• Chapitre 5.................page 3.......Cet été 2001

    Qu'il fut douloureux cet été 2001, intense en émotions, angoissant, beaucoup de peurs face à la mort proche de mon père la seule personne restant de ma famille d'origine.

    Sous morphine (car le cancer des os est très douloureux) mon père perd pied dans la réalité, il raconte des histoires abracadabrantes. Par exemple, il me parle du pape et me demande de quoi écrire, je lui donne et quand il me montre ses écrits je lis "1983 pour notre Saint Père, pour nos 100 ans" il a écrit cela sur deux feuilles différentes sur le bloc que je lui ai passé. Je vais le faire manger tous les midis et quand je suis seule avec lui il me dit que c'est bien, qu'il aime bien et qu'on peut discuter. Forcément ma belle mère l'énerve elle le rouspète, le contredit, lui éteint la télévision elle ne se rend pas compte que c'est un grand malade.

    Des membres de l'association JALMAV viennent visiter les malades, je leur demande d’aller voir mon père. j'ai d'abord un entretien avec une femme à qui je dis beaucoup de la vie de mon père et de la mienne. Elle me fait vraiment confiance car me donne son numéro de téléphone portable pour que je l'appelle le soir afin de savoir comment cela s'est passé. Ce que je fais donc le soir, mon père lui a parlé du pape et qu'il allait le rencontrer pour lui demander un miracle. Elle a évoqué avec lui son Départ il a répondu; oui mais pas tout de suite, il pense guérir un moment. Et quand elle lui a demandé s'il pensait que c'était un passage difficile il a dit non pas difficile, qu'il fallait bien y passer  mais pas tout de suite. Quand elle lui a proposé de revenir il a dit oui d'un air soulagé elle trouve qu'il a besoin de se confier, de communiquer sur lui. En fait je réalise qu'il a passé sa vie à ne rien dire de lui.

    Le soir, il a dit à sa femme; ne t'inquiète pas ce sera peut-être dans 8 jours, dans 15 jours ou dans 3 semaines...............il s'est autorisé à lâcher enfin jamais je ne remercierai assez cette personne nommée Nicole. Elle le sait car j'ai eu l'occasion de la revoir à l'asso ou elle est venue comme bénévole pendant quelques mois l'année suivante. Elle est venue plusieurs fois visiter mon père à l'hôpital.

    Je suis soutenue par mon psy chrétien qui me dit que c'est bien ce que je fais. Il me conseille de vivre à fond ces moments avec mon père, de faire tout ce que j'ai envie de faire avec lui, de dire tout ce que j'ai envie de lui dire. C'est toujours beaucoup d'émotions en thérapie c'est tellement fort ce que je vis.

    Mon père est beaucoup dans l'émotion depuis la visite de Nicole, il pleure me prend dans son bras. Quand mon 2ème fils va le voir il a le même comportement si bien que mon fils pleure aussi en rentrant à la maison et nous pleurons dans les bras l'un de l'autre. C'est fou ce que la morphine désinhibe quand même, mon père si distant, si secret, si froid. D'ailleurs mon fils me dit; maman tu rattrapes toute ta vie avec ton père!

    Par contre mon père ne dit rien à sa femme, pour l’anecdote elle me dira le soir qu'il lui a dit que ses petits fils sont venus lui fêter ses 100 ans (il en a 83) et pas elle.

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