• Chapitre 2, partie 8 - Octobre 2000

     

      Mon fils ainé est donc parti travailler à l'étranger, il reviendra à Noël, il nous a laissé son ordinateur ( Son entreprise lui en fournit un beaucoup plus performant ) qu'il avait acheté pour ses études, et aussi sa connexion internet qu'il avait pris pour l'été, je fais donc mes premiers pas sur la toile. je n'y passe pas des heures puisqu'il faut partager cette connexion en famille ce qui apporte souvent des conflits avec nos deux autres enfants ados, mais bon!!!

    J'ai des souvenirs mémorables de cette époque ou nous avions une connexion pour 20 heures mensuelles. Nous avions donc établi une fiche afin que chacun y note ses heures, car en cas de dépassement, la note était salée. Heureusement à cette époque, mon mari n'était pas intéressé par internet, il n'avait surtout pas le temps.

    En plus, je passe beaucoup plus de temps qu'il est utile, car je patauge pas mal, les débuts ne sont pas évidents, mais je suis tenace, les mails ne partent pas toujours comme j'aimerais.

    La relation avec mes parents est toujours aussi difficile, surtout avec ma belle mère, qui reprend petit à petit à me parler.

    C'est très tendu, j'ai vraiment du mal.

    A cette époque déjà je suis douloureuse souvent, la tête, le dos. Je travaille toujours en accueillant cette jeune de 12 ans handicapée mentale, c'est un accueil de semaine.

     

    Séance chez mon psychiatre comportementaliste:

     - Vous avez mis la couleur qui reflète votre ressenti ?

    & Pas vraiment, non.

    - En tout cas cela vous va très bien, c'est très joli.

    Tenez, je vous rends votre cahier, je l'ai lu le soir avant de dormir, vous me croyez ?

    & Si vous le dites ! Oui sans doute.

    - Mais oui, ma femme me demandait ce que je faisais, je lui ai répondu: je lis la vie d'une femme, elle m'a répondu: ah bon alors !

    Alors, et vos migraines ?

    & Eh bien, j'en ai de temps en temps, je suis bien un jour ou une demi journée parfois parmi les migraines et l'épuisement.

    - Et est-ce les migraines qui vous épuisent ou le contraire, vous êtes épuisée parce que les migraines sont présentes?

    & Je ne pense pas, car cela m'arrive d'être épuisée sans migraine.

    - Et vous en êtes ou de votre traitement? je ne vous l'avais pas demandé la dernière fois ?

    & Je prends 4 Effexor 25, 8 gouttes de Tercian et 2 Seresta 10 le soir, 3 quand cela ne va pas.

    - Oui, je pense que vous allez pouvoir prendre la forme LP d'Effexor en une prise le matin, c'est du 37,5mg , vous en prendrez deux, et cela vous couvrira 24H.

    & Oui parce que j'oublie parfois le midi et j'ai plein de décharges électriques dès 18H.

    - Oui c'est pour ça, vous avez des préoccupations en ce moment ?

    & Sans plus, le départ de mon fils m'a fatiguée, travaillée. L'histoire avec mon père et ma belle mère aussi. Mais je suis tellement épuisée, je me repose pourtant..

    - Et vous ne supportez pas de vous autoriser à vous reposer ?

    & Si, mais je vois hier je me suis reposée une heure trente le midi, j'ai dormi mais une heure après en reprenant mon travail c'était pareil, j'étais aussi crevée.

    - Mais parce que votre corps a besoin de récupérer.

    & Oui, mais c'est pas une vie, et j'en ai marre.

    - Vous en aviez marre quand vous n'alliez pas bien, vous en avez marre maintenant que c'est mieux mais après toutes ces épreuves !!!

    Vous êtes partie en cure ? est ce depuis votre retour que vous êtes plus fatiguée ? vous êtes rentrée quand ?

    & Début Août, mais après nous sommes partis en Espagne, c'est depuis début septembre

    .- C'est normal, c'est la convalescence. Il vous faut un petit rythme, et les migraines persistent comme s'il fallait vous remplir la tête pour vous empêcher de penser. Pendant ce temps, vous pensez à votre mal de tête et vous ne pouvez pas vous concentrer pour aborder les choses douloureuses qui restent de votre passé. Et le surmenage c'est pour vous prendre l'énergie qu'il vous faudrait à régler ces mêmes choses. Mais ce qu'il faudrait c'est apprendre à vivre avec le passé et investir le présent.

    Mais à quoi vous allez vous rendre compte qu'il ne reste plus de séquelles du passé ?

    & Eh bien en étant mieux plus longtemps, non pas une demi journée comme cette semaine ou un jour par ci par là.

    - Oui, mais encore ?

    & Je sais pas moi.........

    - Vous comprenez, vous avez eu une blessure, et comme toute blessure, elle a laissé des traces dans le corps, on ne peut pas l'effacer, mais cela peut devenir une cicatrice et l'on peut vivre avec. Le temps de cicatrisation est proportionnel au temps de souffrance.

    A quoi vous voyez qu'elle vous fait encore souffrir ?

    & Par exemple, hier j'ai regardé "envoyé spécial" sur le viol, et j'ai pleuré, c'était trop dur. C'est difficile aussi d'entendre les témoignages des autres victimes au groupe de parole.

    - D'accord, alors vous vous rendrez compte que ce n'est plus douloureux quand vous pourrez écouter des témoignages, quand vous pourrez en parler sans pleurer ?

    & Oui, je fais aussi encore des cauchemars.

    - Mais moins qu'avant ou c'était sans arrêt ?

    & Mais là j'ai rêvé que j'étais chez ma meilleure amie et que son fils qui était là avait la tête de mon frère.

    - Mais dans vos rêves vous appelez la police, c'est l'essentiel que ce soit en rêve ou réveillée, peu importe.

    & Oui, d'ailleurs je en sais pas si c'était en rêve ou après mais j'avais envie de voir la police arriver.

    - Vous l'avez appelée ?

    & Je me rends compte aussi que ce n'est pas réglé dans la relation avec mon mari, cela ne s'arrange pas.

    - Ah bon, vous êtes mieux et cela ne va pas avec votre mari ?

    & Oui

    - Mais vous vous donnez les moyens d'arranger cela ?

    & Pas vraiment non.

    - Et vous l'avez dit à votre mari?

    & Oui, je lui en ai parlé.

    - Et que dit il ,

    & Il ne semble pas comprendre, c'est comme quand je suis fatiguée, il me dit: ce n'est pas étonnant avec tout ce que tu fais.

    - C'est peut être vrai !

    & En me reposant autant ? non. Mais pour ce problème de couple, il me dit : ce n'est pas si mal, parfois tout se passe bien.

    - Il a raison, vous préféreriez qu'il vous dise: ma pauvre, tu as des problèmes .

    & Non mais il n'a pas l'air de comprendre.

    - Vous voudriez lui faire passer quoi?

    & Je ne sais pas trop.

    - Alors lui ne peut pas savoir si vous même ne le savez pas.

    Mais moi je pense qu'il faudra que vous sortiez toutes vos peurs, que vous les dégueuliez, et on pourra travailler dessus. Mais je ne pense pas qu'il faille de nouveau gratter la plaie.

    & Mais je n'ai pas envie moi non plus.

    - Bon, je suis bien content de vous entendre dire cela, pour vos migraines, vous prenez quoi ?

    & Cela dépend, la nuit du klipal, dans la journée de l'Advil ou du gynergène caféiné. Mais quand j'ai mal c'est infernal, je ne supporte même pas le bruit des fourchettes dans les assiettes au repas, alors les conversations..........

    - Mais vous pourriez faire quelque chose pour cela, il y a un centre au CHU.

    & Oui je suis allée il y a quelques années, j'étais suivie par madame V.

    - Elle vous disait quoi?

    & Elle en disait rien, elle essayait des traitements.

    - Et ça marchait?

    & Au début, souvent oui puis ça reprenait.

    - Vous n'avez pas essayé autre chose, de l'acupuncture, de la relaxation?

    & Si, mais c'était pareil, mais là j'ai envie d'aller voir un homéopathe, si c'est dans la tête, cela marchera.

    & Vous avez déjà essayé?

    & Oui, mais il y a très longtemps.

    - D'accord, je pense que ce serait bien d'essayer car ces migraines vous épuisent, et vous gardez des choses douloureuses de votre passé, c'est ce qui vous donne aussi des migraines.

    & Mais c'est un cercle vicieux alors?

    - Oui, mais ça dépend quel sens vous lui donnez, et si vous traitez vos migraines cela peut bouger.

    Bon je vous ai écrit sur votre cahier de chercher ce qui vous montrera que vous êtes sortie de votre problème, essayez d'y réfléchir, c'est important on travaillera ça. Et reposez-vous prenez le temps qu'il faut.

    & Mais moi je dis que ce n'est pas une vie.

    - Mais que voulez vous faire endurer à votre corps encore ? vous croyez qu'il n'a pas assez subi, sans rien dire ?

    Cela va faire un an que l'on se connait, les choses ont changé, cherchez ce que vous pouvez faire avec tous les protagonistes.

    J'ai beaucoup pleuré, je me sens très triste en repartant. Mon mari m'attendait dans la voiture, je lui dis que c'était très dur, je pleure, il est à l'écoute et cela me fait du bien. Il y a des choses dites par le psy que j'ai du mal à avaler, mon mari essaie de les expliquer.

    Avec le recul de 10 ans, je me rends bien compte que mon psy pointait des résistances au changement, j'ai un peu de mal à accepter ce que j'étais à l'époque, que je devais être chiante . J'ai aussi maintenant l'expérience d'écouter des victimes!!!!

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