Après la séance de thérapie dont je viens de raconter le déroulement dans l'article précédent, je passe donc voir ma meilleure amie avec qui j'ai un immense besoin d'échanger.
Elle a toujours eu une écoute formidable pour moi, je lui fais part de mon angoisse devant la proposition du psy de faire un break, je parle aussi de mon père et puis de nos futures vacances à
l'étranger, avec mon père et sa compagne. Tout cela avec pas mal d'émotions, mais je veux aborder quelque chose de précis et d'intime, j'ai beaucoup de mal, je me lance cependant juste avant de
partir, alors que nous sommes déjà debout.
Petit à petit je me lance, lui demandant un peu d'aide et petit à petit elle se confie aussi sur sa relation, jusqu'ici tout était tu alors que les proches étaient persuadés de cela. Elle me
confie qu'elle n'arrive pas à parler d'elle qu'elle préfère écouter. Elle se livre sur cette relation, elle me protégeait car j'avais été très peinée par son divorce 6 ans plus tôt. Et
puis, elle me remercie de lui avoir permis de parler, pour elle c'est beaucoup plus confortable, pour moi aussi c'est certain. Tout s'est dit dans un immense respect et une grand émotion de part
et d'autre, c'est une belle confiance que nous avons en l'une et l'autre.
Le lendemain j'essaie de joindre mon psy au téléphone, je suis trop mal par rapport à ce qu'il m'a dit. je lui dis que je ne me sens pas assez autonome pour gérer mes problèmes, que je me sens
trop fragile. Il est d'accord pour ne pas interrompre les séances, dit qu'il propose cela à tout le monde à un moment donné, que c'est parfois intéressant de tenter l'expérience. Je lui fais part
de mon sentiment d'abandon, il me dit que je vaux plus que cela et que je le sais. Il me propose de rappeler si j'ai besoin d'avancer la prochaine séance, sinon de lui écrire. Je raccroche en le
remerciant, j'ai été en larmes pendant tout cet échange, mais je me sens rassurée et apaisée ensuite.
J'appelle une autre amie dans la journée, en fait nous sommes un groupe de 4 amies à nous retrouver pour des soirées repas depuis quelques années, nous avons toutes travaillé ensemble et depuis
que je me suis arrêtée, nous avons du plaisir à nous revoir ainsi. Nous avions avec cette amie parlé de ma meilleure amie, elle est au courant de ce que j'ai abordé avec elle. Je lui dis que je
bouge mais que je fais bouger les autres et que ce n'est pas forcément judicieux. Elle trouve que c'est très bien et me remercie elle aussi.
La semaine suivante j'ai une augmentation de travail avec l'accueil de cette jeune aveugle polyhandicapée, c'est lourd, elle a 17 ans, elle est sympha, je veux dire pas violente, échange très
peu, mais m'aime bien et j'y trouve mon compte, par contre physiquement c'est vraiment dur. Elle n'est pas du tout autonome, c'est une charge de 24H sur 24. Et c'est justement pendant cette
semaine là que l'état de santé de mon père s'aggrave, ma belle mère m'appelle pour que j'aille le voir et lui chercher ses médicaments, il a de violentes douleurs dans le dos, cela me fait de la
peine de le voir alité et souffrant ainsi.
Ce soir là en particulier, mes écrits "défouloir "seront très noirs. Nous profitons du dimanche pour faire une sortie à La Baule avec ma fille et la jeune, une belle journée malgré tout. J'ai
profité d'un instant de calme pour écrire à mon psy, un besoin. Le soleil et la plage m'ont permis de penser à autre chose qu'à la maison et au travail qu'il y a à faire.
Mon père a un rendez vous chez le notaire quelques jours plus tard pour une signature à propos de la vente de son terrain. Je réussis à l'emmener, mais il marche de plus en plus mal et souffre
beaucoup, son moral est en baisse aussi. Quand je le ramène ma belle mère, dit: ah mais cela lui fait du bien de sortir, vraiment elle ne comprendra jamais rien, elle m'énerve et ce n'est pas
fini.
Le médecin se décide quand même à lui faire faire échographie et radios du foie, des poumons, je le conduirai. Ils ne verront rien de spécial, je porte les clichés à son généraliste qui dit que
c'est une grosse poussée d'arthrose.
Pendant ce temps je continue de faire mon travail du mieux que je peux en emmenant "les filles" au mac do, au théâtre avec deux handicapées à véhiculer en ville, ce n'est pas triste, je reviens
épuisée, me demandant bien comment je vais faire pour tenir les deux derniers jours qu'il me reste à travailler.
Quand le vendredi, la jeune accueillie habituellement part, j'attends patiemment que la famille d'accueil habituelle vient chercher l'autre et malgré ma tristesse de la voir partir ( elle voulait
rester avec moi) je souffle un peu avant de reprendre des forces pour préparer nos valises afin de partir le lendemain matin pour les Pays bas.