•   Ce passé:



    C'était toujours en Février 2000, les idées noires affluent et je pense que pour arrêter cela il n'y a qu'un moyen, heureusement l'équipe de sos-inceste m'en évoque d'autres, parler en l'occurrence plutôt que le moyen radical pour leur dire que je souffre +++

     Nouvelle séance chez mon psychiatre:

     Je suis hyper stressée comme toujours. En arrivant chez lui, je lui remets tous mes livres sur l'inceste comme il me l'avait demandé. Je me trouve ridicule avec ce paquet, enfin je joue le jeu, je les pose sur l'autre chaise avec ma veste dessus.

    - Alors c'est comment depuis que l'on s'est parlé au téléphone ? C'est bien d'être revenue et vous avez bien fait de me téléphoner.

    " Oui, parce que je n'étais pas trop bien de tout le week end.

    - Vous vous êtes sentie mieux après le téléphone ?

    " Pas trop encore, c'était dur et j'ai été tout le week end comme cela.

    - Vous ressentiez vos angoisses physiquement ?

    " Oui, mais c'était dans la tête aussi, j'ai essayé de tenir le lundi. Je suis allée à un RV de kiné l'après midi et en rentrant en voiture, j'avais encore des idées noires, envie de faire des bêtises, c'est pour cela que j'ai repris un RV en rentrant.

    - C'est bien d'avoir détourné cela et d'avoir agi d'une autre façon, et après ?

    " Le mardi, ça allait mieux, j'ai des activités et ça a été. Et puis mercredi j'ai eu un gros coup et depuis ça ne va pas de nouveau. J'avais rv chez la psychothérapeute qui fait du focusing, je vous en avais parlé au début.

    - Ah oui.

    " Et puis j'y vais seulement une fois par mois depuis que je viens ici et mercredi elle m'a dit que je ferais mieux d'arrêter chez elle.

    - Pourquoi?

    " Elle ne voyait pas ce que j'avais comme objectif, elle n'avait pas senti la séance, je sentais qu'elle ne voyait plus tellement comment m'aider et moi j'étais mal, alors je me suis sentie abandonnée et trahie.

    - Oui, mais c'est très fréquent qu'en thérapie, on ne peut pas toujours aider, vous, vous faites une part du travail et la thérapeute fait l'autre, c'est pour cela que moi j'appelle les gens des clients et non des patients. Mais quand l'un se sent limité par rapport au travail, il vaut mieux arrêter. C'est comme une roue qui tourne, vous avez été aidée un moment par Mme V, par Mme P, par moi maintenant, et peut être qu'il y en aura d'autres après.

    " Oui, mais parfois je me demande combien de temps encore, et à la fois je ne me sens pas me débrouiller seule.

    - Vous voyez cela sur combien de temps?

    " Je ne sais pas du tout.

    - Alors dites un peu, juste pour rire.

    " Je ne sais pas !!!

    - Si vous mettez un objectif par rapport à cette année ?

    " Et bien, il y a toujours deux périodes ou je me sens mal dans l'année, c'est juin-Juillet et Novembre- Décembre. Je me disais que cette année j'aimerais être mieux à ces périodes là.

    -  C'est quoi pour vous être mieux?

    " Eh bien, sans mettre la barre trop haut, je ne demande pas d'avoir du plaisir à faire toutes choses, mais ne pas être dans la contrainte perpétuelle.

    - Quelles choses?

    " La vie de tous les jours, les sorties aussi. Mais même si je ne suis pas très bien en ce moment, je suis sous antidépresseur depuis 2 mois, alors quand j'arrêterai !!!

    - Ce n'est même pas la peine d'y penser encore, et pratiquement, c'était quoi être mal ?

    " Les angoisses, plus de sommeil, les idées noires, me sentir mal quoi.

    - Bon, mettons comme objectif qu'en Juin, on diminue l'antidépresseur.

    " Oui, d'accord. Mais quand je repense à la psychothérapeute (et cela ne me sort pas de la tête) à tout ce qui s'est dit chez elle, je me sens trahie.

    - Cela a été une période et ça vous a permis d'avancer.

    " Oui, c'est depuis que je viens chez vous, je pense qu'il ne se passe plus grand chose chez elle.

    - Que voulez vous dire?

    " Eh bien j'étais allée chez elle, car je ne supportais plus les séances chez Mme V, c'est pour cela que mon médecin m'avait adressée à elle et cela m'a bien aidée.
    Mais elle m'a redonné un RV pour travailler deux choses: les idées noires et la dévalorisation car j'ai ressenti chez elle que je n'intéressais personne et que j'ennuyais tout le monde.

    - Vous englobez qui dans le "tout le monde" ?

    " Ma famille, mes amies.

    - Et moi, vous allez trouver quoi qui puisse m'embêter?

    " !!! Oui justement, je pensais que pour les professionnels ce n'était pas pareil, là je me dis qu'elle en a eu assez de mes histoires.

    - Mais elle ne savait peut-être plus comment vous aider !!!
    A quoi pouvez vous penser de positif par rapport à cela ? mais qui vous déçois ?

    " Peut être qu'elle a ses limites, mais je ne sais pas si j'irai au prochain RV, je lui téléphonerai.

    - Croyez vous que c'est bien pour terminer un  travail ?

    " Non, je ne serai pas bien après. J'ai même pensé sur le coup de la colère, laisser un message sur son répondeur.

    - Et vous pensez que ce serait bien?

    " Non.

    - Essayez d'aller à cette dernière séance, et essayez d'imaginer ce qui se passera.

    " Je crois que je serai remplie d'émotion et que je ne ferai que pleurer.

    - Vous pensez que ce sera une bonne fin ?

    " Non.

    - Réfléchissez à ce que vous pourriez dire.

    " Et bien, peut être qu'elle a sans doute raison, qu'il vaut mieux arrêter.

    - Oui, et si d'ici un moment ou plus tard, vous avez envie de focaliser sur un épisode de votre enfance, vous pourrez y retourner.

    " Ce qui est dur c'est que je ne m'y attendais pas du tout.

    - Oui, tout ce qui  nous arrive, qui nous surprend fait encore plus mal.
    Mais j'aime bien les réflexions que vous faites par rapport à elle, c'est très juste. Et c'est comme un petit enfant, il croit avoir tout l'amour de ses parents et quand il se rend compte que ce n'est pas vraiment cela il souffre.
    On en avait parlé la dernière fois, il y a l'adulte en vous et l'enfant, l'adulte qui veut vivre, prendre du plaisir.
    Avez vous apporté mes livres?

    " Oui, (je lui donne le sac)

    - Vous n'en avez plus chez vous?

    " Non.

    - Rassurez vous, je ne veux pas les vendre, je vous les rendrai en Juin, vous lisez quoi en ce moment?

    " J'avais un livre en cours, et je l'ai repris c'est "la folle allure" de Christian Bobin.

    - Bon

    " Par rapport à samedi dernier, j'ai réussi à dire que je n'étais pas bien aux enfants seulement le soir, et nous avions une sortie en famille, j'étais mal encore, mais mon mari et ma fille ne voulaient pas aller sans moi, alors j'ai caché encore mon état et je suis allée quand même.

    - Comment vous faites?

    " Je pense que j'ai l'habitude de réussir à cacher

    - C'est positif cela.

    " Non, parce que je n'avais vraiment pas envie, j'étais très fatiguée.

    - Oui, mais vous avez évité de vous enfoncer dans la maladie.

    " Par rapport à la famille de mon mari, je cache toujours mon état et parfois j'en ai assez, je voudrais dire pourquoi je ne suis pas bien.

    - Et ce serait un éclat ?

    " Je ne sais pas, mais parfois je n'en peux plus.

    - Plus on dit pourquoi l'on souffre, moins c'est lourd. Mais il faut raconter les choses à fond, les raconter pour vous, à vous.

    " Mais moi je dis juste ce qui m'est arrivé sans plus, je l'ai dit à ma généraliste il y a 15 jours et à 2 ou 3 amies.

    - Oui, mais ce n'est pas en détail, si vous voulez, on pourra prendre le temps ici, prendre une heure ou deux s'il le faut et tout raconter, il faudra le faire.

    " Hum, à sos-inceste, je suis étonnée comme certaines personnes racontent avec les détails, je ne pourrais pas en groupe en plus.

    - Je ne vous dis pas en groupe, mais ici.

    " Mercredi, je n'étais pas bien après la séance du matin et j'hésitais pour aller au groupe de parole, mon mari n'était pas trop d'accord, mais je ne supportais plus personne à la maison, et j'avais besoin de prendre ma voiture et de partir.
    Cela dure à peu près 2H, c'était dur, je suis même sortie, puis 15 minutes avant la fin, les bénévoles m'ont aidée à parler, je me suis effondrée en parlant mais tout le monde a été très encourageant, réconfortant, et cela m'a fait du bien.
    Les bénévoles me disent qu'elles savent que je m'en sortirai, moi je doute.

    - Bon, je pense aussi que vous avez envie de vous en sortir. Vous avez une plaie qu'il faut décaper, faire saigner, enlever la croute avant de la laisser cicatriser et c'est long tout ça.

    " Les autres racontent avec une facilité..........

    - Oui, mais il y a longtemps qu'ils se souviennent de tout avec les détails. Vous, cela fait quelques mois, ce n'est pas vrai?

    " Oui

    - Cela vous dirait d'écrire?

    " Mais j'écris déjà tous les jours.

    - Vous écrivez des choses positives?

    " J'écris ce que je vis et ce que je ressens.

    - Eh bien, cela doit être beau. Non, je vais vous demander d'écrire tout ce qu'il y a de positif dans une journée, même si ce n'est que mettre du ketchup dans les pâtes; tout ce qui a pu vous faire plaisir.

    " Oui, mais je l'écris sur mon journal ?

    - Non, vous ne l'écrivez plus pour vous, vous écrivez pour moi, sur la page de gauche d'un cahier à spirales, vous écrivez ce qu'il y a de positif, et sur la page de droite, ce qui est négatif, et vous l'apporterez la prochaine fois.

    " La psychothérapeute m'a fait perdre confiance en moi l'autre jour, parce qu'elle m'a dit: qu'est ce qui vous empêche de tourner la page ?

    - Bon, pendant un moment est ce que vous ne croyez pas que vous pourriez venir toutes les semaines ?

    " Oui, j'y pensais.

    - On va essayer de trouver un RV pour la semaine prochaine.

    " J'en ai un déjà.

    - D'accord, on va devoir s'arrêter là. Mais ce que vous pourriez faire aussi c'est prendre du temps dans la journée pour penser à votre problème, 30 minutes, pas plus, pas moins, ou vous vous isolez dans votre chambre et vous ne pensez qu'à ça. Vous reprenez vos activités ensuite en pensant à autre chose.

    " Oui, mais cela revient toujours dans la tête.

    - Eh bien quand cela revient, vous vous dites: non pas maintenant, plus tard je prendrai le temps pour y penser, et cela 3 ou 4 fois par jour s'il le faut, et à force de vous y replonger, vous finirez par en avoir assez.
    Cela marche, je le sais par expérience. Nous en reparlerons la prochaine fois.


    Séance très riche, épuisante, pleine d'émotions, mais je me sens vraiment aidée.



     

     


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  • Une séance chez ma psychothérapeute:


     Cette séance ne se passe pas très bien, et c'est la première fois que je ressens cela. A deux reprises je veux dire des choses, et elle ne m'en laisse pas le temps.
     On aborde la colère que je n'arrive pas à sortir, ce serait pourtant bénéfique.

     A la fin, elle me demande de redéfinir mes objectifs car elle n'a pas senti la séance. Je suis assez surprise, et elle me dit que quand c'est comme cela, elle ne peut pas travailler.

     C'est très difficile pour moi, je ne m'y attendais pas du tout, et je fonds en larmes. Elle me dit que si cela ne va pas , de reprendre un RV.
    Je comprends qu'elle veut mettre fin à cette thérapie, comme cela sans le prévoir, sans prévenir, quel professionnalisme!!!

     Je n'arrive pas à partir, quand elle me demande si cela va en ouvrant sa porte, je m'effondre. Elle me fait dire ce que je ressens: abandon, manque d'intérêt pour les autres, dévalorisation, peur.

     Elle me redonne un RV et propose de travailler sur cette réaction la prochaine fois car c'est lié à la relation avec ma mère.

     La prochaine sera la dernière séance.

    Le retour à la maison et l'après midi qui suit ne sont pas faciles. Heureusement je réussis à aller m'aérer avec la fillette que j'accueille.

     Le soir c'est le groupe de parole de sos-inceste. Je me sens mal, je contiens en écoutant les autres, puis une bénévole m'aide à parler et je vide mon sac, c'est une journée douloureuse car cella aurait été l'anniversaire de mon frère. Sa mort n'a pas réglé la souffrance des abus. Le sentiment d'abandon en ce jour lié à mon histoire n'a pas été amorti par la séance de thérapie!!!
     Je n'arrive pas à en vouloir à mon frère, mais là en pleurant, je crie ma colère contre lui. C'est fatigant, épuisant mais sain.

     La soirée, comme la journée a été épuisante, mais j'ai reçu du réconfort de la part des deux bénévoles qui animaient le groupe, je rentre vidée, mais soulagée, réconfortée.


     



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  •  L'après midi qui a suivi, je voulais me détendre, mais c'est impossible, les idées noires affluent.
     Je rappelle le psy et lui dis mon angoisse, il me dit que c'est normal et qu'il est très content du travail fait ce matin, que c'était un gros morceau, et compare à un éclis que l'on a sous la peau, on le titille, cela fait encore plus mal............

     Il me dit que je peux le rappeler d'ici ce soir si cela ne va pas, ou si je veux qu'il me rappelle pendant le week end, il suffit de le dire à sa secrétaire. Et si lundi ce n'est pas mieux, le rappeler pour se voir la semaine prochaine et revoir tout cela. En attendant, essayer de faire des choses qui font plaisir.
     Bon je me sens soutenue, c'est déjà beaucoup.

     Je lui ai dit aussi que ce n'est pas facile en famille, il conseille de leur dire ce qui se passe et prévenir que je ne vais peut être pas être bien pendant un moment.
     Je ne veux pas inquiéter les enfants, il dit que c'est mieux que de ne rien dire, et de montrer que cela ne va pas.

     Il ajoute qu'il est prêt à parler à qui que ce soit au téléphone si besoin, et de leur dire que ce n'est pas à moi de porter la famille en ce moment, de me faire entourer.

     Je lui dis que par moment je me dis: à quoi bon? et il réplique, comment ça a quoi bon? il faut s'en sortir pour vous et votre entourage, même si cela fait mal, c'est le seul chemin. N'hésitez pas à prendre un peu d'anxiolitiques.

     Il a dit aussi qu'avant je faisais des choses pour essayer d'aller mieux et que j'allais toujours aussi mal, que ce n'était pas la bonne voie et qu'il faut chercher autre chose.

     Bon je me sens soutenue, c'est déjà beaucoup.

    Quelle journée folle d'angoisse!!!


    Le lendemain matin, mon fils de 20 ans me demande si je vais mieux que la veille!!! je lui réponds oui. Il me dit que cela se voyait cet état d'angoisse.

    Pendant le déjeuner, je leur explique que j'avais eu une séance de thérapie difficile, qu'il ne faut pas qu'ils s'inquiètent. Ils me répondent qu'ils ne s'inquiètent pas!!!

    Le lundi suivant, je reprends un RV chez le psychiatre pour la fin de semaine, c'est un minimum une fois par semaine en ce moment.


     

     


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  • A cette période,(début 2000) je lis beaucoup de livres sur l'inceste, j'en ai encore acheté un nouveau, mon psy à qui j'en ai parlé me demande:


    - Jusqu'à quand vous lirez ce genre de livre?

    " Jusqu'à ce que j'en ai marre, j'en ai besoin encore.

    - Pourquoi? vous en comprenez quoi?

    " Cela m'aide à comprendre pourquoi je vais mal.

    - Quand verrez vous que vous en aurez assez?

    " Quand je serai sortie de tout cela.

    - Comment verrez vous que vous en serez sortie?

    " Quand j'y penserai moins, j'y pense tout le temps, je fais des cauchemars.

    - Quelle différence y-a-t-il entre les rêves et les cauchemars?

    " C'est la fin qui est différente.

    - Oui, comment?

    " Les rêves finissent bien, et les cauchemars ne finissent pas, on se réveille quand c'est le plus difficile.


    - OK, comment peut on faire pour continuer un cauchemar et qu'il se finisse bien?

    " Eh bien par exemple, l'an dernier, j'avais fait un cauchemar terrible qui m'avait profondément marquée.
    J'avais rêvé ce qui m'est arrivé en fait.

    - Pensez à la fin, comment pouvez vous l'envisager favorablement?

    " Eh bien, une voisine n'entendait pas mes cris, elle aurait entendu.

    - Qu'aurait elle fait?

    " Elle serait venue

    - Et vous auriez pu faire quoi?

    " Me défendre

    - Comment?

    " En me débattant

    - Encore?

    " En donnant des coups de pieds

    - Ou?

    " Je sais pas (larmes, c'est bien trop dur)


    - Si, vous savez

    " C'est trop dur, je ne peux pas


    - Oui c'est dur, allez vous y êtes presque

    " NON

    - Si, en donnant des coups de pieds dans les roupettes et encore?

    " Je sais pas (je suis effondrée) je me sauvera
    is

    - Mme Pâquerette, Mme Pâquerette?, regardez

    " (Je le regarde, il bouge la mâchoire) en mordant

    - Oui c'est cela, en mordant, et je vous assure que les dents d'une petite fille de 11 ans, ça fait très mal et il y a autre chose que vous pourriez faire, c'est écraser les testicules dans les mains, ça fait très mal ça aussi, après vous vous sauvez.

    (Je ne dis plus rien, impossible, je ne fais que pleurer, rien que d'imaginer toucher, c'est trop dur pour moi)

    En imaginant cette fin à votre cauchemar, cela change tout

    " Mais dans ce cauchemar, on était adultes en fait.

    - Qui "on"?

    " Mon frère et moi

    - Cela ne change rien, sinon que des dents et des mains d'adulte, ça fait encore plus mal à des testicules d'adulte.

    (Quelle horreur, cela me dégoutte de penser à ça)


    Bon avant de terminer, je veux que ce soir vous repensiez à tout cela, tout ce que l'on vient de dire, cette fin là.
    Et puis, vous allez faire autre chose: tous les livres que vous avez sur l'inceste, vous arrêtez de les lire, vous les mettez dans un sac poubelle et vous me les apportez. Quand ce sera fini, je vous les rendrez et vous les brulerez d'accord?

    " Je vais essayer

    - Vous n'allez pas juste essayer, vous allez le faire, c'est un ordre.


    (je lui ai redemandé deux ans plus tard, mais pas brulé, plus besoin)

    " Il y a autre chose qui m'empêche d'aller bien je crois, c'est que j'en veux à mon frère énormément et que je l'aime aussi comme un frère, c'est très ambigu.

    - Non, cela n'a rien d'ambigu, c'est normal, vous avez un amour fraternel pour lui, vous êtes du même sang, de la même famille, c'est génétique. Mais vous avez le droit de lui en vouloir, de le détester pour ce qu'il vous a fait.

    " Oui mais c'est difficile car s'il avait été encore vivant, on aurait pu essayer de faire la paix.

    - Oui mais il n'est plus là, et vous n'y pouvez rien. Nous parlerons du pardon, je vous expliquerez ce que vous pouvez faire pour pardonner, non pas à lui mais à vous, car on ne peut pardonner une chose pareille.

    " Non, je ne peux pas.

    - Bon si cela ne va pas, vous m'appelez, ne vivez pas avec les morts, je voudrais que la grande Pâquerette, s'occupe de la petite Pâquerette.

    " C'est dur après les séances, de toute façon je suis mal, le soir en rentrant j'ai envie de me fiche en l'air avec ma voiture.

    - Eh bien ce soir, vous n'aurez pas envie, mais ce que vous pouvez faire, c'est crier.

    " Oui je sens que j'en aurai besoin


    - En rentrant, vous garer votre voiture sur le côté, et vous criez, personne ne vous entendra. Vous pouvez jusqu'à en vomir si besoin.
    Et si cela ne va pas, je suis là jusqu'à 20H ce soir, vous m'appelez, n'hésitez pas. Allez nous avons travaillé ensemble, c'est très bien ce que nous avons fait ce matin.



    Je repars dans un état épouvantable, sans prendre de RV, je le ferai par téléphone. Je pleure dans le couloir, l'ascenseur, la rue. Je rejoins ma voiture et appelle une amie qui me réconforte et me dit que c'est surement la bonne thérapie, qu'il faut que cela fasse mal.

    La nuit précédant cette séance, j'avais fait un horrible cauchemar de coccinelles en grand nombre dans ma tête.

    La suite de cette journée dans un prochain article.

    A cette période,(début 2000) je lis beaucoup de livres sur l'inceste, j'en ai encore acheté un nouveau, mon psy à qui j'en ai parlé me demande:


    - Jusqu'à quand vous lirez ce genre de livre?

    " Jusqu'à ce que j'en ai marre, j'en ai besoin encore.

    - Pourquoi? vous en comprenez quoi?

    " Cela m'aide à comprendre pourquoi je vais mal.

    - Quand verrez vous que vous en aurez assez?

    " Quand je serai sortie de tout cela.

    - Comment verrez vous que vous en serez sortie?

    " Quand j'y penserai moins, j'y pense tout le temps, je fais des cauchemars.

    - Quelle différence y-a-t-il entre les rêves et les cauchemars?

    " C'est la fin qui est différente.

    - Oui, comment?

    " Les rêves finissent bien, et les cauchemars ne finissent pas, on se réveille quand c'est le plus difficile.


    - OK, comment peut on faire pour continuer un cauchemar et qu'il se finisse bien?

    " Eh bien par exemple, l'an dernier, j'avais fait un cauchemar terrible qui m'avait profondément marquée.
    J'avais rêvé ce qui m'est arrivé en fait.

    - Pensez à la fin, comment pouvez vous l'envisager favorablement?

    " Eh bien, une voisine n'entendait pas mes cris, elle aurait entendu.

    - Qu'aurait elle fait?

    " Elle serait venue

    - Et vous auriez pu faire quoi?

    " Me défendre

    - Comment?

    " En me débattant

    - Encore?

    " En donnant des coups de pieds

    - Ou?

    " Je sais pas (larmes, c'est bien trop dur)


    - Si, vous savez

    " C'est trop dur, je ne peux pas


    - Oui c'est dur, allez vous y êtes presque

    " NON

    - Si, en donnant des coups de pieds dans les roupettes et encore?

    " Je sais pas (je suis effondrée) je me sauvera
    is

    - Mme Pâquerette, Mme Pâquerette?, regardez

    " (Je le regarde, il bouge la mâchoire) en mordant

    - Oui c'est cela, en mordant, et je vous assure que les dents d'une petite fille de 11 ans, ça fait très mal et il y a autre chose que vous pourriez faire, c'est écraser les testicules dans les mains, ça fait très mal ça aussi, après vous vous sauvez.

    (Je ne dis plus rien, impossible, je ne fais que pleurer, rien que d'imaginer toucher, c'est trop dur pour moi)

    En imaginant cette fin à votre cauchemar, cela change tout

    " Mais dans ce cauchemar, on était adultes en fait.

    - Qui "on"?

    " Mon frère et moi

    - Cela ne change rien, sinon que des dents et des mains d'adulte, ça fait encore plus mal à des testicules d'adulte.

    (Quelle horreur, cela me dégoutte de penser à ça)


    Bon avant de terminer, je veux que ce soir vous repensiez à tout cela, tout ce que l'on vient de dire, cette fin là.
    Et puis, vous allez faire autre chose: tous les livres que vous avez sur l'inceste, vous arrêtez de les lire, vous les mettez dans un sac poubelle et vous me les apportez. Quand ce sera fini, je vous les rendrez et vous les brulerez d'accord?

    " Je vais essayer

    - Vous n'allez pas juste essayer, vous allez le faire, c'est un ordre.


    (je lui ai redemandé deux ans plus tard, mais pas brulé, plus besoin)

    " Il y a autre chose qui m'empêche d'aller bien je crois, c'est que j'en veux à mon frère énormément et que je l'aime aussi comme un frère, c'est très ambigu.

    - Non, cela n'a rien d'ambigu, c'est normal, vous avez un amour fraternel pour lui, vous êtes du même sang, de la même famille, c'est génétique. Mais vous avez le droit de lui en vouloir, de le détester pour ce qu'il vous a fait.

    " Oui mais c'est difficile car s'il avait été encore vivant, on aurait pu essayer de faire la paix.

    - Oui mais il n'est plus là, et vous n'y pouvez rien. Nous parlerons du pardon, je vous expliquerez ce que vous pouvez faire pour pardonner, non pas à lui mais à vous, car on ne peut pardonner une chose pareille.

    " Non, je ne peux pas.

    - Bon si cela ne va pas, vous m'appelez, ne vivez pas avec les morts, je voudrais que la grande Pâquerette, s'occupe de la petite Pâquerette.

    " C'est dur après les séances, de toute façon je suis mal, le soir en rentrant j'ai envie de me fiche en l'air avec ma voiture.

    - Eh bien ce soir, vous n'aurez pas envie, mais ce que vous pouvez faire, c'est crier.

    " Oui je sens que j'en aurai besoin


    - En rentrant, vous garer votre voiture sur le côté, et vous criez, personne ne vous entendra. Vous pouvez jusqu'à en vomir si besoin.
    Et si cela ne va pas, je suis là jusqu'à 20H ce soir, vous m'appelez, n'hésitez pas. Allez nous avons travaillé ensemble, c'est très bien ce que nous avons fait ce matin.



    Je repars dans un état épouvantable, sans prendre de RV, je le ferai par téléphone. Je pleure dans le couloir, l'ascenseur, la rue. Je rejoins ma voiture et appelle une amie qui me réconforte et me dit que c'est surement la bonne thérapie, qu'il faut que cela fasse mal.

    La nuit précédant cette séance, j'avais fait un horrible cauchemar de coccinelles en grand nombre dans ma tête.

    La suite de cette journée dans un prochain article.



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  • Difficile de vivre en cette année 2000, la famille surtout: un repas avec ma belle sœur (femme de mon frère) ou elle parle beaucoup de lui, je suis très mal à l'aise et très gênée, mon mari qui sait tout l'est autant.

    Je dois revoir ma généraliste pour renouveler mon antidépresseur. Je lui parle de mon changement de psychiatre, elle connait celui ci et dit qu'il est vraiment bien, elle a assisté à une de ses conférences. Elle me dit que je ne pourrais pas mieux tomber.
    Et puis comme je la sens assez proche, je lui livre mon passé incestueux, elle s'en doutait me dit elle !!! depuis que je lui avais dit quelques mots après mon intervention des hémorroïdes.
    Elle me dit: quel gâchis!!! elle s'intéresse, pose des questions, je lui parle de ma thérapie, de sos-inceste, cela me fait du bien de me livrer, elle me souhaite bon courage.
    Je suis assez remuée ensuite, comme à chaque fois que je le dis à une nouvelle personne.

    A ce moment là j'avais un énorme besoin de parler de cette nouvelle thérapie: à mon mari, à une amie, à mon médecin.

    Je fais beaucoup, beaucoup de rêves de sang, cela perturbe mes nuits.

    Assez vite dès Février, je me sens mieux, disons que ces périodes là sont plus longues et plus nombreuses.

    Chez mon psy, je le dis mais je ne sais pas pourquoi cela va mieux, j'ai peut être moins de problèmes avec le temps, je réussis à sortir jardiner, ce qui est et a toujours été une merveilleuse thérapie.




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