•  Octobre 2000, suite..........

     

    C'est toujours une période aussi difficile, j'ai beaucoup de mal à supporter tout le monde dans mon entourage. Par exemple un dimanche chez la mère de mon mari, plusieurs de ses sœurs sont là, l'une d'elle était passée me voir le jeudi, elle avait vu que j'allais mal et ce dimanche elle ne me demande aucune nouvelle, ma belle mère non plus. Quand nous rentrons le soir, j'en fais part à mon mari, je suis énervée, mais je sens bien que le problème vient de moi, je ne tolère personne.

     C'est l'époque aussi ou je pense sans cesse à mon père, j'ai l'impression qu'il va se passer quelque chose avec lui, et cela me fait très peur, j'en fait part à mon mari, il ressent cela aussi.

    Quelque chose qui m'aide à ce moment là, c'est le jardinage, comme c'est l'automne, il y a bien du nettoyage, je sors souvent arracher les mauvaises herbes dans mes massifs de fleurs, cela me fait beaucoup de bien.

     Je continue d'aller au groupe de parole de l'association qui aide les victimes d'inceste, ce soir là je prends la route, épuisée et j'ai échappé de peu à un accident, j'ai failli en prenant la bretelle du périphérique être coincée entre un camion et la glissière de sécurité, j'ai eu vraiment peur et j'ai éclaté en sanglots, j'arrive toute tremblante à l'association, je raconte à la présidente.

    Pendant ce groupe de parole, je me sens bloquée pour parler, je ressens une douleur au niveau du cœur tellement je suis crispée, on me propose de prendre la parole, je ne peux pas. Un moment plus tard, je réussis et dis que même en ayant raconté mon histoire à une partie de la famille de mon mari, rien n'a changé, personne ne m'en parle. Et puis je fais part de mes peurs par rapport à la relation avec mon père et ma belle mère. On me dit que j'ai fait beaucoup de travail, mais qu'il en reste encore. J'ajoute que mon psy le confirme en me disant qu'il me reste encore beaucoup de choses du passé à "dégueuler". Je dis aussi que les cauchemars sont encore nombreux.

     

    Je décide d'aller voir à cette période un homéopathe, cela vaut le coup d'essayer je pense, ce genre de traitement. J'ai une adresse chez un médecin connu par plusieurs personnes que je connais. Il me demande  d'abord pourquoi je viens le voir, je lui dis pour des migraines et un épuisement total. Il pose quelques questions, si je suis en ce moment, dans un état particulier, stressée, contrariée, si je prends des médicaments. je précise que je suis sous anti dépresseurs et en thérapie depuis quelques années. Il me demande si je sais la cause de ma dépression, je dis aussitôt que j'ai vécu un inceste dans l'enfance.

    Il ajoute que c'est un traumatisme majeur, me demande si je m'en suis toujours rappelée

    Alors, j'explique: oui je l'avais occulté, je m'en suis souvenu voilà 4 ans 1/2, je suis en dépression depuis 9 ans, je ne savais pas pourquoi. j'ai commencé à faire des cures thermales en 1994, en 1995 j'ai été hospitalisée en clinique psy, toujours sans savoir la raison de mon mal être. En 1996 j'ai changé de médecin thermal et ce nouveau m'a dit d'écrire ma vie, et là les souvenirs sont revenus en écrivant.

    -Ah oui, écrire, surement

    Mon psy me dit que ces symptômes qui persistent sont là sans doute pour ne pas creuser des choses trop difficiles.

    -Oui, on va s'en occuper.

     Il me donne un traitement de fond, des oligo-éléments, un traitement pour le système nerveux et la spasmophilie et pense que ce serait bien de réussir dans quelque temps à diminuer l'antidépresseur, le neuroleptique et l'anxiolytique, mais lui ne s'occupe pas de cela, il dit de voir ça avec mon psy et surtout de continuer la thérapie. Il veut me revoir un mois plus tard.

    Je lui raconte que j'ai changé de psy 10 mois avant, que je n'en pouvais plus avec l'autre, il me dit que j'ai bien fait de changer et que celui ci est très bien.

     Cette consultation de 30 minutes m'a fait beaucoup de bien, je me suis sentie entendue.

     

    Quelques jours plus tard, je devais retrouver deux amies qui ont oublié, je réussis à en joindre l'une d'elle qui est bien ennuyée, elle me propose d'aller la voir. J'ai très mal pris ce fait là, qu'elles aient pu oublier. En plus j'ai vu sur le journal le décès d'une ancienne collègue, cette amie m'apprend que c'est un suicide, je suis très touchée, forcément dans l'état dans lequel je suis !!!

    Nous passons cependant un moment agréable, je déverse beaucoup, mais en rentrant chez moi je suis épuisée et vais me coucher.

    Le lendemain je réussis à joindre mon autre amie qui me dit que nous ne nous étions pas comprises, elle est très ennuyée, et elle n'osait pas m'appeler pour ne pas avoir a m'annoncer le suicide de cette autre collègue. Alors je déverse avec elle aussi, j'ai eu de la chance dans ces moments très douloureux d'avoir des personnes pour m'écouter et me soutenir. Je remercie souvent ces deux amies.

     

    Deux nouvelles journées de formation quelques jours après. Je ne suis pas vraiment apte, mais comme nous prenons des notes, il y a au moins dans ma mémoire quelques restes.

    Quelques points importants:

    - Les non-dits (secrets de famille) font beaucoup plus de dégâts que la vérité. Ce que l'on ne peut pas dire, c'est que l'on n'ose pas se le dire à soi-même.

    - Le contenant: c'est s'autoriser à avoir du bon. La fonction contenante comprend: les soins, le contact peau à peau et la parole.

    - Le narcissisme c'est l'estime de soi.

    - Le suffisamment bon intériorisé donne le sentiment d'être bon, d'être aimable et de compter pour quelqu'un.

    - La nature a horreur du vide.

    - Pour s'autoriser à avoir du bon, il faut la sécurité de base. Si le bon arrive trop vite, c'est le débordement.

    - La maison représente notre intérieur.

    - Quand il y a répétition du symptôme, c'est que l'on demande que l'on nous redise les choses.

    - L'haptonomie: c'est la science du toucher avec un message affectif. L'haptothérapie est intéressante pour des adultes qui sont mal dans leur corps.

     

     Peu de jour après j'appelle les bénévoles de l'association, je suis trop angoissée. j'ai la présidente que je connais au groupe de parole alors je suis contente.

    Je lui fais part de mes angoisses et de mes peurs:

     - Ma séance psy de demain

    - La Toussaint proche, et mes peurs par rapport à la religion

    - La mort de mon frère et le pardon

    - Le suicide de mon ancienne collègue

    - Mon sentiment d'abandon le samedi précédent avec mes amies

    - Ma formation qui me remet en questions

    - Ma fatigue, mes douleurs

     

    Elle répond à beaucoup de choses:

     - Le pardon je n'en suis pas là, ce n'est pas pour tout de suite. Dans la religion, on nous dit de pardonner, mais il faut être prête.

    - Ce qui est dur à accepter c'est le changement, la Paquerette qui s'est mise en colère contre son frère, ce n'est pas l'habitude donc difficile à accepter quand on a toujours réagi autrement

    - Le suicide de cette femme, peut être qu'elle n'a pas pu parler elle, moi j'ai choisi la vie en parlant

    - Mes copines m'aident, mais peut être qu'un jour elle auront besoin de moi à leur tour.

    - Ma thérapie, il faut accepter des moments plus difficiles, ce sont souvent des allers retours. Si je suis mal après les séances, me faire plaisir après et écrire.

    - Jai eu des périodes ou j'ai été mieux, cela reviendra car je sais que c'est possible.

    - J'ai beaucoup avancé, je ne suis plus la même que deux ans auparavant quand j'ai commencé à aller à l'association.

    - Pour mon père, il est âgé, mais est ce que je ne serai pas encore plus mal quand il ne sera plus là si je ne lui ai pas parlé.

    - Pour ma formation, heureusement que j'ai déjà fait un travail de thérapie.

    Je lui dis que je ferais mieux d'arrêter les groupes de parole car je me sens bloquée et je n'arrive pas à parler, je ne fais que pleurer.

    Elle me dit que ça fait du bien de pleurer justement. Je lui dis que je culpabilise d'en être encore là, les autres qui sont au début de leur histoire semblent mieux que moi. Elle me rassure en disant que moi je suis au milieu et que ce n'est pas une ligne droite, et que je parle quand même et que cela aide les autres. Bon, je ne suis pas persuadée, je dis aussi que c'est difficile d'entendre les histoires des autres, elle me dit que cela fait avancer, que la douleur fait aussi avancer, que je suis encore en souffrance, mais que j'ai fait un énorme pas.

    Une autre bénévole me parle aussi et me dit que c'est difficile d'accepter le changement, ne plus cacher devant tout le monde que l'on va mal. Elle ajoute que les symptômes sont là parce que tout n'est pas réglé.

    J'ai puisé dans ces échanges la force et l'énergie pour continuer, merci les filles.

     


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      Mon fils ainé est donc parti travailler à l'étranger, il reviendra à Noël, il nous a laissé son ordinateur ( Son entreprise lui en fournit un beaucoup plus performant ) qu'il avait acheté pour ses études, et aussi sa connexion internet qu'il avait pris pour l'été, je fais donc mes premiers pas sur la toile. je n'y passe pas des heures puisqu'il faut partager cette connexion en famille ce qui apporte souvent des conflits avec nos deux autres enfants ados, mais bon!!!

    J'ai des souvenirs mémorables de cette époque ou nous avions une connexion pour 20 heures mensuelles. Nous avions donc établi une fiche afin que chacun y note ses heures, car en cas de dépassement, la note était salée. Heureusement à cette époque, mon mari n'était pas intéressé par internet, il n'avait surtout pas le temps.

    En plus, je passe beaucoup plus de temps qu'il est utile, car je patauge pas mal, les débuts ne sont pas évidents, mais je suis tenace, les mails ne partent pas toujours comme j'aimerais.

    La relation avec mes parents est toujours aussi difficile, surtout avec ma belle mère, qui reprend petit à petit à me parler.

    C'est très tendu, j'ai vraiment du mal.

    A cette époque déjà je suis douloureuse souvent, la tête, le dos. Je travaille toujours en accueillant cette jeune de 12 ans handicapée mentale, c'est un accueil de semaine.

     

    Séance chez mon psychiatre comportementaliste:

     - Vous avez mis la couleur qui reflète votre ressenti ?

    & Pas vraiment, non.

    - En tout cas cela vous va très bien, c'est très joli.

    Tenez, je vous rends votre cahier, je l'ai lu le soir avant de dormir, vous me croyez ?

    & Si vous le dites ! Oui sans doute.

    - Mais oui, ma femme me demandait ce que je faisais, je lui ai répondu: je lis la vie d'une femme, elle m'a répondu: ah bon alors !

    Alors, et vos migraines ?

    & Eh bien, j'en ai de temps en temps, je suis bien un jour ou une demi journée parfois parmi les migraines et l'épuisement.

    - Et est-ce les migraines qui vous épuisent ou le contraire, vous êtes épuisée parce que les migraines sont présentes?

    & Je ne pense pas, car cela m'arrive d'être épuisée sans migraine.

    - Et vous en êtes ou de votre traitement? je ne vous l'avais pas demandé la dernière fois ?

    & Je prends 4 Effexor 25, 8 gouttes de Tercian et 2 Seresta 10 le soir, 3 quand cela ne va pas.

    - Oui, je pense que vous allez pouvoir prendre la forme LP d'Effexor en une prise le matin, c'est du 37,5mg , vous en prendrez deux, et cela vous couvrira 24H.

    & Oui parce que j'oublie parfois le midi et j'ai plein de décharges électriques dès 18H.

    - Oui c'est pour ça, vous avez des préoccupations en ce moment ?

    & Sans plus, le départ de mon fils m'a fatiguée, travaillée. L'histoire avec mon père et ma belle mère aussi. Mais je suis tellement épuisée, je me repose pourtant..

    - Et vous ne supportez pas de vous autoriser à vous reposer ?

    & Si, mais je vois hier je me suis reposée une heure trente le midi, j'ai dormi mais une heure après en reprenant mon travail c'était pareil, j'étais aussi crevée.

    - Mais parce que votre corps a besoin de récupérer.

    & Oui, mais c'est pas une vie, et j'en ai marre.

    - Vous en aviez marre quand vous n'alliez pas bien, vous en avez marre maintenant que c'est mieux mais après toutes ces épreuves !!!

    Vous êtes partie en cure ? est ce depuis votre retour que vous êtes plus fatiguée ? vous êtes rentrée quand ?

    & Début Août, mais après nous sommes partis en Espagne, c'est depuis début septembre

    .- C'est normal, c'est la convalescence. Il vous faut un petit rythme, et les migraines persistent comme s'il fallait vous remplir la tête pour vous empêcher de penser. Pendant ce temps, vous pensez à votre mal de tête et vous ne pouvez pas vous concentrer pour aborder les choses douloureuses qui restent de votre passé. Et le surmenage c'est pour vous prendre l'énergie qu'il vous faudrait à régler ces mêmes choses. Mais ce qu'il faudrait c'est apprendre à vivre avec le passé et investir le présent.

    Mais à quoi vous allez vous rendre compte qu'il ne reste plus de séquelles du passé ?

    & Eh bien en étant mieux plus longtemps, non pas une demi journée comme cette semaine ou un jour par ci par là.

    - Oui, mais encore ?

    & Je sais pas moi.........

    - Vous comprenez, vous avez eu une blessure, et comme toute blessure, elle a laissé des traces dans le corps, on ne peut pas l'effacer, mais cela peut devenir une cicatrice et l'on peut vivre avec. Le temps de cicatrisation est proportionnel au temps de souffrance.

    A quoi vous voyez qu'elle vous fait encore souffrir ?

    & Par exemple, hier j'ai regardé "envoyé spécial" sur le viol, et j'ai pleuré, c'était trop dur. C'est difficile aussi d'entendre les témoignages des autres victimes au groupe de parole.

    - D'accord, alors vous vous rendrez compte que ce n'est plus douloureux quand vous pourrez écouter des témoignages, quand vous pourrez en parler sans pleurer ?

    & Oui, je fais aussi encore des cauchemars.

    - Mais moins qu'avant ou c'était sans arrêt ?

    & Mais là j'ai rêvé que j'étais chez ma meilleure amie et que son fils qui était là avait la tête de mon frère.

    - Mais dans vos rêves vous appelez la police, c'est l'essentiel que ce soit en rêve ou réveillée, peu importe.

    & Oui, d'ailleurs je en sais pas si c'était en rêve ou après mais j'avais envie de voir la police arriver.

    - Vous l'avez appelée ?

    & Je me rends compte aussi que ce n'est pas réglé dans la relation avec mon mari, cela ne s'arrange pas.

    - Ah bon, vous êtes mieux et cela ne va pas avec votre mari ?

    & Oui

    - Mais vous vous donnez les moyens d'arranger cela ?

    & Pas vraiment non.

    - Et vous l'avez dit à votre mari?

    & Oui, je lui en ai parlé.

    - Et que dit il ,

    & Il ne semble pas comprendre, c'est comme quand je suis fatiguée, il me dit: ce n'est pas étonnant avec tout ce que tu fais.

    - C'est peut être vrai !

    & En me reposant autant ? non. Mais pour ce problème de couple, il me dit : ce n'est pas si mal, parfois tout se passe bien.

    - Il a raison, vous préféreriez qu'il vous dise: ma pauvre, tu as des problèmes .

    & Non mais il n'a pas l'air de comprendre.

    - Vous voudriez lui faire passer quoi?

    & Je ne sais pas trop.

    - Alors lui ne peut pas savoir si vous même ne le savez pas.

    Mais moi je pense qu'il faudra que vous sortiez toutes vos peurs, que vous les dégueuliez, et on pourra travailler dessus. Mais je ne pense pas qu'il faille de nouveau gratter la plaie.

    & Mais je n'ai pas envie moi non plus.

    - Bon, je suis bien content de vous entendre dire cela, pour vos migraines, vous prenez quoi ?

    & Cela dépend, la nuit du klipal, dans la journée de l'Advil ou du gynergène caféiné. Mais quand j'ai mal c'est infernal, je ne supporte même pas le bruit des fourchettes dans les assiettes au repas, alors les conversations..........

    - Mais vous pourriez faire quelque chose pour cela, il y a un centre au CHU.

    & Oui je suis allée il y a quelques années, j'étais suivie par madame V.

    - Elle vous disait quoi?

    & Elle en disait rien, elle essayait des traitements.

    - Et ça marchait?

    & Au début, souvent oui puis ça reprenait.

    - Vous n'avez pas essayé autre chose, de l'acupuncture, de la relaxation?

    & Si, mais c'était pareil, mais là j'ai envie d'aller voir un homéopathe, si c'est dans la tête, cela marchera.

    & Vous avez déjà essayé?

    & Oui, mais il y a très longtemps.

    - D'accord, je pense que ce serait bien d'essayer car ces migraines vous épuisent, et vous gardez des choses douloureuses de votre passé, c'est ce qui vous donne aussi des migraines.

    & Mais c'est un cercle vicieux alors?

    - Oui, mais ça dépend quel sens vous lui donnez, et si vous traitez vos migraines cela peut bouger.

    Bon je vous ai écrit sur votre cahier de chercher ce qui vous montrera que vous êtes sortie de votre problème, essayez d'y réfléchir, c'est important on travaillera ça. Et reposez-vous prenez le temps qu'il faut.

    & Mais moi je dis que ce n'est pas une vie.

    - Mais que voulez vous faire endurer à votre corps encore ? vous croyez qu'il n'a pas assez subi, sans rien dire ?

    Cela va faire un an que l'on se connait, les choses ont changé, cherchez ce que vous pouvez faire avec tous les protagonistes.

    J'ai beaucoup pleuré, je me sens très triste en repartant. Mon mari m'attendait dans la voiture, je lui dis que c'était très dur, je pleure, il est à l'écoute et cela me fait du bien. Il y a des choses dites par le psy que j'ai du mal à avaler, mon mari essaie de les expliquer.

    Avec le recul de 10 ans, je me rends bien compte que mon psy pointait des résistances au changement, j'ai un peu de mal à accepter ce que j'étais à l'époque, que je devais être chiante . J'ai aussi maintenant l'expérience d'écouter des victimes!!!!


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    Septembre 2000

     

    Mon père commence à se rapprocher de moi.

     

    Un souci après un test pour voir si je suis immunisée contre la tuberculose chez le médecin, ce test est positif, mon médecin de l'époque a un peu paniqué et joint deux pneumologues de l'hôpital, qui ont dit de faire une radio pulmonaire en urgence, et un bilan sanguin, cela ne m'a pas rassurée et mon père se trouvait à venir à la maison ce jour là.

    Dès le lendemain matin je passe cette radio qui se révèle tout à fait normale. Mon père téléphone dans la journée pour savoir le résultat et il paraît vraiment inquiet et proche, si bien qu'en raccrochant, j'éclate en sanglots, c'est tellement nouveau et inhabituel!

     

    Le départ définitif de mon fils ainé, pour le travail qu'il a décroché à l'étranger, est proche et cela me bouleverse énormément. Je suis dans un état d'épuisement de nouveau et de fragilité émotionnelle, les larmes sont souvent là.

    Le lendemain il prend l'avion, nous l'avons conduit à l'aéroport et nous attendons que l'avion décolle pour repartir. Et encore une fois comme souvent, après son départ je me sens soulagée, c'est toujours cette période de préparatifs et d'énervement qui ne me va pas du tout, même encore maintenant.

    Quelques jours plus tard, je suis en formation, obligatoire pour mon travail de famille d'accueil, formation qui résonne beaucoup en moi, je vais retracer ici les notes importantes que j'avais écrites dans mon journal intime voilà 10 ans. Elle était faite par une femme psychanalyste à Paris.

     

    - Les symptômes sont un signe de souffrance dans sa propre histoire.

    - L'amnésie de l'enfance est dans l'inconscient.

    - Il y a le mécanisme de la répétition.

    - Inconscient : ce qui est oublié de notre mémoire consciente ne l'est pas pour notre cœur et notre corps.

    - Répétition mortifère: mécanisme psychique inconscient; tendance à reproduire à notre insu les points de souffrance de notre histoire, qui n'ont pas pu être élaborés.

    -Élaboration: digestion psychique qui passe par la parole, cela prend du temps. Le temps psychique n'est pas le temps de l'horloge. Pendant l'élaboration, il y a des temps de pause, des marches arrière, des marches en avant.

    (Je prends la parole pour dire que c'est tellement douloureux l'élaboration, la formatrice dit oui, c'est pour cela qu'il y a des résistances et que l'on freine des quatre fers)

    La fin de l'élaboration permet un changement de position psychique.

    D'abord on est considéré comme un objet:

    - Il y a répétition mortifère.

    - Il faut ensuite en sortir.

    - Il le faut pour devenir un sujet acteur et actif.

    - Le rêve est une voie d'élaboration.

    - Souffrance humaine: manque de mots sur le traumatisme, de paroles, d'écoute sur l'évènement traumatique et sur les émotions qui nous ont traversés à ce moment là.

    (J'ai demandé à la formatrice si quand la mémoire consciente de ce moment là a disparu, les émotions ressenties à ce moment là pouvaient être les mêmes que celles qui sont là en le racontant 30 ans plus tard, elle a répondu:( oui bien sur car elles étaient dans l'inconscient et on ne peut pas faire l'économie d'élaborer son histoire)

    Cette première journée de formation a été très riche pour moi, mais elle m'a remuée en profondeur, j'ai compris cependant beaucoup de choses qui se sont passées en thérapie pendant cette dernière année.

    Je suis épuisée le soir, m'occuper de la petite accueillie, faire 85 km dans la journée, les deux trajets en ville pour la formation et deux autres pour aller chercher ma fille au conservatoire.

    Et le lendemain retour en formation, j'ai retenu:

     

    - Il faut mettre des mots sur les émotions: peut être que............ne pas faire ravaler, faire sortir ce qui se passe à l'intérieur.

    - Le silence est porteur de quelque chose, il est une parole: je ne peux ou ne veux rien en dire pour le moment.

    - C'est le sujet qui accepte de lâcher son symptôme.

    - On ne peut se détacher, que si on a été suffisamment attaché  ( Je l'ai souvent reprise cette phrase ) Les troubles de l'attachement vont entrainer une impossibilité à se détacher.

    La formation apparait comme une formation d'écoutant, mais avec les enfants accueillis il faut bien savoir comment les aider au mieux dans ce qu'ils peuvent nous dire ou entendre. La fin de cette seconde journée a été consacrée aux enfants et j'ai pu avoir des conseils pour Vanessa qui est un peu sauvage, et a un gros problème de limites et de communication, en plus de son retard intellectuel. J'ai appris aussi qu'il ne fallait pas lui donner trop de « bon » d'un coup.

    On a dit aussi qu'il faut savoir tirer la sonnette d'alarme en cas de début d'épuisement, qu'il faut se donner du temps pour soi, la culpabilité donne une mauvaise relation.

     


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    Et ensuite en Septembre 2000, toujours !!!

     

    C'est à cette période là que les soucis commencent avec ma fille, même s'il y en a déjà eu un peu, ils prennent une autre tournure.

    Elle vient donc d'entrer en seconde en ville, elle n'a retrouvé aucune copine du collège. Après deux jours alitée à la maison pour une gastro elle repart au lycée une journée, puis le lendemain elle a laissé un mot sur la table de la cuisine car elle se lève plus tôt que moi habituellement , eh oui le car passe à 6h50, ou elle dit s'être recouchée parce parce qu'elle en se sent pas bien. Cela commence à me prendre la tête, je m'inquiète pour elle, d'autant qu'elle m'a confié que tout le monde se moquait d'elle dans la classe lors de son retour la veille, je l'emmène contre son gré chez le médecin qui lui donne de l'homéopathie, je n'ai pas assisté à la consultation par choix.

    Le jour suivant elle reprend le chemin du lycée, mais l'infirmière me téléphone dans la matinée pour dire qu'elle est malade et que je dois aller la chercher, je raconte un peu à l'infirmière ce que ma fille m'a dit la veille et celle ci pense qu'il est préférable que ma fille fasse un effort et reparte en cours, je suis tout à fait d'accord avec cela, elle me passe ma fille en larmes, qui fait le forcing, je lui dis que je n'irai pas la chercher pour son bien, elle est très mécontente, c'est dur ^pour moi, mais je en cède pas.

     

    Séance de thérapie le 26 -9 -2000

     

    Je dis à mon psy que c'est un peu dur en ce moment, que je suis fatiguée, il me demande pourquoi, je dis que les garçons n'ont pas repris que nous sommes 6 à la maison et que j'ai du mal à faire face à tout. Puis je raconte les évènements passés avec mon père et ma belle mère, je dis que j'ai réussi à parler un peu de ce que je ressentais, mais avec beaucoup d'émotion, de larmes, d'angoisse et donc de grosse fatigue. Le psy trouve que c'est très bien, que j'ai vraiment bien réagi, que je devrais être contente d'avoir réagi comme cela, que c'est positif. Je suis d'accord mais à quel prix! Le psy trouve que j'ai fait un pas de géant et que je devrais me faire un cadeau. Il conseille de ne pas en faire trop par ailleurs, de prendre du temps pour me reposer. De ne pas accepter autant d'invitations pour les week end si je suis trop fatiguée, que je suis en convalescence disons pendant un an environ. Il dit que quand je fais quelque chose d'aussi important comme ce que j'ai fait, qu'il faut un temps de récupération ensuite. Qu'il faut aussi savoir me faire plaisir dans le cas ou ça va moins bien, comme des bains ou massages, ou lire, écrire, téléphoner. C'est grâce à cela que je supporterai mieux les hauts et les bas.

    Je lui dis que je n'ai pas été gentille avec ma belle mère au téléphone.

    - Pas gentille, mais vous n'êtes plus une enfant, vous avez eu une réaction d'adulte en lui disant ce que vous aviez envie de lui dire depuis longtemps.

    & J'étais quand même inquiète pour eux après.

    - C'était justifié ? Ils ne se sont pas asphyxiés par le gaz ? On résiste à cela.

    & Oui, d'ailleurs le lendemain ma père m'a téléphoné, il n'a pas demandé de mes nouvelles, m'a donné des siennes, c'est tout. Cela ne change pas quoi.

    - Vous voyez bien.

     

    Puis je raconte l'épisode de ma fille l'appel de l'infirmière le matin même. Il me dit que là aussi j'ai eu une réaction d'adulte, et que c'est très bien.

    Il ajoute que ce n'est pas facile le changement, cela ne se fait pas sans tension, il y a toujours un vieux fonctionnement qui nous tire en arrière, je suis dans un processus de changement et cela s'accompagne de hauts et de bas. Il dit que les choses vont être plus claires avec mes parents, qu'avant je contenais, je me forçais, sans dire ce que je pensais.

     Une séance dans les larmes encore une fois, je ressors pleine d'émotion et de stress.


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    Suite de ce 18-09-2000

     

    Un peu plus tard pendant cette soirée difficile, ma belle mère appelle pour s'excuser, on dirait une petite fille, elle me demande si c'est pour ce qu'elle a dit sur l'argent, je réponds qu'il n'y a pas que cela, qu'elle avait aussi en déjeunant dit à mon second fils qu'il était faignant et il venait de partir effectuer sa 7ème semaine de travail estival et que même s'il était parti en vacances qu'il gérait son budget. Elle reprend que cela ne la regarde pas et elle s'excuse. J'ajoute que cela m'a fait beaucoup de mal de l'entendre dire à mon fils d'un ton véhément: tu es un faignant. Je dis aussi que mon fils ainé ne voudra plus demander ce qu'il faut pour son installation à l'étranger à son grand père quand il saura tout cela. Elle me dit: mais il ne faut pas lui dire, pourquoi tu le dis ? Tout le monde va le savoir. Ce à quoi j'ajoute qu'en famille nous nous disons les choses.

    Elle me dit que je suis trop sensible, je me surprends à lui répondre que oui, mais si je suis sensible il y avait une raison et que j'ai subi un choc autrefois, je ne crois pas qu'elle l'ait entendu.

    Je dis que mon mari et notre second fils sont choqués aussi, elle répond qu'elle parle trop, qu'elle ne dira plus rien. J'ajoute qu'il y a des façons de dire les choses, et que moi non plus je ne dirai plus rien pour éviter d'être critiquée. Puis elle rajoute que les histoires d'argent entre mon père et ses petits enfants ne la regardent pas, qu'il a son compte bancaire et elle, le sien. Elle dit enfin qu'il ne faut pas se fâcher.

    La communication a été difficile, je n'ai pu retenir mes larmes, mais au moins j'ai dit ce que je ressentais, j'ai même sorti ma colère, je suis épuisée après tout cela.

    Cela ne m'empêche pas les jours suivants de m'inquiéter pour mon père surtout, mais le lendemain il m'appelle pour donner de ses nouvelles qui sont très bonnes.

    Quelques jours plus tard je participe à un groupe de parole de l'asso, je raconte cet épisode et on me félicite, mais je dis les dégâts de l'inceste : beaucoup de dégâts intérieurs pendant la période de refoulement, complication de la vie d'ado et de jeune adulte sans en savoir la cause, difficultés dans le début de la vie de couple et de jeune mère. La première grossesse avec une dépression, puis la dépression post partum. De tout cela les enfants ne sortent pas indemnes, même après la révélation à leur égard l'année précédente.

     

    C'est à cette période là que mon fils ainé m'initie à internet, cela fait donc 10 ans, il avait un peu de temps avant de démarrer son activité à l'étranger et il laisse à la maison l'ordinateur qu'il avait acheté pour ses études et l'abonnement internet qu'il avait pris pour les vacances. Au début, je tâtonne beaucoup, surtout que je n'utilisais pas d'ordinateur, j'y passerai bien du temps, mais pas autant que maintenant pourtant, car il fallait partager tout cela avec le reste de la famille et il n'y avait pas l'ADSL, donc la ligne téléphonique était occupée lors des connections. Connexion qui était facturée selon le temps d'utilisation, je me souviens avoir fait une fiche pour que chacun note le temps passé, c'est fou quand on y pense maintenant, alors que j'ai deux ordinateurs, mon mari le sien et ma fille au moins deux aussi, voir plus.

     

    Cette fin de semaine, comme prévu nous rendions visite à mon père en convalescence et à ma belle mère, notre fils ainé vint avec nous et ma nièce était là aussi. L'ambiance est froide et très tendue. Ma belle mère est très gênée et parle peu, je suis tendue aussi, il y a des grands moments de silence. Mon père semble énervé, il parle beaucoup, contrairement à son habitude.

    Difficile rencontre qui me vaudra une très forte migraine la nuit suivante, et beaucoup d'angoisses le lendemain, des acouphènes enfin bref, beaucoup de dérèglements dus à cet immense stress.

     


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