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    Retour chez le psy après mon séjour sur la côte en Mai 2000



    Je lui dis tout de suite que cela va un peu mieux, il me demande si je suis partie. Puis il me dit que j'ai pris une bonne décision entre la décision extrême qui était l'hospitalisation en clinique psychiatrique parmi des gens qui vont très mal et cette solution bien plus douce qui m'a fait du bien aussi.

    Puis il me demande ce qui se passait pour que je sois aussi mal la fois précédente, je lui dit que j'étais restée choquée par la séance de gros déballage. Il me demande ce qui me vient à l'esprit quand j'y pense.

    • C'était tellement douloureux.

    • De la douleur, mais encore ?

    • Cela me dégoute toute cette histoire là

    • Vous avez entendu la chasse d'eau ? La merde est partie avec la merde. Mais vous ne pensez pas que cela pourrait être autrement que dégoutant ?

    • Oui, mais je pensais me sentir mieux après.

    • C'est une plaie que l'on décape, il faudra y revenir, mais parmi cette souffrance il y a des moments ou il faut vivre, avoir du plaisir. Si vous y pensez toujours, c'est un moyen d'entretenir cette souffrance, vous ne pensez pas ?

    • Oui, mais parfois quand je suis bien, tout d'un coup, je me sens remplie de tristesse.

    • Oui, cela ne m'étonne pas, mais vous êtes en pleine reconstruction, c'est long une reconstruction. Quelle conclusion vous tireriez de cette séance ? Vous y avez repensé ?

    • C'est de moins penser à tout cela, en apprenant à vivre avec.

    • Je pense que ce qui vous empêche d'être bien, c'est que vous n'avez pas encore crié votre haine, votre révolte, que vous n'avez pas dit : C'est de la merde, ils m'emmerdent tous. Mais il faudra surement une piqûre de rappel. Ce n'est pas en y pensant tout le temps, vous ne pouvez rien changer à ce fait là qui est passé.

    • Oui, c'est parce que je travaille là dessus en ce moment comme jamais je ne l'avais fait, que j'y pense plus.

    • C'est d'en parler plus ici vous pensez ?

    • Oui, mais c'est quand je suis dans la contrainte, quand je suis fatiguée que cela ne va pas.

    • Arrivez vous à vivre en ignorant votre plaisir?

    • Oui, je pense surtout à faire plaisir aux autres.

    • Oui,vous êtes sur le modèle de la génération précédente : une mère et une épouse irréprochable, de l'excès dans tout, une maison bien tenue, cela pouvait être religieux aussi.

      Maintenant il faut franchir une autre étape: être heureuse pour vous, pour vous faire plaisir, faire des choses qui vous plaisent et lâcher, laisser aller.

    • Ce n'est pas facile de changer comme ça !!!

    • Non, et la semaine dernière sur la côte vous vous sentiez comment ?

    • L'après midi, cela allait, mais le matin j'étais très fatiguée, je dors très mal aussi. Bon je faisais des choses que j'aimais bien par contre, cela n'a pas été assez long.



    Nous revoyons mon traitement, puis il me redit que c'est bien d'être partie. Je lui dis que dès que je reviens à la maison tout me coute de nouveau. Il dit que c'est comme quand on a une grosse douleur, dès que l'on pense à autre chose ça va mieux, et dès que la distraction est terminée, cela revient. Il dit aussi qu'il faudrait provoquer une distraction, et essayer d'apprécier sans penser à la souffrance. Et si cela revient y penser 5 minutes, se donner ce temps là et après on passe à autre chose.

    Nous parlons aussi de la culpabilité, je dis que je me sens coupable d'aller mal.

    Il rajoute, oui et surtout vous ne voulez pas le montrer, autrefois les femmes qui avaient subi un traumatisme de l'enfance ne devaient surtout pas en parler, il y avait un mélange de culpabilité, de provocation, de plaisir...... Elles devaient se blinder, se montrer heureuses, épanouies, alors quelles ne l'étaient pas.


    Il ajoute que nous maintenons les séances plus rapprochées car il a peur que je ne sois pas comprise ailleurs (entretien qu'il a eu avec mon mari) et qu'il voudrait que je sois capable de vivre en dehors de son cabinet, même si cela fait mal en séance, c'est pour moins souffrir ensuite.


    Il précise, quand je lui demande s'il a lu ma lettre, qu'il est prêt à me lire et à m'entendre, qu'il ne faut pas hésiter.


    Une séance comme celle ci, m'épuise sur le moment, les larmes coulent souvent, mais je me sens tellement entendue que je suis rassurée et contente de chaque petit pas pour avancer.


    Je rentre chez moi en prévenant que j'ai besoin d'une heure pour me reposer, c'est un mercredi, ma fille de 15 ans prendra en charge la petite handicapée dont je m'occupe.

    Cependant après ce repos, la tristesse m'envahit. L'écriture, une promenade dehors et du jardinage m'aideront à penser à autre chose.


    Le lendemain quand tout le monde a repris le chemin du travail, de l'école, je me recouche et je craque,des larmes de tristesse et d'angoisse à n'en plus finir.



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  • Après cette séance douloureuse chez mon psychiatre, je rentre épuisée.
    Le sommeil de la nuit qui suit n'est pas au top. Le lendemain je prends RV avec ma généraliste, mon mari m'accompagne, je suis trop mal. Elle n'est pas pour l'hospitalisation, elle trouve très bien que je puisse partir chez une amie, elle me trouve très courageuse.
    Elle a revu mon traitement, mais elle n'est pas vraiemtn d'un grand réconfort pour moi.
    En rentrant à la maison je profite d'un moment seule pour écrire à mon psychiatre, c'est ce qui aura le plus d'effet libérateur.

    Deux jours plus tard, c'est la fête des mères et nous avons un repas avec la famille de mon mari (25 personnes), nous arrivons les derniers, je me sens si mal au milieu de tous ces gens plein de vie. Je n'ai aps envie de parler et je trouve la journée longue, je me demande si je vais tenir le coup, eh bien si !!! c'est incroyable comme on réussit à faire cet effort de ne pas s'effondrer. Une chose me fait plaisir cependant, c'est de voir mon mari se distraire avec ses beau frères, il en a bien besoin.

    Le lendemain, lundi, j'appelle mon amie qui a une maison sur la côte, elle veut bien que j'y aille, elle y sera deux jours, cela ne fait rien. Mon mari me conduit l'après midi même. Je ne pars pas vraiment de bon coeur, c'est vraiment que je ne PEUX pas faire autrement, j'ai un tel besoin d'être seule. Nous discutons avec mon mari en voiture, je lui dis que j'ennuie tout le monde, il n'est pas content. Puis je lui dis que j'ai du mal à me mettre en colère après celui qui m'a fait tant de mal, et tpout d'un coup je pense avec angoisse que quand je mourrai je serai en face lui. Mon mari me dit :eh bien tu pourras régler tes comptes justement.

    Ce séjour sera bénéfique, je suis épuisée et je me laisse aller à me reposer et à sortir marcher, c'est bon pour moi. Par contre les nuits sont très mauvaises. Je me retrouve face à moi  même quand mon amie s'absente, ce n'est pas toujours facile, mais je suis bien ainsi.

    Pendant ces quelques jours, mon mari à qui j'en ai fait le demande téléphone à mon psychiatre, surtotu pour se rassurer. Le psy trouve que les choses évoluent normalement, mais ce sera très long et il faudra sans doute répéter des séances d'une heure pour recreuser, c'est comme un abçès. Mon mari lui fait part de mon impossibilité à me mettre en colère contre mon abuseur, il dit que je lui suis trop attachée, que je n'arrive pas à lui en vouloir, il lui dit aussi que je me dévalorise tout le temps. Le psy dit qu'au contraire, je dois me valoriser,
    Mon mari lui dit qu'il n'était pas pour une hospitalisation, que la première fois il avait récupéré une loque, le psy n'est pas étonné de cela. 
    Puis il donne quelques conseils à mon mari: être très proche, supporter que je ne sois pas bien, c'est normal.
    Et puis q'il faudrait que je sois moins fermée en séance, que je me mette en colère.

    Bref cet échange entre eux a rassuré mon mari, j'espère beaucoup de la suite, et je me sentirai plsu à l'aise en retourant chez mon psy la semaine suivante.



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    Après cette séance de libération très douloureuse, je me relâche, dans le sens ou j'accepte de recevoir un peu de douceur, de la part de mon mari surtout, et puis je deviens indulgente par rapport à moi-même.

    Nous repassons à la maison chercher la caravane, afin de partir pour le reste du week end. Je croise mes enfants, ma fille est avec une copine, mon second fils revient d'un RV, je ne lui dis rien mais à la suite il me dira qu'il avait vu l'état dans lequel j'étais.

    Nous sommes arrivés tard pour déjeuner au camping, le temps est splendide, il pleuvait des cordes ce matin et un rayon de soleil est arrivé quand je sortais le plus difficile en séance, un clin d'œil? J'y crois en tout cas.

    Après le repas, je décide de faire une sieste bien méritée, je dors deux heures, c'est fou le besoin de récupérer que j'avais. Mais ensuite, je ressens une grande tristesse. Nous partons faire une marche bénéfique sur la plage.

    Je suis épuisée le soir de cette journée de libération, et la nuit suivante est très tourmentée, au réveil je suis envahie par une grande tristesse. J'écris la séance de la veille, pour la mettre à distance, m'en libérer, mais …..........seul le temps jouera en ma faveur.


    J'ai la mission, ordonnée par mon psy de me faire un cadeau, dans ce village de bord de mer, les boutiques ne manquent pas, je suis un peu à cours d'idées, j'hésite entre un poisson qui ouvre la bouche, comme pour mieux respirer et pour sortir par la bouche des choses difficiles, et puis c'est synonyme de liberté un poisson !!! ensuite j'aperçois le rayon poupées de porcelaine, elles ont un air triste, cela ne me convient pas, puis j'en aperçois une qui semble coquine, avec un sourire, des tresses, elle penche la tête, elle est musicale et animée. Je l'achète, je trouve qu'elle ressemble à ce que je veux être maintenant, insouciante et à l'aise. Je la trouve un peu cher, mais le changement amorcé hier ne vaut il pas cela ? Déjeuner au restaurant puis visite d'un parc floral, je profite.

    En rentrant au camping, ma tête se remplit de la séance de la veille, mais je peux partager avec mon mari, c'est très important pour moi et vraiment nous avons bien fait de partir de la maison ou sont restés nos deux plus jeunes enfant ados. Mon mari prend en charge la cuisine et autre........


    Le lendemain je rentre à la maison très fatiguée, j'appelle mon psy comme il me l'avait demandé, je lui dis mon état, il n'est pas du tout étonné. Il me dit qu'il faut laisser le temps au temps, que cet état peut se prolonger pendant plusieurs semaines, c'est comme un éclis que l'on triture, enlève, le temps de la douleur est variable. Il dit aussi qu'il faudra sans doute y revenir, creuser un peu plus, qu'il faudra une piqure de rappel. Il me conseille de me reposer, d'augmenter un peu mon traitement.


    Je me sens rassurée en raccrochant. Souvent un appel téléphonique m'aide bien en ces temps douloureux.



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  • Puis le fameux jour de cette séance est arrivé, c'était le samedi 15-04-2000, sur mon journal intime j'avais noté "GRAND JOUR DE LIBERATION".
    Après une mauvaise nuit, nous prenons la route de la ville ou habite mon psy, mon mari m'attendra dans la voiture, je ne me sentais pas capable de conduire et j'ai bien fait de prendre cette précaution, on le verra tout à l'heure.
    J'étais en avance dans la salle d'attente, ce cabinet de plusieurs médecins me semble désert un samedi. Le psy vient me chercher avec 15 minutes de retard, quel stress en attendant !!!

    Le psy s'asseoit derrière son bureau, mais tourne sa chaise de façon à ne pas me regarder, je le vois de profil, il ne parle pas, mais attend, et cela me bloque complètement. je ne sors pas un mot, puis enfin:

    - Si vous voulez faire  une heure de silence, ça peut se faire et ce sera positif aussi.
    -
    Je ne suis pas venue pour cela

    Silence de nouveau

    -
    Je n'arriverai pas de toute façon.
    -
    Ah, de toute façon, c'est comme une fatalité mais quand on programme, ce n'est pas toujours mieux. Vous êtes dans l'ici et maintenant, plus dans ce qui était programmé.

    Nouveau silence

    - Je peux vous demander une chose?
    - Oui

    - Est ce que je peux aller m'asseoir à côté de vous?

    - Oui

    - Comme ça on regardera dans la même direction et on verra les mêmes choses.

    Je prends ma veste posée sur l'autre chaise, sur mes genoux, j'ai l'impression qu'elle me protège un peu. Je n'arrête pas de balancer ma jambe nerveusement, et ce sera toute la séance jusqu'à ce que j'éclate en sanglots.

    Silence

    - Vous voyez le tableau à gauche, cela représente le rêve, il y a des anges sur des fleurs, c'est la pureté, la douceur, on pourrait dire que c'est l'enfance.
    Et vous voyez ma très grande plante à droite? elle en entend de toutes les couleurs : des choses tristes, très tristes et des choses qui le sont un peu moins, des choses coquines aussi puisque je fais de la sexologie, des choses très hards aussi. Mais ça la nourrit et la fait pousser. Et tous les ans, je coupe tout ce qu'elle a de mauvais, toutes les mauvaises pousses et ça lui redonne de la vigueur. Je l'aime bien ma plante, et elle se plait ici, j'en avais une autre dans une autre pièce ou il n'y avait pas de patients qui venaient, eh bien elle a crevé. Celle ci elle est nourrie par les mauvaises choses qu'elle entend et elle repart sur de nouvelles bases.

    J'ai bien écouté et bien compris la symbolique mais j'ai toujours autant de mal à démarrer. Je soupire profondément, il soupire aussi. Il respire calmement et profondément comme en sophro, il me guide pour que j'en fasse autant. Au bout d'un moment qui m'a paru un siècle je me lance d'une voix à peine audible :

    -
    Je me sens sale et il faut que je sorte toute cette saleté
    - Hum, comment vous faites le lien entre seule et saleté?
    - Non, SALE
    - Ah oui, j'avais compris seule.
    Quels sont les mots qui vous viennent à l'esprit à partir de sale?
    - salie, souillée, sexe, déchirée, ensanglantée.
    - OK, sexe, sale, souillée (il écrit tous les mots que je dis, puis me tend la feuille)
    Ecrivez en d'autres.

    J'écris: froid, noir, douleur. Il regarde et approuve.

    - Bon il faut faire la différence entre l'avoir et l'être. Vous avez été souillée, déchirée, ensanglantée. Vous n'êtes pas dans l'action. Vous écrivez: c'est ce salaud qui m'a fait ça, ce n'est pas moi qui faisait.

    Je n'arrive pas à écrire "ce salaud", alors je réfléchis un peu puis écris : C'est lui qui m'a fait des saloperies, ce n'est pas moi.

    - Bon, vous avez subi enfant, maintenant vous ne subissez plus, vous êtes une femme avec des valeurs, des qualités. Ecrivez le!

    Je ne peux pas , alors j'écris : J'ai été démolie, je vais me reconstruire. J'ai l'impression qu'il va déjà vers le positif et que je ne pourrai pas raconter le viol cette fois ci, et si c'est ça, je serai très mal après, je le pressens. Je pleure et je ne peux pas écrire de choses positives.

    Silence

    Puis j'écris : Je veux raconter ce qui s'est  passé car je me sens encore salie.

    - Par écrit ?

    - NON
    -
    OK, rrespirez bien et commencez en expirant, venez en aux circonstances, vous vous rappelez du jour?
    - Non,Je veux dire ses paroles, c'est ce qui me fait le plus mal

    - Oui, crachez toutes ces vomissures, crachez lui dessus ( cela dit avec une extrème douceur et beaucoup de respect envers moi).


    Silence, je pleure à chaudes larmes et respire fort.

    - Si vous voulez je vais écrire ce que vous dites, je vous dirai pourquoi après.

    -
    Mon frère faisait des cabanes. C'est dans l'une d'elle que cela s'est passé. Mes parents faisaient la sieste l'après midi, et ils voulaient avoir la paix, alors ils nous faisaient partir de la maison. Je me souviens seulement du moment ou j'étais allongée là, je pleurais et j'avais très mal, mon frère disait ......... il disait............. il disait: attends est que je ................, et plusieurs fois il a répété cela ( je n'écris pas ses mots ici aujourd'hui, mais je les avais dit ce jour là) et c'est tout ce dont je me souviens.

    Silence

    - A quoi vous pensez?
    - A mon mari
    - Oui?
    - Parce que quand je suis avec lui dans l'intimité, depuis que cette histoire est revenue à ma conscience, c'est cette mémoire là qui est présente.
    - Oui, mais quand vous êtes avec votre mari, c'est la petite fille qui ressent encore, mais maintenant cela va être la femme.
    - Mais pourquoi je ne me souviens pas de ce qui s'est passé après, ni avant d'ailleurs?
    - Ce sont souvent les moments les plus terribles qui reviennent à la mémoire. Pouvez vous imaginer ce qui s'est passé après?
    - Non , enfi
    n j'ai du me sauver en courant, mais je ne sais pas.
    - Pour aller à la maison?
    - Oui
    - Vos parents faisaient encore la sieste?
    - Oui, surement
    - Vous avez pris une douche?
    -
    Je ne pense pas ( je ne lui ai pas dit que nous n'avions pas de salle de bains)
    - Vous vous etes renfermée dans votre chambre?
    - Je n'avais pas vraiment de chambre, juste une coin aménagé qui donnait sur la cuisine, oui je pense que j'y suis allée, mais pas de souvenir. Je pense que j'ai du refouler aussitôt.
    - Oui, vous vous êtes ramassée sur vous même, recroquevillée, blindée. Mais maintenant vous allez vivre, panser vos plaies, mettre de la douceur en vous.
    Pensez vous que votre frère vous avait menacée?
    - Oui il m'avait surement dit de ne pas le dire à nos parents
    - Bon je vais déchirer la feuille en trois parties, il y en a une c'est, avant, l'autre c'est pendant, la 3ème, c'est après.Vous allez déchirer les 2 premières en petits morceaux et vous les posez sur le bureau. Il me donne la troisième, je déchire les deux premières avec un peu de rage. Il repart derrière son bureau, me tend une autre feuille et me dit d'écrire : Pour Pâquerette, vous écrivez un merci et quelque chose que vous allez faire pour vous remercier.

    J'hésite beaucoup en disant que je ne sais pas, cela me demande tellement d'effort après ce déballage. Je finis par écrire "merci" et ne sait plus quoi mettre, il m'encourage et j'écris "occupe toi de toi"

    - C'est bien, vous faites un tour en ville ou vous rentrez directement?
    - Non, mon mari m'attend dans la voiture.
    - Ok, et que pensez vous faire cet après midi?
    - Nous partons en week end.
    - C'est bien, mais vous allez vous faire un cadeau, pas des fleurs, mais quelque chose qui vous reste, pour fêter aujourd'hui, je vous ordonne de  le faire.

    Il fait sa feuille de soin.

    - Ca va?

    Pas de réponse( je me sens si angoissée)

    - ça va?
    - C'est dur.......... et j'éclate en sanglots, sans retenue, bruyamment, ça sort enfin les émotions. Il revient s'asseoir près de moi et pose sa main sur mon épaule pendant tout ce temps.

    - C'est bien, laissez sortir toute cette saleté, allez y, plus de saleté, de nausées, de souillures, de vomissures.

    Je suis dans un état pitoyable, épuisée, le mal de tête vient, puis des fourmillements dans les jambes, les mains, le visage. Je lui dis.

    - Ce n'est pas étonnant, c'est quand quelque chose se libère, vous voulez vous allonger?
    - Je sais pas

    Comme les fourmillements sont de plus en plus forts, il me conduit jusqu'au divan et s'asseoit dans le fauteuil à côté. Mes mains se pincent, mes pieds se tendent.

    - Vous avez quelque chose à prendre pour vous détendre?
    - Du xanax
    - Je vais vous chercher un verre d'eau.

    Il me le donne ainsi que mon sac pour que je prenne un comprimé, je tremble comme une feuille.

    - Vous savez ce que je vais faire de vos petits papiers?
    - Les brûler?
    - Non je vais les mettre dans les toilettes et tirer la chasse d'eau, vous l'entendrez.

    Il va faire ce qu'il a dit.

    - Vous avez entendu? ça y est, la merde est partie avec la merde. Il me demande si je veux la feuille de merci, je dis non et il la met dans mon dossier. Il revient s'asseoir et me dit: 
    -  Vous savez que je suis fier de vous? vous le savez ça?
    - Oui (je crois que j'étais bien incapable de savoir cela)
    - Vous avez bien travaillé, c'est très bien tout ça, ça va mieux?
    -
    J'ai encore des fourmillements mais vous pourriez peut être appeler mon mari, il a le portable.
    - Oui, le numéro?

    Il le fait en disant que j'ai eu des angoisses et que j'ai du m'allonger. Puis il me passe ma veste et me redit que c'est très bien, que je voulais le faire.
    - Oui, sinon je n'aurais pas été bien.

    Il m'a aussi demandé ce que je ferai cet après midi, j'ai dit que je voulais me coucher et je rappelle que nous partons, il dit que c'est très bien de vouloir récupérer avec le repos.
    Mon mari arrive, le psy lui dit juste que l'on a beaucoup avancé et que c'est très bien.
    Mon mari dit: je m'en occupe et nous partons, le psy m'a dit de l'appeler le lundi.

    Cette séance a duré 1H15, il avait deux patients dans la salle d'attente, mais il n'a, à aucun moment montrer qu'il était impatient, je pense que c'est vraiment un bon thérapeute, très humain en plus.

    Inutile de dire mon état en rentrant, mais je ressens vraiment une grande libération.





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    La semaine précédent cette séance de déballage est très difficile, je me sens angoissée et dans un état de grande fragilité. J'ai essayé d'organiser ce week end suivant avec mon mari : Mon mari me conduira en voiture, puis nous repasserons à la maison et nous partirons avec la caravane sur la côte. J'aurai besoin de m'isoler un peu, sans la présence des enfants.


    Heureusement que je dois organiser cette sortie, je ne pourrais pas vivre cette attente dans l'angoisse de façon passive.

    Le mercredi, je retrouve une amie et ses filles, pour un gouter au mac do avec la fillette que j'accueille. Mon amie Sylvie qui connait mon histoire me dit que je suis courageuse pour cette séance à venir, je lui réponds que ce n'est pas du courage, mais une question de survie.

    Le mercredi soir, c'est le groupe de parole à sos-inceste, les bénévoles vont dans le sens de mon psychiatre en disant que ce serait sans doute bien de parler de mon mal être à mon père. L'une dit que quand on est mal, on avance aussi. Je réponds que de savoir cela aide à supporter.

    Je dis aux bénévoles qu'elles sont ma famille de cœur et une famille à qui je peux parler sans jugement, avec la certitude d'être comprise.

    Nous avons aussi parler de l'écriture qui est si précieuse pour moi, c'est une bouffée d'air. Mais mon psychiatre m'a demandé d'écrire ce qui s'est passé, et cela je ne peux pas, j'ai trop l'impression que cela me salirait.

    Cette soirée « groupe de parole » m'aura fait beaucoup de bien.


    Le lendemain, j'ai une nouvelle séance de sophrologie surtout pour préparer celle de révélation

    programmée pour deux jours plus tard, et pour la dédramatiser.

    L'angoisse monte cette semaine là, les migraines récurrentes ne me lâchent plus la nuit.




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