• C'est en ce début juillet 2001 que l'état de mon père s'aggrave et son généraliste le fait hospitaliser au Chu surtout pour son abcès au bras qui prend de plus en plus d'importance, il l'avait incisé et je crois que ce n'était pas à faire. C'est à une heure tardive que je réussis à joindre l'interne des urgences, il va programmer une biopsie pour savoir la nature de ce mal, il pense à un problème d'anticorps, il le fait admettre en médecine. C'est une période très stressante pour moi, d'ailleurs je me bloque le bas du dos et c'est dans cet état que je dois aller à un rendez vous à la banque avec ma nièce pour les comptes de mon père, puis passer à l'hôpital local avant de filer au CHU.

    Je le trouve complètement perdu, il me dit que personne ne sait qu'il est là, que tout le monde le cherche, je le rassure du mieux que je peux et il pleure, sanglote et je lui caresse la tête, l'embrasse en pleurant moi aussi. Ce père très distant, réservé, froid avec tous et pendant toute ma vie, je ne le reconnais plus et je suis très touchée. Je l’accompagne jusqu'au service de dermato pour sa biopsie, puis reviens avec lui dans sa chambre. Je le fais manger puis me prépare à partir, il pleure encore il est plus calme pourtant, pauvre papa. Je l'avais vu pleurer à la mort de mon frère et à celle de maman mais jamais sur lui.

    Je pars dans un état de tristesse................je n'oublierai jamais ces échanges et ce rapprochement avec mon père.

    Heureusement je vois mon psy comportementaliste et chrétien, je le trouve dur par moment cependant. Je relate tout ce que je vis de douloureux, le psy me demande si on peut envisager quelque chose qui approche de la fin de sa vie? Oui j'en suis bien consciente. Cela n'empêche que je pleure à chaudes larmes pendant toute la séance.

    Le psy trouve que c'est ambivalent car j'en voulais à mon père de ne pas m'avoir protégée de l'inceste et j'agis comme une fille modèle l'entourant. Puis il ajoute que c'est comme si je voulais rattraper ce qui ne s'est pas passé dans mon enfance, sans doute que c'est un peu cela mais si j'en ai voulu à mon père au creux de la période noire ou j'ai surtout travaillé sur l'inceste, mon père est bien la seule personne de la famille qui ne m'a pas fait de mal, il était très absent psychologiquement c'est tout. je dis que ce qui est très douloureux aussi c'est de le voir se dégrader, il a perdu 15kg, il faut le faire manger..............

    Le psy trouve que je n'accorde pas d'importance à mon existence, que je dois prendre des moments pour moi, demander de l'aide et du réconfort à mes enfants, à mon mari. J'ajoute que ce qui est difficile c'est aussi toutes les visites et appels téléphoniques pour prendre des nouvelles surtout le soir quand je suis occupée avec la fillette accueillie.

    Le psy m'encourage à prendre des temps pour moi.


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  • Je vais essayer de reprendre le livre de ces années douloureuses pour en terminer avec cette époque de ma vie. Pour en tourner la page et refermer ce livre.

    En 2001, fin juin c'était très très douloureux. Alors que j'allais mieux par rapport à mon vécu incestueux, la maladie de mon père m'atteignait énormément.

    Je rappelle ici qu'il était hospitalisé depuis avril, d'abord au CHU de Nantes puis à l'hôpital local en convalescence près de chez lui. C'est là que je lui rendait visite plusieurs fois par semaine souvent accompagnée de ma belle mère que je passais prendre à leur domicile. Mon mari très soutenant venait aussi quand son travail le lui permettait.

    Mon père avait fait une chute à ce moment là alors qu'il ne se levait qu'avec l'aide du kiné, il s'est fait mal et du coup était mis dans son fauteuil mais sans que ses jambes ne le portent. Après une radio qui montre une fracture du bassin, je trouve que son état se détériore, il a aussi un escarre.

    J'avais l'accompagnement d'un prêtre assez âgé qui me recevait chez lui, c'est mon psy qui me l'avait recommandé, mais ce dernier m'avait dit à la dernière séance qu'il était souffrant. Ce prêtre m'a beaucoup aidée à voir clair sur beaucoup de choses. Je prends donc de ses nouvelles après plusieurs appels infructueux. Il me dit qu'il a été hospitalisé et qu'il était en chimio je compatis et lui dis donc que mon père est malade aussi. je le remercie de nos échanges et lui dis que je vais beaucoup mieux par rapport au passé. Mais je reste très touchée de le savoir atteint.

    J'ai du mal à cette époque à gérer différentes émotions qui sont de la tristesse pour mon père et pour l'ami prêtre et à la fois de la joie pour les réussites de nos enfants. Parfois j'ai l'impression de devenir folle.

    Mon père ne va pas très bien, après une consultation aux urgences pour apprendre qu'il n'y a rien à faire pour son bassin je le trouve perdu à l'hôpital local parlant de son ancien médecin décédé 15 ans auparavant et de ma mère au lieu de ma belle mère. Je crois que ce changement de lieu même s'il a été bref l'a beaucoup perturbé.

    Quelques jours plus tard, ma belle mère pète les plombs, elle n'en peut plus, en a marre d'aller voir mon père tous les jours, Il faut le faire manger comme il doit rester à plat dos. Elle me reproche d'y aller 3 fois par semaine, elle est fatiguée. Elle ne comprend pas que le soir enfin plus dès 16h45 je m'occupe de la fillette handicapée que nous accueillons. De toute façon elle est difficile à comprendre et ce n'est que le début malheureusement.

    Un autre jour je retrouve mon père en consultation de rhumatologie au CHU, le médecin me parle hors de la présence de mon père, le cancer de la prostate est avancé pour qu'il y ait des métastases, l'évolution est défavorable, la guérison impossible. Ses os sont fragilisés par la cortisone.

    Le lendemain c'est pour un genre de furoncle en haut de son bras que le généraliste appelé fait une petite intervention, il a fait un prélèvement. Ce jour là ma belle mère arrive une heure après moi et elle est très énervée. Mon père très calme et serein avec moi auparavant change complètement, elle le contredit sans cesse au lieu de le laisser en paix mais elle ne comprend rien. C'est vraiment un grand malade, il n'a pas pu signer un reçu du notaire que je lui avais apporté.

    Quand je rentre le soir après avoir couché la fillette, je me défoule dans le jardin; arrosage et couper les fleurs fanées j'ai un tel besoin. Mon mari l'aide en débarrassant la table et en rangeant.

     

     


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  • Je retourne au groupe de parole de l'association en cette fin juin 2001 et j'annonce que ce sera la dernière fois, que je vais mieux et surtout que j'ai pris du recul par rapport à l'inceste. Je remercie tout le monde, participants et animatrices.

    Je fais aussi un point avec mon psy à qui je dis que je me sens mieux, il conseille de trouver un investissement qui me plait et je lui dis que j'ai surtout besoin de rester tranquille chez moi en ce moment. Il me fait repérer ensuite ce qui me faisait du bien quand j'allais mal et je pense que c'était quand je jardinais dans mes fleurs. Je dis que je suis dans l'acceptation par rapport à la maladie de mon père qui a quand même 83 ans. Et puis je fais part de mon énervement important depuis quelques jours. Le psy traduit cela par de l'excitation et pense que ce serait bien de trouver un équilibre. J'ajoute que c'est fatigant cet état, que je dors peu, ai mal à la tête et suis fatiguée. Il me conseille un changement de traitement pour calmer un peu.

    Je continue en abordant l'état dépressif de ma fille, elle ne va pas bien, elle a 16 ans 1./2, le psy me conseille de lui dire que je vais bien maintenant, que cette histoire là est derrière moi, que c'est du passé. Je précise que je lui ai déjà dit mais qu'elle est tracassée par cela, qu'elle aimerait avoir des témoignages de familles car elle aurait besoin d'être rassurée. Le psy demande si son père ne pourrait pas lui parler, je dis qu'il n'est pas à l'aise, son frère mais il a 21 ans, le psy dit qu'en effet ce n'est pas facile, il se demande si une thérapie familiale ne l'aiderait pas ! je dis que j'y avais pensé car elle a besoin que ce soit dédramatisé. Le psy dit qu'il faudrait que nous y allions tous, lui ne fait pas cela, mais son épouse le fait ainsi que deux autres psys de sa connaissance, ils avaient fait la même formation en Belgique. Je dis que j'avais emmené ma fille chez une pédopsychiatre de 13 à 14 ans, mais qu'elle ne voulait pas vraiment et qu'elle a dit qu'elle ne retournerait jamais. Le psy ajoute que c'est important de remettre les choses en place et de dire à tout le monde que cette histoire là est terminée. Je parle aussi des échanges avec ma fille et des messages que j'essaie de lui faire passer. Il dit que en tout cas ce serait bien de lui dire que si je m'en suis sortie, c'est bien grâce à la thérapie et que c'est toujours mieux de parler de ses problèmes plutôt que de se défoncer ou de se fiche en l'air.

    Dans la soirée, j'évoque avec mon mari la thérapie familiale qui pourrait se révéler utile pour notre fille, il n'est pas contre.


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  • Nous abordons juin 2001, mon père est de plus en plus fatigué. Et bien sur je le suis aussi, surtout émotionnellement, ça se répercute à la maison et surtout sur ma fille qui est en pleine adolescence et fragilisée.

    La vie continue, ainsi les fêtes de famille du côté de mon mari, là j'ai vraiment du mal à "faire la fête".

    En rentrant de visite à l'hôpital ou j'ai vu mon père, une date, LA date du 3 juin me revient en tête avec son lot de tristesse, c'est la date anniversaire de la mort de mon frère. Je refuse cette tristesse, 20 ans après, je la refoule car je lui ai accordé assez de place, c'est autre chose cette année douloureux également.

    J'ai donc en 2001, changé de généraliste; cet homme est vraiment à l'écoute et aidant, il me dit que je peux l'appeler et aller le voir quand je veux. Je n'en abuse pas bien sur, mais c'est un réconfort, il connaît mon psy et a des connaissances en psychologie. Il connaît aussi le généraliste de mon père et l'a contacté une fois à ma demande.

    Ma belle mère s'étonne que mon père ne lui parle pas du tout de sa maladie, avec moi il commence juste à l'évoquer à cette période, les "grands" échanges auront lieu en Août.

    Je fais de la sophrologie en groupe plusieurs semaines à la suite, cela me permet de me détendre et j'en ai bien besoin. Car c'est vraiment un période difficile, mon second fils, en 2ème année de DEUG de droit s'inquiète beaucoup pour les examens, d'ailleurs il ira au rattrapage. Ma fille qui était très angoissée passe finalement en seconde. Il faut aller la conduire partout car juin est le mois des concerts au conservatoire, ce qui me coûte beaucoup vu ma fatigue, heureusement son frère va souvent la récupérer en fin de soirée quand je ne reste pas. Et en plus de tout cela mon travail de famille d'accueil avec cette jeune handicapée mentale, elle termine seulement au 25 juillet, c'est pénible !

    Je fais encore des cauchemars, tel celui ci:

    " Je suis en voiture avec une petite fille, nous devons nous arrêter et des hommes placent une bombe dans la voiture. Nous prenons nos affaires avant de descendre et ces hommes trouvent un flacon de neuroleptique, Il veulent en injecter à l'enfant pour pouvoir la violer ensuite. Je suis impuissante, paralysée, bloquée, angoissée......."

    Inutile de dire que je me sens mal au réveil.


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  • L'état de mon père empire à l'hôpital local, il souffre beaucoup du bas du dos, c'est du à ses métastases osseuses, il est défiguré, cela me fait vraiment de la peine. Ma belle mère réalise de plus en plus et est très pessimiste, elle le trouve fatigué. Il souffre en plus d'une épaule, le généraliste le voit et lui donne des calmants plus forts.

    Dans le même temps, avec mes angoisses qui sont récurrentes, j'ai aussi des douleurs de dos, je décide de changer de généraliste, mon psy m'a donné un nom pas très loin de chez moi. Je l'aurais encore s'il n'était pas parti médecin de la sécurité sociale fin 2003, dommage il m'a beaucoup aidée. La première consultation se passe bien, il me demande pourquoi je change, je dis que je ne me sens pas entendue pour mes angoisses par la généraliste précédente. Je dis tous mes problèmes de santé, toutes les causes de mes angoisses, il me demande de revenir une semaine plus tard pour revoir tout cela, car ça fait beaucoup. Je le trouve vraiment sérieux et compétent de proposer cela. Il est à l'écoute et prend le temps de discuter. En tout cas c'est précieux dans une période comme celle ci et cela me permet de m'apaiser.

    Mon père est de plus en plus fatigué, il souffre, il a un regard vide. Mon fils ainé qui fait ses études en Angleterre revient en vacances et va rendre visite à son grand père, il est choqué de le voir dans cet état là. De toute façon nos trois enfants sont choqués par la maladie de mon père, ma fille en particulier va mal, elle avait laissé une lettre trainer sur son bureau, elle va vraiment très mal et je suis très touchée, mon mari également et nous sommes inquiets pour elle.

    Séance de psy le 30-5-2001

    Le psy me trouve d'apparence mieux, je lui dis qu'il y a de meilleurs moments en particulier quand il y a des journées agréables, je suis capable de me sentir mieux. Puis je pointe que lors des visites à mon père, mon énergie passe à supporter ma belle mère, le psy trouve cela ridicule et me dit de me détacher de ce qu'elle dit. Je dis que j'essaie mais elle est insupportable et pas que pour moi. Elle n'arrête pas de critiquer tout ce que l'on fait, elle est jalouse quand je parle de mes enfants à mon père et voudrait parler de ses propres petits enfants. Mon père est content lui d'entendre parler de ses petits enfants. Le psy dit que j'ai plein de points sensibles et qu'elle le sent, elle sait ce qui me touche; mon honnêteté, mon envie de bien faire, d'être une bonne fille pour mon père...........le psy conseille d'essayer de dire comme elle, cela peut être marrant, elle ne saura plus quoi dire. Et moi qui me justifie tout le temps, le psy dit que c'est pour cela qu'elle continue. Puis j'ajoute que je suis très touchée par l'état de mon père; sa fatigue, son amaigrissement, sa souffrance, sa tristesse, son manque d'intérèt. Le psy dit que c'est le déroulement normal de la maladie. Je dis que ma belle mère aimerait bien parler à mon père de sa maladie et de la mort, j'ai répondu qu'il ne parlait pas et elle a dit que si ils parlaient tous les deux. Oui de la pluie et du beau temps, mais pas de choses profondes, je ne m'en mélerai pas de touue façon, il lui dit ce qu'il veut.

    Puis je parle de ma fille et de nos inquiétudes, le psy dit que c'est moi et ma façon d'apprécier la vie qui l'aidera, c'est de lui montrer que je suis capable d'être heureuse. Le psy dit après qu'elle est à la période charnière de l'adolescence, et que je dois l'écouter et lui raconter ce que je fais de bien pour moi dans une journée. Je dis que je me culpabilise car si elle va mal, c'est que je suis pas bien depuis longtemps. Le psy: ah ça marche pour vous la culpabilité, non elle fait partie de votre famille qui est aussi la sienne, ce n'est pas une famille marrante, c'est vrai, mais vous l'avez subie vous aussi. C'est comme ça et vous avez su garder la tête hors de l'eau car vous avez rencontré des personnes qui vous ont aidée. Et vous avez pu parler, parler, cracher votre histoire et lui faire passer le message qu'il faut parler, ne pas garder pour soi des choses douloureuses, que si on les garde longtemps comme vous, ça fait beaucoup souffrir. Je dis que je suis persuadée qu'elle a gardé toute cette histoire pour elle depuis que je lui ai raconté deux ans auparavant, qu'elle ne l'a même pas dit à ses copines. Le psy insiste pour que je lui redise que moi c'est de l'avoir dit qui m'a permis d'aller mieux.

    Je dis que mes trois enfants sont affectés par la maladie de mon père, le psy me dit de me montrer adulte, capable de faire face aux épreuves de la vie. Je pointe qu'avec ma fille nous étions proches et maintenant sur cette lettre elle parle d'indifférence, le psy dit qu'elle est à l'âge ou on veut prendre ses distances, se détacher, ce n'est pas facile. Puis le psy rajoute que pour la culpabilité, ma fille se sentira encore plus mal si je me sens coupable. Cet échange me fait quand même du bien, au jour d'aujourd'hui (2012) je trouve que le psy parlait vraiment beaucoup et j'aurais du mal à supporter maintenant, bon c'est un comportementaliste aussi.


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