• Chapitre 3, partie 2; décembre 2000

     

    Cette fin d'année a plutôt été presque joyeuse, je me sentais libérée d'un poids énorme. Je me surprenais à dire que la vie était belle et je disais à mon mari que j'avais envie de croquer la vie à pleines dents.

     

    Lors d'une visite de mon mari à mes parents, celui ci a su que mon père arrivait de chez le médecin, pour des douleurs abdominales. Quelques jours auparavant à la télévision, était diffusée une émission sur les pédophiles, j'émis un doute. Et cela se confirma ma belle mère avait évoqué cette émission, ils l'avaient donc regardée ensemble, il était vraiment montré la souffrance des petites victimes, j'imaginais que mon père avait pris la mesure de cela, je crois qu'il ne s'était pas vraiment rendu compte avant du mal qu'il pouvait être enduré.

    J'ai ressenti de la culpabilité, oui c'est bien de parler, mais l'autre en face est maintenant en contact avec sa souffrance, et encore je ne savais pas la tournure que cela allait prendre.

     

    Une semaine plus tard, mon père m'appelle un midi, ne disant pas la raison de son appel, je lui propose de venir avec son épouse nous rendre visite l'après midi même, il est d'accord, je crois en fait que c'est ce qu'il espérait.

    Ils passent 2H à discuter tranquillement, même si rien n'est dit de mon histoire ( en présence de ma belle mère, surtout pas, elle n'en saura rien), je me sens à l'aise, disons que j'ai vraiment bien supporté leur présence, ce qui était très rare auparavant. C'est déjà ça, et c'est important pour moi !!!

     

    Par contre si je ne regrette pas d'avoir parlé à mon père, je regrette d'avoir dit les choses à une soeur de mon mari qui passe souvent à la maison en revenant de voir sa mère et qui tient des propos culpabilisants, par exemple ce jour là:

    "Il faut oublier, tirer un trait"

    Je devrais l'ignorer, mais je suis blessée à chaque fois, j'écris après pour libérer ma colère contre elle.

     

    J'ai tout de même passé plus d'une semaine dans l'euphorie après cette révélation aussi importante, et bien sur, cela est retombé. J'ai appelé l'association qui m'a encouragée encore une fois en me disant que ce n'était pas étonnant et qu'il valait peut être mieux d'ailleurs. On m'a dit de ne pas prendre la souffrance de mon père pour moi, mais je dis qu'il a besoin de me voir et que sa présence déclenche mon inquiétude pour lui.

     

    Je refais des cauchemars de morts qui ne sont pas morts et qui bougent, une cousine agée que j'aimais beaucoup.

    Et si je sens ma tête libérée par rapport à cette dernière démarche, j'ai de nouveau des migraines qui me gâchent la vie.

     

    Nouvelle séance de psy qui m'accompagne vraiment dans ce que je vis au jour le jour, surtout que j'écris les faits importants dans un cahier et qu'il les lit au début de chaque séance.

     

    Il fait le bilan d'une année, car voilà une année que je vais chez lui, je lui dit que je ne voudrais pas revivre cette année 2000 ( elle reste pour moi dans  les plus douloureuses)

    Il pointe que cela a été une année de tempêtes, mais qu'il y a eu des choses positives et que je suis capable de les voir maintenant. Je lui dis que je vois les fêtes arriver sans appréhension comme les années passées. Par contre je lui fais part de mes problèmes physiques ( migraines et sciatique) qui gâchent mes journées et mes nuits.

    Il conseille de me reposer plus, après une étape comme celle que je viens de franchir, c'est nécessaire. Il dit qu'il faut plusieurs mois encore pour changer et qu'il faut vraiment respecter mon rythme qui est tout doux.

    Il ajoute que les douleurs physiques sont significatives, qu'il y a encore des reliquats de souffrance. La migraine c'est pour ne pas penser, la sciatique c'est pour ne pas avancer. Il dit que j'ai le choix !!! Il propose de noter quand les crises surviennent pour qu'on le travaille, à quoi je les relie.

    Bon je précise que j'ai les séances de fasciathérapie et l'homéopathie qui m'aident quand même.

    J'évoque mon cauchemar de ces dernières nuits, il parle de régression pour m'empêcher d'aller bien, il pense qu'il reste des choses à travailler.

    Il précise que je peux être bien une semaine, c'est toujours ça et moins bien ensuite, que c'est long ce travail de reconstruction.

     

    J'ai regardé deux jours avant une émission sur le pardon et je lui en parle. Il me demande si je désire le pardon aux autres, ou le pardon à moi même, les deux en fait. Je lui dis que je ne suis pas à l'aise avec le pardon, il répond que lui non plus, il pense  que l'on ne peut pas tout pardonner à tout le monde. Il évoque une rencontre avec un prêtre, je suis d'accord, il me donne les coordonnées de l'un d'eux qui est très ouvert, car je lui ai dit que les réponses me faisaient peur. Il note ses coordonnées et me les donne, me propose de l'appeler avant en toute confidentialité, je suis d'accord, c'est tellement dur en ce moment. Il me sort des notes de sa sacoche et me les lit:

    - Il y a 20 étapes dans le pardon.Cela passe par la colère ( j'ai déjà donné) C'est à l'offenseur de demander pardon (il est mort) Se pardonner à soi même est très important, beaucoup plus que de pardonner à l'autre, il me demande si je pense à moi quelquefois.( j'ai du mal). Dans le pardon il faut éprouver de l'empathie pour l'offenseur, se mettre à sa place mais c'est très difficile.

     

    Il ajoute que si c'est mon corps qui souffre, je dois m'occuper de lui, sinon c'est comme si j'enlevais le pansement sur la cicatrice, comme si je voulais me punir physiquement et c'est encore de la culpabilité. Il trouve la réflexion de ma belle soeur, qui dit d'oublier, complètement nulle.

    Je conclus cette séance en disant que je suis quand même mieux, que j'ai moins tout cela dans la tête, il dit que ça se voit, que je pleure mais que je suis souriante quand même. Il me conseille de me faire un cadeau pour Noël que je l'ai bien mérité.

    Quelle émotion, des larmes d'attendrissement sur moi je pense, quelques larmes de joie aussi et puis toute sa compassion à laquelle je suis très sensible.

     

    Je mets ses conseils à exécution dès le lendemain en décommandant une visite prévue de mes parents à la maison, je suis beaucoup trop fatiguée, je me fais du bien, et je la remplace par un peu de jardinage avec mon mari, de quoi m'aérer la tête.

     

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  • Commentaires

    4
    Lundi 7 Février 2011 à 12:01

    C'est vrai, l'oubi serait renier ce que l'on a été. Je suis bien d'accord pour le pardon incomplet, tu vois je pense avoir pardonné à mon frère, mais il me reste toujours un petit doute.

    Disons que je comprends maintenant pourquoi il était si mal. Mais cela n'excuse rien.

    Bises amicales

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    3
    Lundi 7 Février 2011 à 11:59

    OUi, quand on peut, ce n'est pas un passage obligé.

    merci à toi, bisous

    2
    Vendredi 4 Février 2011 à 11:20
    Et moi je dis, on pardonne mais on oublie pas, ce n'est donc pas un pardon complet
    Amitiés, Flo
    1
    Vendredi 4 Février 2011 à 05:24
    Le pardon est réparateur pour la victime , cela lui permet enfin de se reconstruire et de continuer à vivre sans ce poids le reste de sa vie
    Je mesure ton courage
    Douce journée
    Bisous
    timilo
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