•  La vie est toujours difficile pendant ce beau printemps. parce que je suis fatiguée physiquement et psychologiquement, j'ai beaucoup de mal en formation quand la formatrice aborde les abus sexuels, elle semble mal maîtriser le sujet, et mes questions la dérangent, elles les élucide souvent.

    Mais elle dit des inepties et j'ai beaucoup de mal à supporter, je souffre intérieurement, j'étais beaucoup moins à l'aise que 10 ans plus tard pour réagir.

    Par exemple: La maltraitance physique est très destructrice, les enfants sont complètement cassés. Alors qu'en cas d'inceste l'enfant sait que le parent est détraqué, qu'il fait mal. Bien entendu je suis horrifiée, je voudrais parler mais elle n'en laisse pas le temps, j'ai le cœur qui s'accélère et je me bloque.

    Elle parle aussi du suicide et dit que les personnes qui passent à l'acte pensent à la violence qu'ils infligent à leur entourage. Je réussis enfin à intervenir en disant qu'à ce moment là les gens ne doivent pas vraiment penser, mais qu'ils ont une telle douleur qu'ils veulent y mettre fin, c'est tout. Elle l'entend bien et détourne un peu ce qu'elle a dit, pffft.

    Elle dit que dans l'inceste, il y a très peu de pénétrations, que ce sont surtout des attouchements.

    Elle prétend que l'inceste n'étant pas reconnu par la loi, c'était vraiment différent du viol, je prends la parole parce que les autres boivent ses paroles. Je précise que le viol incestueux est un viol par personne ayant autorité ou par ascendant, donc un viol aggravé, tout le monde semble avoir mieux compris.

    Puis comme elle a expliqué le fonctionnement du père incestueux, avec l'annulation de la différence d'une génération, je demande si quand c'est un inceste frère-sœur c'est le même fonctionnement. elle dit que c'est différent, pour qu'il y ait inceste, il faut qu'il y ait 4 ans de différence ( ce n'est pas vrai, je l'ai appris depuis à l'association) et elle précise que c'est bien un inceste si la sœur n'est pas d'accord et qu'il y a viol. Ou que ce sont des jeux sexuels si la sœur est d'accord. Cela me choque mais je en dis rien, on sait bien que c'est beaucoup plus complexe que cela avec l'emprise, j'en savais beaucoup moins en 2001 c'est sur. Un instant après elle me demande si elle a répondu à ma question, je dis; oui.

    Ensuite pour enchaîner, elle parle des anciennes victimes qui selon elle, tombent dans la prostitution ou dans la psychiatrie, et pour elle il vaut encore mieux la prostitution, elle est beaucoup plus optimiste pour ces dernières, je me demande d’où elle tient ses sources. Cela me dépasse et je dis qu'en tout cas c'est bien destructeur et souvent pour très longtemps, elle est OK.

    Quand je rentre chez moi ce soir là, je crie dans ma voiture pour évacuer toute cette colère que j'éprouvais pendant cette journée de formation, c'est libérateur mais épuisant.

    J'ai même appelé mon psy ce soir là tellement j'étais mal, je lui ai fait part de mes insomnies et je lui annonce que mon père a un cancer, il me conseille pour mon traitement et avance mon rendez vous de quelques jours pour la semaine suivante, cela me réconforte vraiment.

    J'ai tout de même pris le temps d'aller passer 2H avec mon père à l'hôpital, il est paisible allongé dans son lit. J'ai vu une interne dans le couloir, elle est beaucoup moins optimiste que sa collègue, ils font des rayons pour soulager les douleurs, seulement pour ses vertèbres lombaires, on ne sait pas l'évolution. Elle se demande ce que mon père sait, car il parle de ses douleurs comme de banales douleurs de dos, je suis bien d'accord avec elle. Ils viennent lui poser son corset rigide, il est content, car il espère pouvoir être levé avec celui ci.

    Je rentre épuisée ce soir là et c'est à mon fils de 21 ans que je me confie, mon mari travaille de nuit.


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    Cette fin d'année a plutôt été presque joyeuse, je me sentais libérée d'un poids énorme. Je me surprenais à dire que la vie était belle et je disais à mon mari que j'avais envie de croquer la vie à pleines dents.

     

    Lors d'une visite de mon mari à mes parents, celui ci a su que mon père arrivait de chez le médecin, pour des douleurs abdominales. Quelques jours auparavant à la télévision, était diffusée une émission sur les pédophiles, j'émis un doute. Et cela se confirma ma belle mère avait évoqué cette émission, ils l'avaient donc regardée ensemble, il était vraiment montré la souffrance des petites victimes, j'imaginais que mon père avait pris la mesure de cela, je crois qu'il ne s'était pas vraiment rendu compte avant du mal qu'il pouvait être enduré.

    J'ai ressenti de la culpabilité, oui c'est bien de parler, mais l'autre en face est maintenant en contact avec sa souffrance, et encore je ne savais pas la tournure que cela allait prendre.

     

    Une semaine plus tard, mon père m'appelle un midi, ne disant pas la raison de son appel, je lui propose de venir avec son épouse nous rendre visite l'après midi même, il est d'accord, je crois en fait que c'est ce qu'il espérait.

    Ils passent 2H à discuter tranquillement, même si rien n'est dit de mon histoire ( en présence de ma belle mère, surtout pas, elle n'en saura rien), je me sens à l'aise, disons que j'ai vraiment bien supporté leur présence, ce qui était très rare auparavant. C'est déjà ça, et c'est important pour moi !!!

     

    Par contre si je ne regrette pas d'avoir parlé à mon père, je regrette d'avoir dit les choses à une soeur de mon mari qui passe souvent à la maison en revenant de voir sa mère et qui tient des propos culpabilisants, par exemple ce jour là:

    "Il faut oublier, tirer un trait"

    Je devrais l'ignorer, mais je suis blessée à chaque fois, j'écris après pour libérer ma colère contre elle.

     

    J'ai tout de même passé plus d'une semaine dans l'euphorie après cette révélation aussi importante, et bien sur, cela est retombé. J'ai appelé l'association qui m'a encouragée encore une fois en me disant que ce n'était pas étonnant et qu'il valait peut être mieux d'ailleurs. On m'a dit de ne pas prendre la souffrance de mon père pour moi, mais je dis qu'il a besoin de me voir et que sa présence déclenche mon inquiétude pour lui.

     

    Je refais des cauchemars de morts qui ne sont pas morts et qui bougent, une cousine agée que j'aimais beaucoup.

    Et si je sens ma tête libérée par rapport à cette dernière démarche, j'ai de nouveau des migraines qui me gâchent la vie.

     

    Nouvelle séance de psy qui m'accompagne vraiment dans ce que je vis au jour le jour, surtout que j'écris les faits importants dans un cahier et qu'il les lit au début de chaque séance.

     

    Il fait le bilan d'une année, car voilà une année que je vais chez lui, je lui dit que je ne voudrais pas revivre cette année 2000 ( elle reste pour moi dans  les plus douloureuses)

    Il pointe que cela a été une année de tempêtes, mais qu'il y a eu des choses positives et que je suis capable de les voir maintenant. Je lui dis que je vois les fêtes arriver sans appréhension comme les années passées. Par contre je lui fais part de mes problèmes physiques ( migraines et sciatique) qui gâchent mes journées et mes nuits.

    Il conseille de me reposer plus, après une étape comme celle que je viens de franchir, c'est nécessaire. Il dit qu'il faut plusieurs mois encore pour changer et qu'il faut vraiment respecter mon rythme qui est tout doux.

    Il ajoute que les douleurs physiques sont significatives, qu'il y a encore des reliquats de souffrance. La migraine c'est pour ne pas penser, la sciatique c'est pour ne pas avancer. Il dit que j'ai le choix !!! Il propose de noter quand les crises surviennent pour qu'on le travaille, à quoi je les relie.

    Bon je précise que j'ai les séances de fasciathérapie et l'homéopathie qui m'aident quand même.

    J'évoque mon cauchemar de ces dernières nuits, il parle de régression pour m'empêcher d'aller bien, il pense qu'il reste des choses à travailler.

    Il précise que je peux être bien une semaine, c'est toujours ça et moins bien ensuite, que c'est long ce travail de reconstruction.

     

    J'ai regardé deux jours avant une émission sur le pardon et je lui en parle. Il me demande si je désire le pardon aux autres, ou le pardon à moi même, les deux en fait. Je lui dis que je ne suis pas à l'aise avec le pardon, il répond que lui non plus, il pense  que l'on ne peut pas tout pardonner à tout le monde. Il évoque une rencontre avec un prêtre, je suis d'accord, il me donne les coordonnées de l'un d'eux qui est très ouvert, car je lui ai dit que les réponses me faisaient peur. Il note ses coordonnées et me les donne, me propose de l'appeler avant en toute confidentialité, je suis d'accord, c'est tellement dur en ce moment. Il me sort des notes de sa sacoche et me les lit:

    - Il y a 20 étapes dans le pardon.Cela passe par la colère ( j'ai déjà donné) C'est à l'offenseur de demander pardon (il est mort) Se pardonner à soi même est très important, beaucoup plus que de pardonner à l'autre, il me demande si je pense à moi quelquefois.( j'ai du mal). Dans le pardon il faut éprouver de l'empathie pour l'offenseur, se mettre à sa place mais c'est très difficile.

     

    Il ajoute que si c'est mon corps qui souffre, je dois m'occuper de lui, sinon c'est comme si j'enlevais le pansement sur la cicatrice, comme si je voulais me punir physiquement et c'est encore de la culpabilité. Il trouve la réflexion de ma belle soeur, qui dit d'oublier, complètement nulle.

    Je conclus cette séance en disant que je suis quand même mieux, que j'ai moins tout cela dans la tête, il dit que ça se voit, que je pleure mais que je suis souriante quand même. Il me conseille de me faire un cadeau pour Noël que je l'ai bien mérité.

    Quelle émotion, des larmes d'attendrissement sur moi je pense, quelques larmes de joie aussi et puis toute sa compassion à laquelle je suis très sensible.

     

    Je mets ses conseils à exécution dès le lendemain en décommandant une visite prévue de mes parents à la maison, je suis beaucoup trop fatiguée, je me fais du bien, et je la remplace par un peu de jardinage avec mon mari, de quoi m'aérer la tête.

     


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    Et voilà, ce 15 Juillet 2000, je prends le train qui me conduit à presque 900 km de chez moi. La séparation d'avec les miens est difficile pour moi.

    Mais une fois dans le train je me sens mieux, je suis tellement épuisée que je me repose en écoutant du Mozart.

     

    L'arrivée à Divonne est bien agréable, la propriétaire de mon logement est venue me chercher à la gare, et une fois que j'ai pris possession de mon appartement, je dois encore me reposer avant de ranger mes affaires. La journée de voyage a été longue avec les deux trains et le car, comme d'habitude ma valise était lourde, j'ai même demandé à des jeunes de me la porter pour descendre un escalier à la gare, j'ai remercié avec une pièce de 10F.

    Le lendemain j'ai rendez vous chez C F, psychiatre pour la visite de début de cure. Je ne l'avais pas vu depuis 3 ans, je lui fais part de tout ce qui s'est passé pendant ces trois années, surtout depuis que j'ai relu le livre d'Eva Thomas et que j'ai pu parler vraiment de l'inceste, en thérapie et à l'association.

    Il me demande si tout va bien au niveau professionnel, je lui dis que j'ai changé de travail, arrêté celui en institut et que j'accueille à temps plein un enfant handicapé. Je précise que cela me convient mieux.

    Il me pose des questions sur mon couple, je dis que depuis que j'ai changé de psy, je réussis beaucoup mieux à échanger avec mon mari, qu'il m'aide, me comprend, et qu'il est très patient.

    Il demande comment cela se passe avec les enfants, je parle des quelques problèmes liés à l'adolescence, mais que depuis que je leur ai raconté mon histoire l'année précédente, la relation est plus facile, ils sont rassurés de savoir la cause de ma dépression.

    Il précise que c'est mieux de savoir pour eux, ils comprennent quand cela ne va pas.

    Il me demande ou j'en suis avec les deuils. Je réponds que c'est encore difficile, il me fait préciser le problème central : l'inceste.

    Je parle de l'association, des groupes de parole, il trouve ça très bien. Il est bien d'accord que d'avoir pu sortir ma colère contre mon frère a été bénéfique.

    Il me reparle de la culpabilité, je dis que c'est plus clair à ce niveau depuis que je vais à l'association. Je précise que je me culpabilise de ne pas aller bien et de gâcher la vie de mes proches. Il dit que c'est très long pour se sortir de ces histoires. Il approuve mes démarches dans les cimetières. Il dit que c'est un problème très grave l'inceste et que la reconstruction est longue.

    Puis il aborde la cure en précisant que ce sera une cure de relachement, qu'en plus des soins il faudra du repos, des sorties, voir des gens.

    Je lui signale que je n'ai pas envie de raconter mes histoires à d'autres personnes, ni d'entendre celles des autres. Il dit qu'il y a toujours des gens positifs qui viennent pour se détendre.

    Il trouve que j'ai pris un virage, ça évolue bien et la cure va permettre une pause. Il revoit mon traitement, change l'anti dépresseur, augmente de quelques gouttes le neuroleptique pour les premiers jours.

    Quand je précise qu'il y a sans doute une partie de moi qui refuse d'aller bien ( ce que j'ai entendu par d'autres psys ) il dit que cela rejoint la culpabilité et que c'est elle qui m'empêche d'aller mieux, qu'il faudrait la transformer et en vouloir à ceux qui m'ont fait du mal.

    Il pense que modifier le comportement avec une thérapie comportementale comme celle que je suis à cette période là, c'est bien, c'est ce qui permet de changer.

    Je lui annonce que j'écris toujours mon journal intime commencé sur ses conseils ici 4 ans auparavant. Il trouve que c'est bien de continuer à écrire et si des choses nouvelles remontent ici ou si des cauchemars surviennent il faudrait les noter et on travaillera dessus.

    Je dis que j'ai parlé de mon histoire à quelques personnes de plus, mais que je n'arrive pas à en parler à mon père.

    Il précise que pourtant il était censé me protéger, que l'interdit de l'inceste existe dans toutes les cultures, et est pratiqué partout. Mes parents auraient du voir et me protéger. Ce serait bien de penser parler à mon père, je lui réponds: surtout pas, il a 82 ans, il est très émotif dès que l'on parle de soi.

     

    La conclusion du psy:

    Si vous avez du bonheur et êtes heureuse pendant votre cure, que vous voyez votre vie en positif, si vous trouvez un épanouissement, vous allez en prendre l'habitude et vous continuerez de fonctionner ainsi en rentrant chez vous.

    Ma conclusion:

    Tout a commencé ici il y a 4 ans, et je voudrais bien que la douleur, la souffrance se terminent ici aussi cette année.

    Le psy : Cela devrait aller, c'est bien tout le travail que vous avez déjà fait.

     

    Entretien de 45 mn toujours aussi intéressant avec C F.


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    Voilà 6 mois que je n'ai pas écrit ici, et pourtant j'en éprouve le besoin, depuis peu c'est vrai. Je crois que je vais reprendre mes écrits sur ce blog pour retracer toute cette longue période de reconstruction, je ne crois pas que je vais continuer de détailler comme je le faisais toutes les séances, mais c'est toujours aussi difficile de sélectionner, ou de faire un résumé, c'est ce qui serait bien pourtant, si quelqu'un peut me donner une ou des pistes, j'aimerais bien.

       

     


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  • 19-05-2000

    Nouvelle séance de psy, nouvelles difficultés.

    Il me demande de parler des rêves que j'ai écrit. Je lui dit qu'ils tournent tous autour du même sujet: la mort, les poursuites et la nudité.
    Il me fait, à chaque fois que je raconte un rêve, imaginer une fin différente, il m'aide à voir du positif dans ces rêves avec une autre fin.

    Au cours d'un rêve de cimetière, il me demande si je ne trouve pas que c'est paisible un cimetière, il me fait préciser si j'y vais ou pas. Je dis que je vais sur la tombe de ma mère, plus sur celle de mon frère depuis 2 ans, que je ne veux pas être hypocrite, que je ne peux pas.

    Je relate mon rêve ou je voyais ma cousine agée qui habitait la maison mitoyenne de celle de mes parents, et je raconte que j'allais souvent me réfugier chez ces cousins là, ou je trouvais, amour, temps accordé, attention, toutes ces choses douces et bonnes que je ne recevais pas de ma mère.
    Et je me souviens là en séance que cette cousine agée m'avait dit un jour: arrête donc de trainer avec ton frère, tu es grande maintenant. je pense qu'elle savait qu'il se passait quelque chose, ou qu'elle se doutait.
    Il me demande si ce n'est pas parce que j'étais très proche de mon frère, non au contraire, mon frère était très dur avec moi. 
    Il répond que c'est le propre des frères et soeurs de se chamailler et de se rapprocher jusqu'à des choses interdites.
    Et d'un ton de colère:
    & Mais pourquoi ma mère ne se rendait compte de rien ?
    - Cela change quoi aux faits maintenant ?
    & Non rien.

    Il me parle d'un autre rêve de poursuite et je n'arrive pas vraiment à imaginer une fin positive, sauf crier. Il pointe que j'ai du mal à imaginer une fin positive.
    - Par exemple, la mort, vous ne pouvez rien y changer, ce sont des tiroirs qui sont fermés et vous voudriez y retourner dans la merde, vous êtes toujours en difficulté, on le voit bien dans vos cauchemars.

    Je lui fait part des périodes de dépression qui alternent avec celles d'hyperactivité, d'excitation même.
    Il dit que c'est épuisant d'être excitée et que cela fait retomber en dépression. IL change mon traitement d'antidépresseurs  pour mieux équilibrer. Il dit qu'il y a une partie de moi qui veut s'en sortir plus fort que tout, et une autre partie qui retient la douleur mais ce n'est pas de ma faute, c'est mon inconscient.

    Je lui dit que j'ai envie de foncer moi. Il répond d'arrêter de vouloir foncer. C'est vouloir foncer pour me remettre dans le négatif ?



    L'adaptation à ce nouveau médicament me causera beaucoup de fatigue et des vertiges.




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