fin qui est différente.

    - Oui, comment?

    " Les rêves finissent bien, et les cauchemars ne finissent pas, on se réveille quand c'est le plus difficile.


    - OK, comment peut on faire pour continuer un cauchemar et qu'il se finisse bien?

    " Eh bien par exemple, l'an dernier, j'avais fait un cauchemar terrible qui m'avait profondément marquée.
    J'avais rêvé ce qui m'est arrivé en fait.

    - Pensez à la fin, comment pouvez vous l'envisager favorablement?

    " Eh bien, une voisine n'entendait pas mes cris, elle aurait entendu.

    - Qu'aurait elle fait?

    " Elle serait venue

    - Et vous auriez pu faire quoi?

    " Me défendre

    - Comment?

    " En me débattant

    - Encore?

    " En donnant des coups de pieds

    - Ou?

    " Je sais pas (larmes, c'est bien trop dur)


    - Si, vous savez

    " C'est trop dur, je ne peux pas


    - Oui c'est dur, allez vous y êtes presque

    " NON

    - Si, en donnant des coups de pieds dans les roupettes et encore?

    " Je sais pas (je suis effondrée) je me sauvera
    is

    - Mme Pâquerette, Mme Pâquerette?, regardez

    " (Je le regarde, il bouge la mâchoire) en mordant

    - Oui c'est cela, en mordant, et je vous assure que les dents d'une petite fille de 11 ans, ça fait très mal et il y a autre chose que vous pourriez faire, c'est écraser les testicules dans les mains, ça fait très mal ça aussi, après vous vous sauvez.

    (Je ne dis plus rien, impossible, je ne fais que pleurer, rien que d'imaginer toucher, c'est trop dur pour moi)

    En imaginant cette fin à votre cauchemar, cela change tout

    " Mais dans ce cauchemar, on était adultes en fait.

    - Qui "on"?

    " Mon frère et moi

    - Cela ne change rien, sinon que des dents et des mains d'adulte, ça fait encore plus mal à des testicules d'adulte.

    (Quelle horreur, cela me dégoutte de penser à ça)


    Bon avant de terminer, je veux que ce soir vous repensiez à tout cela, tout ce que l'on vient de dire, cette fin là.
    Et puis, vous allez faire autre chose: tous les livres que vous avez sur l'inceste, vous arrêtez de les lire, vous les mettez dans un sac poubelle et vous me les apportez. Quand ce sera fini, je vous les rendrez et vous les brulerez d'accord?

    " Je vais essayer

    - Vous n'allez pas juste essayer, vous allez le faire, c'est un ordre.


    (je lui ai redemandé deux ans plus tard, mais pas brulé, plus besoin)

    " Il y a autre chose qui m'empêche d'aller bien je crois, c'est que j'en veux à mon frère énormément et que je l'aime aussi comme un frère, c'est très ambigu.

    - Non, cela n'a rien d'ambigu, c'est normal, vous avez un amour fraternel pour lui, vous êtes du même sang, de la même famille, c'est génétique. Mais vous avez le droit de lui en vouloir, de le détester pour ce qu'il vous a fait.

    " Oui mais c'est difficile car s'il avait été encore vivant, on aurait pu essayer de faire la paix.

    - Oui mais il n'est plus là, et vous n'y pouvez rien. Nous parlerons du pardon, je vous expliquerez ce que vous pouvez faire pour pardonner, non pas à lui mais à vous, car on ne peut pardonner une chose pareille.

    " Non, je ne peux pas.

    - Bon si cela ne va pas, vous m'appelez, ne vivez pas avec les morts, je voudrais que la grande Pâquerette, s'occupe de la petite Pâquerette.

    " C'est dur après les séances, de toute façon je suis mal, le soir en rentrant j'ai envie de me fiche en l'air avec ma voiture.

    - Eh bien ce soir, vous n'aurez pas envie, mais ce que vous pouvez faire, c'est crier.

    " Oui je sens que j'en aurai besoin


    - En rentrant, vous garer votre voiture sur le côté, et vous criez, personne ne vous entendra. Vous pouvez jusqu'à en vomir si besoin.
    Et si cela ne va pas, je suis là jusqu'à 20H ce soir, vous m'appelez, n'hésitez pas. Allez nous avons travaillé ensemble, c'est très bien ce que nous avons fait ce matin.



    Je repars dans un état épouvantable, sans prendre de RV, je le ferai par téléphone. Je pleure dans le couloir, l'ascenseur, la rue. Je rejoins ma voiture et appelle une amie qui me réconforte et me dit que c'est surement la bonne thérapie, qu'il faut que cela fasse mal.

    La nuit précédant cette séance, j'avais fait un horrible cauchemar de coccinelles en grand nombre dans ma tête.

    La suite de cette journée dans un prochain article.



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  • Difficile de vivre en cette année 2000, la famille surtout: un repas avec ma belle sœur (femme de mon frère) ou elle parle beaucoup de lui, je suis très mal à l'aise et très gênée, mon mari qui sait tout l'est autant.

    Je dois revoir ma généraliste pour renouveler mon antidépresseur. Je lui parle de mon changement de psychiatre, elle connait celui ci et dit qu'il est vraiment bien, elle a assisté à une de ses conférences. Elle me dit que je ne pourrais pas mieux tomber.
    Et puis comme je la sens assez proche, je lui livre mon passé incestueux, elle s'en doutait me dit elle !!! depuis que je lui avais dit quelques mots après mon intervention des hémorroïdes.
    Elle me dit: quel gâchis!!! elle s'intéresse, pose des questions, je lui parle de ma thérapie, de sos-inceste, cela me fait du bien de me livrer, elle me souhaite bon courage.
    Je suis assez remuée ensuite, comme à chaque fois que je le dis à une nouvelle personne.

    A ce moment là j'avais un énorme besoin de parler de cette nouvelle thérapie: à mon mari, à une amie, à mon médecin.

    Je fais beaucoup, beaucoup de rêves de sang, cela perturbe mes nuits.

    Assez vite dès Février, je me sens mieux, disons que ces périodes là sont plus longues et plus nombreuses.

    Chez mon psy, je le dis mais je ne sais pas pourquoi cela va mieux, j'ai peut être moins de problèmes avec le temps, je réussis à sortir jardiner, ce qui est et a toujours été une merveilleuse thérapie.




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  • Toujours en févier 2000




     Au cours de la semaine précédent la séance ou je dois faire trois lettres, il y a le groupe de parole à sos-inceste. Je suis angoissée pour y aller, mais une fois sur place, comme d'habitude j'y trouve chaleur et écoute.

    Je parle de l'annonce faite aux enfants, j'évoque la mort de mon frère, ce qui est encore très douloureux pour moi, et je rentre fatiguée, mais apaisée.


    C'est l'époque ou je fais beaucoup de cauchemars, j'ai souvent dans les bras un bébé dont je dois m'occuper, et soit, il a plein de problèmes, de malformations, soit je le fais tomber et il meurt, c'est terrible.


    C'est à cette période là aussi que je commence à prendre conscience que j'identifie mon fils aîné à mon frère, c'est plus que troublant, je me trompe souvent de prénom en pensant à lui. Et c'est quand je ne supporte pas ce qu'il fait, ce qu'il est..........

    Et cela me renvoie au manque de pudeur de mon frère qui se baladait nu dans la maison à 16 ans au moins.


    Le week end précédent la séance ou je dois apporter les lettres, je ne tiens plus et je ne résiste pas à faire la première. Je l'écris d'un jet, les idées affluent, dans les larmes je couche ma vérité sur une feuille: en gros je demande à mon frère pourquoi il m'a fait autant de mal, je lui dit qu'il a détruit ma vie d'enfant, d'adolescente et de femme. Je lui reproche d'être parti sans que l'on ait pu régler nos comptes etc........

    J'ai écrit dans les larmes, je suis bouleversée ensuite, mais soulagée quand c'est terminé.


    Dans la journée je suis dans un gros coup de blues, je trouve que la vie est triste, monotone.


    La veille de la séance chez mon psychiatre, j'écris les deux autres lettres:

    La seconde ,étant la réponse de mon frère, je mets qu'il ne pensait pas me faire autant de mal, que ce n'est pas aussi grave que cela etc..........

    La troisième est très courte; la réponse que j'aurais souhaitée recevoir c'est : PARDON de t'avoir fait du mal petite sœur.


    Jour "J" de séance, je suis très angoissée, je vais la relater ici sous forme de dialogue :


    • Dr: Alors?

    • P: Il y a des hauts et des bas.

    • Dr: C'est bien s'il y a des hauts, sur une échelle de 0 à 10, vous les situez à combien?

    • P: Pfffffffff, 5-6

    • Dr: 5 ou 6?

    • P: 6

    • Dr: bien et les bas?

    • P: 1

    • Dr: Ok

    • P: Cela a été dur en rentrant la dernière fois.

    • Dr: Le plus dur a été quoi?

    • P: J'étais très très angoissée tout le week-end et le lundi j'ai du avancer la date de cette séance.

    • Dr: Mais c'est comme une plaie qu'il faut gratter, faire saigner, cela fait très mal mais c'est pour guérir après. Quand vous allez mal, quelle est la personne qui vous parle en vous ?

    • P: Je ne sais pas.

    • Dr: Est ce le parent moralisateur qui dit: C'est pas bien, tu n'en fait pas assez, tu dois travailler, tu ne dois pas t'amuser......

    • P: Oui un peu.

    • Dr: Ou bien l'enfant qui a souffert, qui ne va pas bien, qui veut que l'on s'occupe de lui, veut se confier ? ou l'adulte qui a atteint une certaine maturité, qui veut profiter, se faire plaisir ?

    • P: Je crois que c'est plutôt l'enfant.

    • Dr: Oui parce que pour tout le monde il y a trois personnes en nous.

      (après un silence qui me paraît long)

    • P: Sinon j'ai fait les lettres.

    • Dr: J'attendais que vous m'en parliez, vous les avez?

    • P: Oui

    • Dr: Vous voulez me les donner ou pas?

    • P: Oui, j'ai écrit la première samedi dernier, je ressentais le besoin, mais cela a été très dur. Au début je me suis sentie soulagée, mais épuisée, et le lendemain je me sentais mal.

    • Dr: Vous pensiez à quoi quand vous étiez mal?

    • P: A la vie qui n'est pas intéressante, je ne me raccroche à rien, c'est comme quelque chose de très profond qui revient.

    • Dr: Oui ?

    • P: Mais il y a quelque chose qui me gêne.

    • Dr: Oui

    • P: Cela me culpabilise d'en vouloir à mon frère parce qu'il est mort.

    • Dr: Mais cela ne change pas les faits, et la culpabilité était en vous avant de faire la lettre sans doute ?

    • P: Oui

    • Dr: La culpabilité se retourne contre vous, et vous empêche de vivre, de vous en sortir, c'est un moyen de maintenir le lien avec votre frère, mais il faut laisser les morts ou ils sont et ne pas vivre avec eux.

    • P: Il y a autre chose qui me tracasse en lien avec la culpabilité, mais je n'arrive pas à en parler (larmes +++).

    • Dr: C'est dur, mais il faut vous décharger de cela.

    • P: (en me cachant le visage avec les mains et en pleurant) C'est par moment, je me culpabilise car j'ai peur d'avoir eu du plaisir.

    • Dr: Mais cela ne change rien; il peut y avoir plaisir, excitation, mais vous avez subi. Et en plus, c'est un viol incestueux, vous n'avez pas pu ressentir grand chose, vous aviez 11 ans?

    • P: Oui

    • Dr: et votre frère?

    • P: 16, non, 15

    • Dr: Cela ne change rien, justement cela enlève toute implication de votre part, vous n'êtes pas coupable.

    • P: Et en plus je ne savais pas ce qui m'arrivait et je pleurais, mais j'aimerais me rappeler de tout, avant et après, je ne me souviens que du viol.

    • Dr: Vous rappeler pour savoir si vous êtes coupable?

    • P: Non, pour être sure que je ne suis pas coupable.

    • Dr: Vous étiez une enfant, il y a des jeux d'enfants et des jeux d'adultes que l'on n'a pas le droit de faire subir à une petite fille. Mais si vous voulez vous rappeler, on pourrait travailler sur la mémoire par différentes techniques.

      On retravaillera tout cela et on laissera ensuite la cicatrice se mettre en place.

      Vous n'étiez coupable que d'ignorance.

      Si cela ne va pas ensuite, écrivez votre colère, cela soulage.

    • P: Je ne vous l'avais pas dit, mais j'écris mon journal intime depuis 4 ans.

    • Dr: C'est bien, mais il faudra arrêter un jour pour passer à autre chose.

    • J'écris surtout le présent, ce que je vis, mais pas des choses comme les lettres.

    • Dr: C'est très fort et c'est bien de l'avoir fait, c'est très courageux et un bon moyen de s'en sortir (il les a lues tout haut, pas facile pour moi encore) et les a rangées dans mon dossier.

    • P: Je les ai faites d'un jet, sans réfléchir, et je n'ai pas mis plus de quinze minutes.

    • Dr: Si Pâquerette adulte, voit Pâquerette 11 ans, est ce qu'elle se sent coupable?

    • P: Bien sur que non, puisque je ne savais pas ce qui m'arrivait.

    • Dr: Ah j'aime Pâquerette qui dit cela.

      Occupez vous de l'enfant en vous, parlez lui, rassurez la, ce qu'elle n'a jamais eu.

    • P: Oui on ne m'avait jamais dit que je n'étais pas coupable, puisque je ne pouvais pas en parler de cette culpabilité.

    • Dr: Bon si cela ne va pas, vous m'appelez et maintenant, vous refermez le tiroir, on reprendra tout cela la prochaine fois.

    • P: Oui c'est dur de réussir cela.



     Je ne suis pas mal en sortant je me sens plus légère, j'ouvre le tiroir le soir pour écrire ma séance, afin de pouvoir le refermer ensuite.


     La nuit qui suit je fais un rêve très significatif: je suis dans une piscine d'eau sale et gluante avec plein d'algues, et quand j'allais au fond, j'avais beaucoup de mal à remonter. (Cela veut bien dire que je suis dans la mouise, dans la saleté et que je suis loin de remonter vers le propre, en tout cas que c'est difficile )

    Au réveil c'est migraine et nausées !!!Quel travail cette thérapie, mais c'est pour aller vers du mieux, cela reste quand même un parcours du combattant.





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  • Cette 2ème séance chez mon psy comportementaliste


    - Alors comment avez vous franchi l'année ?
    - Je me sens mieux depuis les fêtes
    - C'est toujours comme ça ?
    -
    Oui
    - Quand vous pensez à la fête, qu'est-ce qui vous vient à l'idée ?
    - Se réjouir, s'amuser, et c'est souvent impossible, c'est presque toujours même, j'ai souvent une migraine qui gâche.
    - C'est impossible de faire la fête ou d'avoir du plaisir ?
    - Impossible de faire la fête
    - Savez vous pourquoi ?
    - Je pense que c'est lié à mon histoire, j'éprouve de la culpabilité
    - Vous la relier à quoi ?
    - A la culpabilité au moment du viol, de ne pas avoir crié, d'être restée là
    - Vous auriez pu faire autre chose ?
    - Non !
    - Si Pâquerette (47ans) regarde Pâquerette (10ans), que ferait elle si un homme voulait l'agresser ?
    - Je me sauverais, je crierais, je ferais du mal, je me défendrais.
    - Pâquerette (47ans) peut dire à la petite fille : Je ne me laisse pas faire, c'est horrible ce que tu as subi, mais la fin est différente. Et il n'y a que comme cela que vous pouvez vous en sortir, car là vous traînez votre douleur, vous ne savez pas vous réjouir, prendre du plaisir. Il faut trouver des petits moments de plaisir.
    - C'est compliqué, je n'ai pas la force, pas l'énergie.
    - On peut le faire plus compliqué si vous voulez y passer 10 ans.
    - Ah non !!!
    - Vous ressentez quel genre de souffrance ?
    - C'est de penser toujours à cette douleur que j'ai du enfouir.
    - Oui et qui vous a empêchée de vivre, qu'est ce qui vous parait le plus compliqué ?
    - Cette personne est morte et j'ai bien du mal avec cela. Je lui en ai beaucoup voulu quand le souvenir est revenu, mais comment en vouloir à un mort ?
    - Cela ne change pas les faits.
    - Oui mais je l'envie d'être mort quand je suis mal, il est parti et moi je suis restée avec ma douleur.
    - Vous avez envie de mourir à ce moment là ?
    - Oui
    - Pour ne plus être coupable ?
    - Pour ne plus souffrir, et je lui en veux d'être parti avant que j'aie pu régler mes comptes
    - Cela, vous pourriez le faire.
    - Mais comment ?
    - On peut y réfléchir tous les deux.
    Bon pour la prochaine fois, si vous pouviez faire 3 lettres : Une à votre agresseur en lui disant tout ce que vous avez envie de lui dire avec vos mots à vous, comme vous le sentez et le pensez.
    La seconde sera la réponse de cette personne là.
    La troisième sera la réponse que vous auriez aimé avoir.
    Si c'est trop difficile, ne le faites pas, mais si vous pouvez, écrivez les la veille de la prochaine séance, ou le matin car si cela ne va pas, on en reparlera.

    Bien un travail comportemental comme cela, vous convient ?
    - Oui, à quel rythme ?
    - Normalement c'est toutes les trois semaines, mais si Pâquerette adulte, a besoin, elle peut m'appeler pour venir avant et nous rapprochons les séances, vous n'avez plus 10 ans !!!

    Séance de larmes pour moi, je suis dans un état déplorable pour reprendre un RV près de la secrétaire.
    La suite avec le retour est rempli d'émotions et de fatigue.

    En rentrant à la maison j'ai une visite, et je dois aussi gérer le quotidien avec les enfants et mon travail de famille d'accueil, c'est très très dur.

    Dans la soirée je peux échanger avec mon mari, oh que cela soulage.

    Trois jours après, la tête trop pleine, je me décide à avancer mon RV d'une semaine, je pense trop à l'écriture des lettres et cela me travaille beaucoup.



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  • FIN DECEMBRE 1999

    Dernier RV chez la psychiatre, je suis hyper stressée, j'ai décidé de lui dire fermement cette fois que je désire arrêter avec elle, pas facile!!!

    Je vais relater ici un rêve que j'ai fait la nuit précédente et très significatif:

    "Je rêve que je suis obligée de passer dans un tunnel très étroit, rocheux et noir et il n'y a pas de place pour le corps, mais cela a la consistance de la mousse, ça s'écrase quand on appuie sur les bords, mais je renonce à passer car j'ai trop peur"

    La psychiatre qui me parle toujours de résistance au changement par peur, si ce n'est pas parlant ce rêve!!!

    En séance, je réussis à lui dire ma décision, après avoir passé la première moitié  dans l'angoisse à parler d'autre chose.
    Et là elle m'entend, elle demande pourquoi. Je lui dis que je trouve que je n'avance plus avec elle.
    Elle me dit qu'il faudra que je vois quelqu'un pour mon traitement antidépresseur, je lui réponds que je demanderai à mon médecin généraliste.
    Elle pointe: sachez qu'il vous reste un travail à faire sur l'inceste (tiens donc, depuis 3 ans 1/2 que j'essaie avec elle !!! ) et sur la relation à votre mère (elle a vu juste, je le ferai beaucoup, beaucoup plus tard (5ans)
    Et puis: continuer votre traitement pendant au moins 6 mois. Et ma porte est toujours ouverte ( ils disent tous cela)

    Je repars dans un état d'émotion intense, j'ai beaucoup pleuré et je me sens très mal, maintenant je sais que cette séparation était liée au fait que cette psychiatre avait figure de mère, très douloureux pour moi !!!

     Je me réfugie dans un café pour écrire un peu, ce qui me libérera en partie, puis je retrouve deux amies pour déjeuner, je leur raconte un peu et évacue encore.


     Je rentre à la maison épuisée en milieu d'après midi et je m'allonge un peu sur le canapé, je n'arrive pas à me détendre, ma tête est trop pleine.
     Mon mari rentre du travail, je ne fais que pleurer et lui dis :
    - J'ai quelqu'un d'autre ( quelle maladresse, il s'est imaginé un autre homme l'espace d'un instant) je le rassure bien vite et lui parle de mon changement de psychiatre, il n'est pas contre du tout, il me voyait tellement mal au retour des séances, il est même soulagé. Nous sommes dans l'émotion et je peux lui dire que je l'aime et que je ne pourrai pas vivre sans lui.

    Soirée à son entreprise ensuite, je suis très vite submergée par la fatigue, c'est trop dur.

    Trois jours après je me sens encore très triste de cette séparation. J'ai un vrai travail de deuil à effectuer.

    Peu après , mon mari me dit qu'il trouve que j'ai changé, avant je criais beaucoup sur les enfants comme ma mère, plus maintenant.

    Ce jour de Noel 1999 est difficile pour moi en famille (celle de mon mari) je dois dire que j'ai fait encore des cauchemars d'agression la nuit précédente. Et puis personne ne semble s'intéresser à moi, focément je cache tellement bien ma souffrance, elle n'est pas visible du tout, je pense que si je n'étais pas là ce serait pareil, j'ai encore des idées noires. Je trouve la vie vide de sens. Les larmes coulent le soir de ce Noel triste.

    Le 30 Décembre, pour me remonter le moral je téléphone à sos-inceste, l'écoute me rassure, me fait vraiment du bien, une lueur dans ce ciel noir de fin d'année.


     Le 31, je raisonne un peu : Nous changeons d'année, de siècle, de millénaire, il faut que les choses changent pour moi, je veux être heureuse maintenant (si la volonté suffisait)





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