• Chapitre 3- partie 2 " j'ai craqué "


     Juillet  1999


    Pendant une séance de fasciathérapie, j'ai craqué, ma kiné me conseille un acupuncteur, je prends un RV en rentrant et je téléphone à ma psychiatre qui me propose un RV deux jours plus tard, je refuse, par contre elle conseille de reprendre le neuroleptique, ce que je fais. J'avais réussi à arrêter pendant deux semaines, je suis profondément déçue, je le vis comme un échec mais je me sens trop fragile en ce moment et les angoisses me submergent, je ne veux pas prendre le risque de replonger aussi bas, surtout pendant l'été ou ma maison se remplit.

    Et puis le désir de non-vie est toujours là, présent en permanence.
    En m'endormant, parfois dans un état de semi conscience, je souhaite ne pas me réveiller, le rythme de mon cœur se ralentit, j'aimerais qu'il s'arrête.

    Juillet, j'ai pris un RV à sos-inceste, histoire de faire un peu le bilan: cela va mieux sous neuroleptique, je mesure le chemin parcouru, les étapes franchies  toutes plus difficiles les unes que les autres. On me dit qu'il fallait les traverser, passer par là et qu'il y aura sans doute encore des vagues, mais que je saurai que je peux remonter puisque je l'ai déjà fait.
    Je remercie les bénévoles et leur dit que c'est grâce à elles si j'en suis là, on me dit que non, c'est grâce à moi. Je réponds peut-être, mais avec votre aide et votre soutien.
    Oui mais c'est moi qui ai fait le travail, D. me dit que c'est impressionnant le chemin que j'ai fait depuis le premier appel téléphonique. Eh oui, 5 mois seulement !!!

    Je suis malgré tout capable maintenant d'apprécier les bons moments: un week end en couple sur la côte. J'étais bien, presque heureuse.

    Par contre je me sens abandonnée par tous mes piliers pendant ce mois
    d'août : psychiatre, amies, asso!!!

    C'est plus difficile encore cette année car le travail en thérapie est allé plus loin dans les prises de conscience de mes souvenirs d'enfance les mois précédents. Et je pleure encore sur les séparations d'avec mon frère et ma mère.
    Je prends conscience en séance que je n'ai toujours pas fait le deuil de ma mère, 14 ans après son décès.
    Elle est décédée en Juillet et tous les ans à la même époque, je replonge. Le manque et la séparation sont encore très présents. Je dis que c'est un manque physique, j'aurais voulu pleurer dans ses bras, j'aurais aimé qu'elle sache ce dont j'ai pu souffrir. Je vais au cimetière lui mettre les plus belles fleurs de mon jardin.


    A la maison, problèmes habituels avec les enfants ados, amplifiés par mon état dépressif. Je contiens ma colère, puis j'éclate et pleure, et contiens de nouveau. Le climat est horrible pendant ces vacances.
    Encore une fois, avant son départ en vacances, j'appelle mon  amie M., je suis en larmes, cela fait partir la vapeur et elle me conseille sur l'attitude à avoir avec ma fille.
    Je prends aussi avis près de ma thérapeute en focusing qui me conseille de parler avec ma fille. J'écris toujours beaucoup pour décharger mes ressentis et ce soir là je note:
    Journée de douleur et de désespoir, qu'elle a été longue!!!

    Un  jour j'arrive à échanger avec ma fille, un autre, je passe un après midi en ville avec mon fils de 19 ans, nous discutons beaucoup de mes problèmes, de ce que je fais pour aller mieux, je sais que je le charge de choses qu'un jeune préférerait ne pas avoir à entendre, mais c'est ma vie, ma souffrance, les choses sont dites maintenant en famille.
    Et j'essaie toujours à la fin d'échanges très forts comme cela de le rassurer pour l'avenir même si moi je ne peux pas me projeter. Je ne parle jamais de mes idées noires par exemple à personne, sauf à l'asso et un peu aux psys.

    Je suis dans une période de fragilité,  les enfants le savent et tirent sur la corde pour que j'émette des refus, pour me tester sur m ?

    Et je travaille encore tout ce mois de Juillet  avec l'ado handicapé que nous accueillons. Je n'ai plus de forces, je vais chercher dans des réserves très profondes pour paraître bien avec lui.
    Quand il part, c'est définitif, l'émotion est là pour tout le monde, et pour moi c'est une nouvelle séparation !!!

    Après son départ, je m'écroule  dans tous les sens du terme, mon corps me dit: STOP, je suis alitée une semaine pour une thrombose hémorroïdaire incisée sous anesthésie locale.

    Tout est compliqué ensuite, la gestion de la douleur, la fatigue.................

    Ma fille revient d'Angleterre avec sa correspondante, ses parents et son frère, pendant 4-5 jours, cela prend des proportions insupportables au niveau surmenage.
    Même les sorties avec eux me sont pénibles. J'ai la migraine en permanence, des vertiges, mes nuits sont très perturbées.

    Après leur départ, une séance chez ma psychothérapeute me fait prendre conscience que je suis allée au delà de mes limites.
    Je me suis "autorisée" à m'arrêter que "grâce" à un problème médical (thrombose), sinon je ne me le permets pas.
    C'est probablement une peur du vide si j'arrêtais mes activités. Et puis autrefois chez mes parents, je n'avais pas le droit de rester à ne rien faire, ma mère ne le supportait pas !!!!
    Voilà comment on a pu nous conditionner !!!!




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  • Commentaires

    4
    Vendredi 25 Février 2011 à 16:15

    Ma Camille, cela me fait bien plaisir que tu me lises, là. Par contre tu as commencé par la fin, ce serait mieux si tu commençais au début, c'est à dire la dernière page du blog.

    Pour ce qui est de parler à ta mère, je l'ai fait avec mon père, mon frère était mort aussi en 1981, j'ai aprlé à mon père fin 2000: http://paquerette-biographie.over-blog.com/article-seconde-partie-chapitre-2-partie-12-65896481.html

    Je t'embrasse ma belle grande soeur

    3
    Vendredi 25 Février 2011 à 15:38
    ta dernière phrase je l'ai eue !elle disait: tu n'as pas autre chose à faire que de lire, cela ne te servira pas dans la vie, c'est faux archi faux! combien de choses lues me sont revenue dans des moments précis ou j'en avais besoin. Tu sais je vais aller voir ma mère en mai je ne l'ai pas vue depuis 97 mais depuis le décès de marraine en octobre puis mon cousin ,son fils, et un autre cousin le tout en 3 semaines, je me dis que je dois faire l'effort de remonter dans le pas de calais, même si je sais que comme toujours il n'y aura pas moyen de discuter, et puis maintenant que mon frère est mort en 2008 dois je tout ressortir ? Un jour a la fois je me dis, un jour à la fois.
    et comme j'ai la foi, j'y crois.Bisous, tu sais si j'ai fait psy c'est pour comprendre ce qui m'était arrivé et quand je dis a Alain que j'ai pardonné au papa des garçons il boue! mais il faut toujours voir les contextes et les ayant vus prendre la bonne décision
    bisous plein d'amour, ma soeur de douleurs,
    2
    Vendredi 21 Novembre 2008 à 15:30

    oui, c'est vrai albert, mes ados sont devenus adultes et nous formons une belle famille pleine d'amour

    merci, comment vas tu toi? :)

    1
    Dimanche 16 Novembre 2008 à 20:37
    Souvent, les ados recherchent à se rassurer en voyant une force tranquille chez ceux qu'ils aiment et qu'ils prennent en référence. Leur inquiètude peut les pousser à nous rudoyer pour nous faire réagir, mais en fait, il s'agit d'un appel, et d'une preuve d'amour. Bisous.
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