• Chapitre 5, partie 4 : " suite de séjour chez une amie "


     

    Retour chez le psy après mon séjour sur la côte en Mai 2000



    Je lui dis tout de suite que cela va un peu mieux, il me demande si je suis partie. Puis il me dit que j'ai pris une bonne décision entre la décision extrême qui était l'hospitalisation en clinique psychiatrique parmi des gens qui vont très mal et cette solution bien plus douce qui m'a fait du bien aussi.

    Puis il me demande ce qui se passait pour que je sois aussi mal la fois précédente, je lui dit que j'étais restée choquée par la séance de gros déballage. Il me demande ce qui me vient à l'esprit quand j'y pense.

    • C'était tellement douloureux.

    • De la douleur, mais encore ?

    • Cela me dégoute toute cette histoire là

    • Vous avez entendu la chasse d'eau ? La merde est partie avec la merde. Mais vous ne pensez pas que cela pourrait être autrement que dégoutant ?

    • Oui, mais je pensais me sentir mieux après.

    • C'est une plaie que l'on décape, il faudra y revenir, mais parmi cette souffrance il y a des moments ou il faut vivre, avoir du plaisir. Si vous y pensez toujours, c'est un moyen d'entretenir cette souffrance, vous ne pensez pas ?

    • Oui, mais parfois quand je suis bien, tout d'un coup, je me sens remplie de tristesse.

    • Oui, cela ne m'étonne pas, mais vous êtes en pleine reconstruction, c'est long une reconstruction. Quelle conclusion vous tireriez de cette séance ? Vous y avez repensé ?

    • C'est de moins penser à tout cela, en apprenant à vivre avec.

    • Je pense que ce qui vous empêche d'être bien, c'est que vous n'avez pas encore crié votre haine, votre révolte, que vous n'avez pas dit : C'est de la merde, ils m'emmerdent tous. Mais il faudra surement une piqûre de rappel. Ce n'est pas en y pensant tout le temps, vous ne pouvez rien changer à ce fait là qui est passé.

    • Oui, c'est parce que je travaille là dessus en ce moment comme jamais je ne l'avais fait, que j'y pense plus.

    • C'est d'en parler plus ici vous pensez ?

    • Oui, mais c'est quand je suis dans la contrainte, quand je suis fatiguée que cela ne va pas.

    • Arrivez vous à vivre en ignorant votre plaisir?

    • Oui, je pense surtout à faire plaisir aux autres.

    • Oui,vous êtes sur le modèle de la génération précédente : une mère et une épouse irréprochable, de l'excès dans tout, une maison bien tenue, cela pouvait être religieux aussi.

      Maintenant il faut franchir une autre étape: être heureuse pour vous, pour vous faire plaisir, faire des choses qui vous plaisent et lâcher, laisser aller.

    • Ce n'est pas facile de changer comme ça !!!

    • Non, et la semaine dernière sur la côte vous vous sentiez comment ?

    • L'après midi, cela allait, mais le matin j'étais très fatiguée, je dors très mal aussi. Bon je faisais des choses que j'aimais bien par contre, cela n'a pas été assez long.



    Nous revoyons mon traitement, puis il me redit que c'est bien d'être partie. Je lui dis que dès que je reviens à la maison tout me coute de nouveau. Il dit que c'est comme quand on a une grosse douleur, dès que l'on pense à autre chose ça va mieux, et dès que la distraction est terminée, cela revient. Il dit aussi qu'il faudrait provoquer une distraction, et essayer d'apprécier sans penser à la souffrance. Et si cela revient y penser 5 minutes, se donner ce temps là et après on passe à autre chose.

    Nous parlons aussi de la culpabilité, je dis que je me sens coupable d'aller mal.

    Il rajoute, oui et surtout vous ne voulez pas le montrer, autrefois les femmes qui avaient subi un traumatisme de l'enfance ne devaient surtout pas en parler, il y avait un mélange de culpabilité, de provocation, de plaisir...... Elles devaient se blinder, se montrer heureuses, épanouies, alors quelles ne l'étaient pas.


    Il ajoute que nous maintenons les séances plus rapprochées car il a peur que je ne sois pas comprise ailleurs (entretien qu'il a eu avec mon mari) et qu'il voudrait que je sois capable de vivre en dehors de son cabinet, même si cela fait mal en séance, c'est pour moins souffrir ensuite.


    Il précise, quand je lui demande s'il a lu ma lettre, qu'il est prêt à me lire et à m'entendre, qu'il ne faut pas hésiter.


    Une séance comme celle ci, m'épuise sur le moment, les larmes coulent souvent, mais je me sens tellement entendue que je suis rassurée et contente de chaque petit pas pour avancer.


    Je rentre chez moi en prévenant que j'ai besoin d'une heure pour me reposer, c'est un mercredi, ma fille de 15 ans prendra en charge la petite handicapée dont je m'occupe.

    Cependant après ce repos, la tristesse m'envahit. L'écriture, une promenade dehors et du jardinage m'aideront à penser à autre chose.


    Le lendemain quand tout le monde a repris le chemin du travail, de l'école, je me recouche et je craque,des larmes de tristesse et d'angoisse à n'en plus finir.


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