• Chapitre 2, partie 9 - Octobre 2000, suite..........

     Octobre 2000, suite..........

     

    C'est toujours une période aussi difficile, j'ai beaucoup de mal à supporter tout le monde dans mon entourage. Par exemple un dimanche chez la mère de mon mari, plusieurs de ses sœurs sont là, l'une d'elle était passée me voir le jeudi, elle avait vu que j'allais mal et ce dimanche elle ne me demande aucune nouvelle, ma belle mère non plus. Quand nous rentrons le soir, j'en fais part à mon mari, je suis énervée, mais je sens bien que le problème vient de moi, je ne tolère personne.

     C'est l'époque aussi ou je pense sans cesse à mon père, j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose avec lui, et cela me fait très peur, j'en fait part à mon mari, il ressent cela aussi.

    Quelque chose qui m'aide à ce moment là, c'est le jardinage, comme c'est l'automne, il y a bien du nettoyage, je sors souvent arracher les mauvaises herbes dans mes massifs de fleurs, cela me fait beaucoup de bien.

     Je continue d'aller au groupe de parole de l'association qui aide les victimes d'inceste, ce soir là je prends la route, épuisée et j'ai échappé de peu à un accident, j'ai failli en prenant la bretelle du périphérique être coincée entre un camion et la glissière de sécurité, j'ai eu vraiment peur et j'ai éclaté en sanglots, j'arrive toute tremblante à l'association, je raconte à la présidente.

    Pendant ce groupe de parole, je me sens bloquée pour parler, je ressens une douleur au niveau du cœur tellement je suis crispée, on me propose de prendre la parole, je ne peux pas. Un moment plus tard, je réussis et dis que même en ayant raconté mon histoire à une partie de la famille de mon mari, rien n'a changé, personne ne m'en parle. Et puis je fais part de mes peurs par rapport à la relation avec mon père et ma belle mère. On me dit que j'ai fait beaucoup de travail, mais qu'il en reste encore. J'ajoute que mon psy le confirme en me disant qu'il me reste encore beaucoup de choses du passé à "dégueuler". Je dis aussi que les cauchemars sont encore nombreux.

     

    Je décide d'aller voir à cette période un homéopathe, cela vaut le coup d'essayer je pense, ce genre de traitement. J'ai une adresse chez un médecin connu par plusieurs personnes que je connais. Il me demande  d'abord pourquoi je viens le voir, je lui dis pour des migraines et un épuisement total. Il pose quelques questions, si je suis en ce moment, dans un état particulier, stressée, contrariée, si je prends des médicaments. je précise que je suis sous anti dépresseurs et en thérapie depuis quelques années. Il me demande si je sais la cause de ma dépression, je dis aussitôt que j'ai vécu un inceste dans l'enfance.

    Il ajoute que c'est un traumatisme majeur, me demande si je m'en suis toujours rappelée

    Alors, j'explique: oui je l'avais occulté, je m'en suis souvenu voilà 4 ans 1/2, je suis en dépression depuis 9 ans, je ne savais pas pourquoi. j'ai commencé à faire des cures thermales en 1994, en 1995 j'ai été hospitalisée en clinique psy, toujours sans savoir la raison de mon mal être. En 1996 j'ai changé de médecin thermal et ce nouveau m'a dit d'écrire ma vie, et là les souvenirs sont revenus en écrivant.

    -Ah oui, écrire, surement

    Mon psy me dit que ces symptômes qui persistent sont là sans doute pour ne pas creuser des choses trop difficiles.

    -Oui, on va s'en occuper.

     Il me donne un traitement de fond, des oligo-éléments, un traitement pour le système nerveux et la spasmophilie et pense que ce serait bien de réussir dans quelque temps à diminuer l'antidépresseur, le neuroleptique et l'anxiolytique, mais lui ne s'occupe pas de cela, il dit de voir ça avec mon psy et surtout de continuer la thérapie. Il veut me revoir un mois plus tard.

    Je lui raconte que j'ai changé de psy 10 mois avant, que je n'en pouvais plus avec l'autre, il me dit que j'ai bien fait de changer et que celui ci est très bien.

     Cette consultation de 30 minutes m'a fait beaucoup de bien, je me suis sentie entendue.

     

    Quelques jours plus tard, je devais retrouver deux amies qui ont oublié, je réussis à en joindre l'une d'elle qui est bien ennuyée, elle me propose d'aller la voir. J'ai très mal pris ce fait là, qu'elles aient pu oublier. En plus j'ai vu sur le journal le décès d'une ancienne collègue, cette amie m'apprend que c'est un suicide, je suis très touchée, forcément dans l'état dans lequel je suis !!!

    Nous passons cependant un moment agréable, je déverse beaucoup, mais en rentrant chez moi je suis épuisée et vais me coucher.

    Le lendemain je réussis à joindre mon autre amie qui me dit que nous ne nous étions pas comprises, elle est très ennuyée, et elle n'osait pas m'appeler pour ne pas avoir a m'annoncer le suicide de cette autre collègue. Alors je déverse avec elle aussi, j'ai eu de la chance dans ces moments très douloureux d'avoir des personnes pour m'écouter et me soutenir. Je remercie souvent ces deux amies.

     

    Deux nouvelles journées de formation quelques jours après. Je ne suis pas vraiment apte, mais comme nous prenons des notes, il y a au moins dans ma mémoire quelques restes.

    Quelques points importants:

    - Les non-dits (secrets de famille) font beaucoup plus de dégâts que la vérité. Ce que l'on ne peut pas dire, c'est que l'on n'ose pas se le dire à soi-même.

    - Le contenant: c'est s'autoriser à avoir du bon. La fonction contenante comprend: les soins, le contact peau à peau et la parole.

    - Le narcissisme c'est l'estime de soi.

    - Le suffisamment bon intériorisé donne le sentiment d'être bon, d'être aimable et de compter pour quelqu'un.

    - La nature a horreur du vide.

    - Pour s'autoriser à avoir du bon, il faut la sécurité de base. Si le bon arrive trop vite, c'est le débordement.

    - La maison représente notre intérieur.

    - Quand il y a répétition du symptôme, c'est que l'on demande que l'on nous redise les choses.

    - L'haptonomie: c'est la science du toucher avec un message affectif. L'haptothérapie est intéressante pour des adultes qui sont mal dans leur corps.

     

     Peu de jour après j'appelle les bénévoles de l'association, je suis trop angoissée. j'ai la présidente que je connais au groupe de parole alors je suis contente.

    Je lui fais part de mes angoisses et de mes peurs:

     - Ma séance psy de demain

    - La Toussaint proche, et mes peurs par rapport à la religion

    - La mort de mon frère et le pardon

    - Le suicide de mon ancienne collègue

    - Mon sentiment d'abandon le samedi précédent avec mes amies

    - Ma formation qui me remet en questions

    - Ma fatigue, mes douleurs

     

    Elle répond à beaucoup de choses:

     - Le pardon je n'en suis pas là, ce n'est pas pour tout de suite. Dans la religion, on nous dit de pardonner, mais il faut être prête.

    - Ce qui est dur à accepter c'est le changement, la Paquerette qui s'est mise en colère contre son frère, ce n'est pas l'habitude donc difficile à accepter quand on a toujours réagi autrement

    - Le suicide de cette femme, peut être qu'elle n'a pas pu parler elle, moi j'ai choisi la vie en parlant

    - Mes copines m'aident, mais peut être qu'un jour elle auront besoin de moi à leur tour.

    - Ma thérapie, il faut accepter des moments plus difficiles, ce sont souvent des allers retours. Si je suis mal après les séances, me faire plaisir après et écrire.

    - Jai eu des périodes ou j'ai été mieux, cela reviendra car je sais que c'est possible.

    - J'ai beaucoup avancé, je ne suis plus la même que deux ans auparavant quand j'ai commencé à aller à l'association.

    - Pour mon père, il est âgé, mais est ce que je ne serai pas encore plus mal quand il ne sera plus là si je ne lui ai pas parlé.

    - Pour ma formation, heureusement que j'ai déjà fait un travail de thérapie.

    Je lui dis que je ferais mieux d'arrêter les groupes de parole car je me sens bloquée et je n'arrive pas à parler, je ne fais que pleurer.

    Elle me dit que ça fait du bien de pleurer justement. Je lui dis que je culpabilise d'en être encore là, les autres qui sont au début de leur histoire semblent mieux que moi. Elle me rassure en disant que moi je suis au milieu et que ce n'est pas une ligne droite, et que je parle quand même et que cela aide les autres. Bon, je ne suis pas persuadée, je dis aussi que c'est difficile d'entendre les histoires des autres, elle me dit que cela fait avancer, que la douleur fait aussi avancer, que je suis encore en souffrance, mais que j'ai fait un énorme pas.

    Une autre bénévole me parle aussi et me dit que c'est difficile d'accepter le changement, ne plus cacher devant tout le monde que l'on va mal. Elle ajoute que les symptômes sont là parce que tout n'est pas réglé.

    J'ai puisé dans ces échanges la force et l'énergie pour continuer, merci les filles.

     

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