• Chapitre 2, partie 11 - Préparation de la révélation

     

    Nouvelle séance chez mon psy comportementaliste.

     

    Je lui dis que je me sens un peu mieux, moins dans la contrainte. Il me répond que ça se voit sur ma tête. Puis il demande ou en sont mes symptômes. Je lui dis que j'ai encore des céphalées, un peu moins fortes, et des douleurs de ventre.

    Ensuite on parle de ma consultation avec le médecin du travail, son étonnement face à mon évolution.

     

    Comme il lit le cahier sur lequel il me demande d'écrire les évènements positifs et négatifs, c'est assez facile le déroulement d'une séance.

    Il voit que je fais moins de rêves, que je lâche plus.

     

    Je lui fais part de mon état déplorable à la Toussaint, et dès que je rentre dans une église d'ailleurs. Je dis que cela ne va pas, que je me culpabilise par rapport à la religion. Il me demande ce qui me culpabilise. Je lui dis que je ne sais pas mais je n'arrive pas à être en paix.

    Il me suggère d'aller voir un prêtre. Comme je ne sais pas qui aller voir, il me dit; celui de votre paroisse.

    & Non, je le connais trop.

    - Celui d'une paroisse voisine.

    & Je ne sais pas qui.

    - Si vous faites partie d'une association catholique, il y a bien des gens qui en connaissent.

    & Non, ils sont souvent rétros en plus.

    - Mais pourquoi de la culpabilité, ce n'est plus comme autrefois, la religion a bien évoluée, ils n'accusent plus les enfants comme autrefois. Moi je peux vous dire que je suis croyant, catholique et pratiquant, et que j'ai donné des cours de psychologie à des séminaristes et des jeunes prêtres, et que maintenant, il sont formés. Ce n'est plus sanction, pénitence et j'ai préparé des couples au mariage.

    & Oui, mais c'est ce qu'on nous a appris aussi.

     

    - Oui, mais ce n'est plus ça, ils sont bien obligés d'évoluer aussi. Hier ils ont décidé que les prêtres pédophiles seraient punis. Avant ils ne disaient rien parce qu'ils voulaient récupérer du monde.

    & Oui, j'ai vu ça. Mais la culpabilité c'est plus par rapport à ce que j'ai fait au cimetière, et tout ce que j'ai dit et en vouloir à mon frère aussi.

    - Qui vous avait dit de le faire ?

    & Madame F. votre femme.

    - Oui, et moi aussi, je cautionne. Mais pourquoi pas donner des coups de pieds dans la tombe quand quelqu'un vous a fait du mal ? vous vous le reprochez ?

    & Oui, un peu.

    - Mais on ne peut pas empêcher un enfant de crier sa souffrance après qu'on lui ait fait du mal.

    & Et j'éprouve de la culpabilité aussi par rapport au pardon.

    - Pardonner à qui ?

    & A mon frère.

    - Oui bien sur dans la religion on vous dit qu'il faut pardonner, mais aucun prêtre ne vous dira que c'est bien ce que vous avez subi. Et lui il est face à son juge, face à Dieu, il ne peut pas être mieux placé, vous ne pouvez rien y changer. Le pardon viendra dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans ou sur votre lit de mort, ça on ne sait pas. Mais ce qu'il faut, c'est vous pardonner à vous même.

    & Mais comment ?

    - Mais en prenant soin de vous, en vous entourant de douceur, en vous faisant plaisir.

    & Mais je le fais, ce matin ça n'allait pas, je me suis rallongée, j'ai fait de la sophro.

    - C'est très bien cela. Et Dieu, ce qu'il veut c'est que vous soyez en paix avec vous même et avec les gens qui vous aiment, c'est ça qu'il veut.

    & J'ai aussi pris la décision de parler à mon père, quand je ne le sais pas, mais j'attends l'occasion.

    - Elle se présentera bien.

    & Peut être, mais cela me fait peur aussi.

    - Vous avez peur de quoi ?

    &  J'ai peur de ses réactions et j'ai peur de ne pas être bien après. Mais je pensais peut être dans un premier temps de ne pas lui dire qui c'est.

    - Il vous posera des questions.

    & Il n'en pose jamais.

    - Vous verrez comment cela se passe, et si vous pouvez aller plus loin. En tout cas tout cela c'est très courageux. Mais je pense qu'avant d'aller voir un prêtre, vous devriez parler à votre père.

    & Oui, et je voudrais bien ne pas tarder, me débarrasser de cela, car c'est un gros morceau. Je crois que c'est le seul gros truc qui reste.

    - OK, très bien.

    & Mais j'ai l'impression de salir la mémoire de mon frère, s'il était en vie, ce serait différent.

    - Mais pourquoi ? c'est votre mémoire qui vous fait souffrir, et c'est lui qui aurait du payer, si vous l'aviez dit, il aurait peut être été condamné, ou aurait été rejeté de la famille, ou que sais je ? Vous n'en avez rien à faire puisqu'il est mort.

    & Oui, mais dans la mémoire de mon père !

    - Vous faites comme vous voulez, le dire ou pas.

    & Je suis décidée, mais je ne voudrais pas programmer, mais le faire la veille de venir ici par exemple;

    - OK, c'est possible, ou bien on peut le préparer et après vous pourriez me téléphoner.

    & Le préparer ! non je sais bien ce que je veux lui dire.

    - OK, bon c'est très courageux tout cela, mais ne vous jugez pas comme si, excusez l'expression, vous étiez la salope du coin. Soyez bonne avec vous. Je pense qu'il faut en terminer avec ce que vous avez à faire: parler à votre père, après voir ou non un prêtre. Je vous donnerai des noms parmi tous ceux que je connais. Et en même temps, travailler ici sur la culpabilité, le plaisir, on a encore du travail à faire pour finir de cicatriser.

    & Dans mon rêve de l'autre nuit, dont j'ai honte, il y a une notion de plaisir.

    - Oui, mais il y a des femmes qui sont violées et qui ont du plaisir, c'est mécanique.

    Vous avez votre guide spirituel, vous pouvez en parler ici et (ou) avec un prêtre. Et retournez à la messe pour demander la paix et l'aide de Dieu.

    & Oui, j'ai besoin d'y aller, mais ça me travaille, il y a des paroles qui me choquent, auxquelles je ne faisais pas attention avant.

    - Par exemple ?

    & Eh bien il y a quelques mois, j'ai entendu: pour nos frères qui sont morts dans la droiture, et bien non pas le mien.

    - Non, certains sont morts dans la droiture, pas tous et votre frère aurait du vous en parler, vous demander pardon.

    & Peut être qu'il ne s'en rappelait pas.

    - Oh et il avait quel âge cet homme là ?

    & Quand ?

    - Quand c'est arrivé, il n'avait pas 4 ans ? vous vous en rappelez bien vous.

    & Hum.......il y a aussi autre chose que le médecin du travail a pointé, c'est que si quand je parle à mon père, il ne me croit pas !!!

    - Cela ne fait rien, l'essentiel pour vous, c'est de déposer, que ce soit dit. Après tant pis s'il ne peut pas le croire.

    & Je voudrais que mon mari soit là à ce moment là.

    - Pourquoi ?

    & Parce que je n'ai pas assez de courage, j'ai peur.

    - Oui, mais surtout qu'il ne parle pas, il faut que ce soit vous qui le disiez.

    & Oui parce que quand j'ai voulu le dire aux enfants, c'est lui qui l'a dit.

    - Non, là vous lui dites avant: ne dit rien. Protégez vous surtout, prenez soin de vous.

    & En parlant à mon père, je pense que je pourrai aussi lui parler de ma mère, parce qu'elle était dépressive et je en sais pas ce qu'elle a vécu, j'ai envie de savoir.

    - Mais oui! bien on va s'arrêter là.

     

     

    J'ai pleuré pendant toute cette séance alors je repars complètement déconfite, mais je sens que j'ai vraiment avancé dans mes projets, et je suis vraiment contente de tout ce qui a pu être dit.

     

    J'ai une séance d'cupuncture ensuite et je peux me détendre, si bien que eej rentre chez moi en étant très bien dans ma tête.

     

    Quleques jours plus tard, j'annonce à mon mari mon projet de faire venir mon père à la maison, il va falloir trouver un prétexte car sa femme est toujours avec lui. Mon mari est un peu réticent, ça va être dur.

     

     

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