• Ce passé douloureux; chapitre 2- partie 14



     Toujours ce printemps 1999


    Ainsi va la vie entre ma famille et ma thérapie, entre angoisses et des petits moments de paix, entre souffrance et un peu de répit. Avec mes amies et la dépendance qui s'est installée pour moi dans nos échanges.
    Entre médicaments et insomnies, entre migraines et autres maux.

    Une phrase terrible de ma psychiatre une fois  à qui je demandais si les crises d'hémorroïdes pouvaient être de la somatisation:

    "Oui, quand  il y a de la complaisance dans la somatisation !!! Pourquoi pas ? "

    Et là dessus elle me redemande mon traitement, et l'alourdit, ben voyons !!!

    L'après midi même je me décide à aller à sos-inceste, je peux évacuer ma tristesse, je pleure, sanglote, on me dit de laisser aller, je n'ai pas encore trop l'habitude. On m'explique un peu ce qui se passe de difficile en thérapie, que je suis dans une période de grande fragilité, mais que les enfants vont m'aider maintenant qu'ils savent (ça m'embête quand même pour eux) c'est l'inversion des rôles.

    Je n'arrive pas à partir de l'asso, j'ai très peur de prendre la route, je me fais peur. J'aurais tellement besoin que l'on me prenne en charge complètement, de me laisser aller, je l'ai un peu fait pendant plus d'une heure. Vraiment je n'ai plus le courage, ni l'envie de lutter en rentrant à la maison et d'endosser le masque de la mère de famille et de l'épouse qui fait face.

    Je réussis à partir après m'être assise un moment dans l'escalier, je fais encore un début de crise de tétanie, je rentre doucement, tout doucement pour ne pas me fiche en l'air.

    Je prends un anxiolitique en rentrant, les enfants ont des copains et copines, je me réfugie dans ma chambre, très peu de temps, car j'ai du travail de repassage. Je suis littéralement épuisée par tant de décharge émotionnelle.

    Voilà comment je traverse toute cette période ou la prise de conscience que l'inceste vécu a été autant destructeur, c'est terrible !!!!

    Tout est compliqué à vivre: le décès d'une personne connue, le mariage d'une cousine, heureusement que je suis bien secondée à la maison par mon mari dès qu'il le peut, et m'accompagne par exemple à cette messe de mariage ou j'emmène mon père et ma belle mère (l'autre grande souffrance de ma vie), l'angoisse est si forte. Au vin d'honneur j'ai cru craquer, mais non j'ai tenu jusqu'au retour à la maison.
    Mais là heureusement mes parents ne descendent pas, je peux pleurer, crier, c'est terrible, j'essaie d'appeler ma psychiatre, mais pas de réponse, ma généraliste, c'est aussi le répondeur, mon amie M., pareil, mon amie S., c'est le répondeur mais je laisse un message.
    J'appelle aussi l'asso, et laisse un message sur leur répondeur.
    Puis je prends deux anxiolitiques et vais au lit, impossible de manger !!!
    Mon mari se charge du repas avec les enfants, c'est dur pour eux aussi de me voir comme cela, mais je crois que c'est moi qui souffre le plus.
    Je passe l'après midi au lit sans presque dormir, mon second fils vient me voir gentiment avec compassion. Le soir mon amie S. me rappelle, je peux lui parler de mon angoisse, ma peur de ne pas tenir sans être hospitalisée. Elle pense qu'il faudrait peut-être faire un break et penser à moi, peut être faire une pause dans la thérapie, elle pense que je n'ai pas encore tout sorti (Oui S. si tu savais tout ce que j'ai pu sortir ensuite jusqu'en 2006-2007)
    Je pleure pendant cet échange téléphonique et comme à chaque fois que j'ai cette possibilité, je ressens du soulagement ensuite, merci S. pour ce soir là.

    Le lendemain, c'est reparti (crise d'angoisse) et j'appelle mon amie M. qui me conseille d'appeler une amie ancienne collègue qui est psychiatre, nous sommes dimanche, j'hésite et le fais quand même. Elle ne sait rien de mon histoire, comme quoi c'est vraiment bizarre de choisir les personnes à qui on peut se confier. Donc je choisis de ne pas lui raconter ma vie, elle sait que je suis dépressive, je lui parle de mes angoisses et de mon traitement, un peu de ma psychiatre. Elle peut me conseiller pour le traitement, en fait l'antidépresseur que je prends pour les migraines n'est pas à la dose suffisante pour la dépression, il a seulement un effet sédatif et antalgique pour les migraines.
    Elle conseille de revoir le traitement avec ma psychiatre.
    Merci infiniment A. là ou tu es maintenant tu sais quelle était ma souffrance, ton départ m'attriste encore. Notre conversation a eu la mérite de me rassurer.
    Je rappelle M. pour la rassurer, merci tellement à toi M. qui a toujours été là.
    L'après midi avec un anxiolitique et une sieste, je suis capable d'accueillir des amis, mais comment j'ai fait ? en tout cas cette distraction a réussi à éloigner l'angoisse pour quelques heures.






     

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