• Orpheline

    J’ai 49 ans et je suis orpheline de ma famille d’origine. Pour les plus proches :

    - Mon frère est décédé à 33 ans accidentellement en 1981.

    - Ma mère est décédée dans sa 59ème année d’un cancer des bronches elle a été malade 8 mois, en 1985.

    - Mon père vient de décéder d’un cancer des os après un cancer de la prostate, il avait 83 ans et a été malade 8 mois également, en 2001.

     

    Ma famille maternelle :

    -Mes grands-parents sont décédés à 67 ans pour ma grand-mère (cardiaque) et 89 ans pour mon grand-père. Ils avaient eu quatre enfants :

    1. H. décédé à 37 ans (suicide)
    2. G. religieuse décédée à 77 ans (cancer de l’œsophage) en 1998.
    3. R. ma mère donc 58 ans, cancer des bronches.
    4. J. décédé à 35 ans (cancer de l’œsophage)

    Seule ma mère était mariée et avait eu deux enfants.

     

    Ma famille paternelle :

    Mes grands-parents sont décédés à des âges raisonnables,  je n’ai pas vraiment connu mon grand-père mort quand j’avais 4 ans. Ma grand-mère en 1979 à 89 ans. Ils ont eu 5 enfants dont deux décédés à 8 et 10 mois un garçon et une fille. Mon père était l’ainé.

    1. A. mon père

    2-3. Les deux bébés décédés dans leur première année.

    4. T. Décédée à 57 ans en 1980, mariée à P. décédé à 55 ans en 1976, paralysé blessé de guerre . Ils ont eu deux enfants qui vivent dans le sud de la France.

    5. J. son jumeau célibataire vivant avec sa mère, décédé à 45 ans en 1968 (cancer des intestins)

     

    Alors je reste seule de toute cette famille avec les documents, archives, livrets de famille etc de tous, c’est lourd au départ de mon père.

    Heureusement j’ai la famille que j’ai créée, mon cher mari et mes trois enfants très chers.

    Et puis j’ai ma nièce la fille de mon frère assez proche de moi. Il y a aussi sa mère assez éloignée de moi, elle n’a pas eu de chance veuve une première fois à 33ans, remariée à 40 ans et veuve une nouvelle fois à 58 ans.


    votre commentaire
  • Les jours qui ont suivi ont été très douloureux entre migraines et insomnies. A la sépulture l'église était pleine mon père était quelqu'un d'apprécié et de connu puisqu'il avait été président du club du 3ème âge. J'avais choisi les chants pour cette sépulture j'ai eu des échos ensuite par des gens qui ont vraiment apprécié. Et puis avec émotion j'ai eu le courage de lire le poème brésilien, on aurait entendu une mouche voler. Je trouvais qu'il montrait une image de la vie de mon père très juste. L'assemblée est très priante et chantante, c'est chaleureux. Au cimetière je n'ai pas voulu m'approcher de la tombe ouverte je pensais trop que ma mère était là même si cela faisait 16 ans qu'elle était décédée mais je ne voulais pas refaire de cauchemars de cimetière. Nous allons ensuite à la maison de mes parents pour un verre de l'amitié mais il y a beaucoup de monde et je suis épuisée avec des gros moments d'angoisse j'ai envie de rentrer.

    A la maison je peux être moi au moins et me reposer ce qui n'est pas gagné avec mes insomnies qui ne cèdent pas aux anxiolytiques et neuroleptique.

    La relation avec ma belle-mère s'est très bien passée pendant ces jours de deuil c'est déjà ça.

    J'ai obtenu un rendez-vous en urgence chez mon psy deux jours après la sépulture.

    - Mon père est décédé.

    - Il me semble que c’est une chose à laquelle vous vous attendiez vous et lui après tout ce que vous vous êtes dit le mois dernier.

    - Oui mais j’étais en cure et je me reproche deux choses. Mon portable ne captait pas et je n’avais pas donné le fixe à l’hôpital ni à ma belle-mère. L’hôpital a laissé un message à 5h45 et à 7H mais je suis sortie seulement à 9H30. Et puis j’en veux au médecin que j’avais eu à 19h30 la veille et qui m’avait rassurée disant que mon père allait mieux qu’il lui avait enlevé l’oxygène. Mon mari est arrivé le soir et j’étais très contente, du coup nous avons pris la route seulement à 11H dimanche, j’ai eu des nouvelles tout au long de la route et nous sommes arrivés à 16H il était décédé depuis 13H30.

    - Qu’est-ce que cela aurait changé ?

    - Rien oui je sais.

    - Si cela pouvait changer des choses pour vous ?

    - Eh bien j’aurais voulu encore le prendre dans mes bras et lui dire que je l’aimais.

    - Vous aviez déjà fait tout cela le mois dernier.

    - Et bien j’aurais voulu encore l’embrasser chaud.

    - Mort et chaud ?

    - Non avant qu’il meurt.

    - Ok

    - Et j’aurais voulu qu’il me prenne dans ses bras, cela a été tellement rare ( une semaine)

    - Oui mais ça a eu lieu.

    - Oui je suis contente de cela.

    - Votre père a choisi de mourir avant votre arrivée.

    - Sans doute et l’image que je garde de lui vivant ça été il y a 15 jours quand j’ouvrais la porte de sa chambre pour partir il tournait la tête souriant en me regardant partir. Moi je savais que je prenais le risque de ne pas le revoir vivant. Mais je veux garder cette image-là dans la tête.

    - Vous avez raison.

    - Les jours suivant j’ai bien tenu le coup en augmentant un peu mon traitement mais je voudrais refaire le point dessus aussi. Avec ma belle-mère cela s’est bien passé je lui ai laissé sa place et elle m’a laissé la mienne. Il n’y a qu’au cimetière que j’ai craqué.

    - Oui il va falloir laisser les cimetières aussi. Votre père est là où il est, votre frère aussi, vous avez fait ce qu’il fallait avec l’un et avec l’autre maintenant il va falloir vivre.

    - Il y a eu ma cure aussi ou j’étais très fatiguée mais je me sentais apaisée et j’ai compris que j’avais pardonné à mon frère et après avoir vu mon père mort je me suis dit ça y est maintenant mon frère sait que je lui ai pardonné.

    - Mais oui.

    Je parle ensuite de la sépulture et j’ajoute que j’ai lu un poème, il est étonné et demande lequel je réponds le poème brésilien il ne connait pas comme je l’ai encore dans mon sac je lui passe il prend le temps de le lire et le trouve très beau. Je dis que j’ai failli flancher au milieu mais j’ai pensé à la force de mon père et je voulais le remercier de nous être rencontrés le mois dernier.

    -J’espère que la force de votre père va vous aider à vivre avec les joies et les plaisirs de la vie.

    - Oh moi aussi c’est ce que je veux et quand je disais que je voulais changer de vie l’autre fois c’est réel mais il me faut du temps.

    - Il faut voir les choses positives.

    - C’est tout un apprentissage.

    - Mais vous en êtes capable. Vous vouliez revoir votre traitement ?

    - Oui parce que je dors mal la nuit et je suis un vrai zombie dans la journée surtout le matin, hier j’ai fait une sieste jusqu’à 17H.

    - Vous prenez quoi ?

    - Deux effexor LP, un effexor 25, un tranxène 50, 10 à 12 gouttes de tercian et à 4H je suis réveillée je reprends 1/ séresta 10.

    - Oh là là je n’aime pas tous ces mélanges le tranxène et le séresta pas ensemble.

    - C’est parce que on peut couper les comprimés de séresta.

    - Oui mais on va changer cela. Il vaut mieux que vous preniez 1 séresta 50 le soir et 5 gouttes de tercian, c’est cela qui endort dans la journée. Et puis vous arrêtez l’effexor 25,  les 2 LP le matin vous continuez. Vous n’êtes pas en dépression, vous êtes triste et vous souffre mais c’est une situation normale, il faut calmer vos angoisses mais pas vous empêchez de pleurer. Je vous fais une ordonnance. Comment vous vous sentez là ?

    - Très fatiguée et parfois j’ai du mal à réaliser.

    - J’espère que vous allez pouvoir vous reposer maintenant.

    - Oui, je pensais aussi quand j’étais jeune nous étions quatre à la maison et je reste seule.

    - Mais oui.

    - Pensez aux bons moments qui vous attendent, recherchez les plaisirs de la vie.

    - Oui justement c’est bien compliqué depuis quelque temps.

    - Oui ce n’est pas étonnant que vous n’ayez pas envie de parties de jambes en l’air avec tout ce qui s’est passé.

    - Non mais mon mari ne comprend pas toujours, hier soir il était très fatigué lui aussi je pense que là il comprend et j’étais bien contente.

    - Tenez je vous cite une phrase de Don Helder Camara : La vieillesse est extérieure mais pas intérieure.

    - Ah oui, mon père disait à mon second fils duquel il était proche ; Profite de la vie car elle est courte et ça passe très vite.

    - C’est très juste.

    Il me raccompagne, demande si j’ai d’autres rendez-vous, je réponds que j’en ai un 10 jours plus tard.

    Je repars sonnée d’avoir pleuré surtout.

    C’est quand même très difficile les jours qui suivent surtout que mon changement de traitement ne favorise pas le sommeil alors les nuits trop courtes m’angoissent et me dépriment.

     

     

     


    votre commentaire
  • Septembre 2001………….du 23 Septembre au 7 Octobre 2001.

    Je suis donc partie en cure thermale dans un petit village du centre de la France, l’au-revoir à mon père a été difficile pour lui et pour moi aussi quand je lui disais un dernier au-revoir sur le seuil de la porte de sa chambre je lui trouvais un beau teint pourtant mais ne pouvais m’empêcher de penser que je le voyais peut-être pour la dernière fois.

    C’est mon second fils qui m’a emmenée ce dimanche, il a déjeuné avec moi au restaurant de l’hôtel puis est reparti.

    Une fois seule dans ma chambre j’ai eu le temps de penser et j’étais si fatiguée. J’ai vu un médecin thermal qui ne m’a pas vraiment convenue et j’ai changé au bout de quelques jours. Bien sûr je prenais toujours un traitement important mais les soins ont été sédatifs. Par contre le sommeil était difficile malgré les soins, le repos, la sophrologie que je pratiquais tous les jours, les nuits restaient très entrecoupées les cauchemars présents. Tous les jours j’appelais mon mari et les enfants, j’avais besoin de ce lien en cette période.

    Je prenais également des nouvelles de mon père en appelant à l’hôpital quand ma belle-mère était près de lui et je pouvais lui parler. Et j’avais aussi des nouvelles par les miens, tout était bien son état n’évoluait pas, ce qui je dois dire me rassurait vraiment. Je profite de ce temps pour faire de longues marches en campagne.

    Au bout d’une semaine j’appelle ma belle-mère qui me reproche de ne pas l’avoir appelée encore, je lui pointe que j’appelle mon père tous les deux jours et que les autres jours j’ai des nouvelles par mon mari et mes enfants. Elle se plaint d’y aller tous les jours, des enfants qui restent près de mon père ¼ d’heure et c’est faux je lui dis. Puis après elle me raconte que mon père veut faire installer le tout-à-l’égout et qu’elle a appelé un entrepreneur alors que c’est mon mari qui doit le faire, elle est contre. Je lui dis que mon père n’a pas toujours sa tête et de laisser tomber mais elle n’en démord pas. Je suis énervée ensuite et quand je peux joindre mon mari je lui raconte tout cela, il arrangera les choses dans la journée tout en remettant ma belle-mère en place.

    Le mardi 2 Octobre au téléphone, mon fils me dit qu’il a trouvé son grand-père avec une baisse de moral, quant à ma belle-mère elle le trouve fatigué. Pour ma part tous les jours j’ai de violents maux de tête qui m’obligent à prendre toutes sortes d’antalgiques et me fatiguent beaucoup.

    Le mercredi 3 octobre j’ai mon père au téléphone mais la communication est difficile, cela coupe et ensuite je l’entends mal. Le soir mon mari m’appelle après être allé voir mon père, il l’a trouvé énervé et toujours cette histoire de tout à l’égout en tête.

    Le jeudi 4, mon fils m’appelle le soir et me dit qu’il a trouvé mon père bien plus fatigué et délirant. Ma belle-mère a appelé l’infirmière qui lui a dit qu’il était fatigué mais que ce n’était pas alarmant.

    Vendredi 5, c’est ma fille qui m’appelle le matin pour me dire qu’elle n’est pas partie au lycée car elle a une tendinite au niveau du pied. Elle a eu un appel de ma belle-mère pour dire que mon père était très fatigué avec une température de 40°. J’appelle aussitôt l’infirmière qui confirme et dit qu’il a une grosse infection pulmonaire, le médecin l’a mis sous perfusion d’antibiotiques il faut attendre. Elle ajoute que je peux appeler quand je veux. Je n’ai pas le moral, dans l’après-midi mon mari me donne d’autres nouvelles, mon père est dans un semi-coma et sous oxygène il va aller le voir. Le médecin a donné 48H critiques. Inutile de dire que beaucoup de choses me tournent dans la tête et que c’est angoissant. Le soir j’appelle le médecin de mon père qui me dit : Votre père ne va pas bien du tout, il a une grosse infection pulmonaire peut-être pas plus grave que le mois dernier mais il est plus fatigué, plus faible. Il faut attendre 48H pour voir si les antibiotiques font effet. Ce matin il était déshydraté et avait 6 de tension et 40° de température. Ce soir sa tension est remontée à 11 et il n’a plus de température car on lui a donné des médicaments pour ça. Soit il traverse cette crise soit il ne passe pas la nuit. Je lui demande quand est-ce qu’il retourne le voir il me dit demain et dimanche aussi je suis de garde. Je lui demande si je peux le rappeler demain soir, oui bien sûr.

    Samedi 6 Octobre, j’appelle l’hôpital dès le matin avant ma cure. L’infirmière me dit que mon père a assez bien dormi mais que depuis 6H il dit qu’il ne se sent pas bien. Je ne suis pas du tout rassurée. Il était prévu que mon mari me rejoigne pour la dernière semaine c’est prévu qu’il arrive le dimanche, j’ai hâte.

    Les soins ce matin-là me paraissent longs car j’ai hâte de rappeler l’hôpital ce que je peux faire dès 11H et je suis contente car je tombe sur l’infirmière qui est une amie d’enfance. Elle me dit que mon père va mieux qu’hier il est conscient aujourd’hui, est toujours sous oxygène mais respire bien. Je lui dis de dire à mon père que j’ai appelé elle va le faire.

    Quand j’appelle à la maison ce midi-là mon fils me dit que mon mari prend la route pour me rejoindre, il est allé voir mon père mais l’a trouvé très énervé même s’il parait mieux que la veille et il avait du mal à le comprendre donc il se décide à me rejoindre au cas où…………………il faudrait rentrer. Mon mari arrive le soir quand je sors de la messe et c’est la joie de nous retrouver cela me fait vraiment du bien dans ces jours très difficiles. J’appelle ensuite le médecin de mon père que je n’ai pas réussi à joindre dans l’après-midi ; Il me dit que mon père va bien mieux il lui a enlevé l’oxygène et ajoute qu’il a passé le cap des 48H. Il est rassurant tout en disant que l’on n’est pas à l’abri de complications.

    Dimanche 7 Octobre, après une nuit correcte pour une fois et un petit déjeuner tous les deux dans la chambre je suis obligée de descendre pour sortir téléphoner car je ne capte pas dans la chambre de l’hôtel. Et là je vois que j’ai deux messages, un de l’infirmière de nuit à 5H45 pour dire que l’état de mon père s’est aggravé dans la nuit de rappeler dès que je peux. Et un autre à 7H de l’infirmière amie qui me dit la même chose. Je rappelle aussitôt elle me dit que mon père est dans un coma profond que sa température est remontée, le médecin lui a fait une perfusion de cortisone et d’antibiotiques pour qu’il passe la journée. Elle me conseille de prendre la route puis elle me passe ma belle-mère qui me dit de revenir bien vite elle est accompagnée de ma nièce.

    Je remonte très vite dans la chambre et dit à mon mari de m’aider à préparer nos affaires, appelle la réception de l’hôtel et nous y passons mais ils sont lents avec la facture et les documents ils nous préparent des sandwichs et c’est seulement à 11h que l’on prend la route. J’appelle à la maison les enfants ont été informés et ma fille est partie voir son grand-père une dernière fois. Que la route est longue j’ai appelé l’infirmière qui ne trouvait pas que son état avait changé. Puis ma nièce m’a appelée pour me dire que cela s’aggravait. Mon fils à l’étranger a appelé de l’aéroport pour dire qu’il avait décidé de rentrer. Et à 13h45 un appel de l’infirmière pour dire que c’était fini, oh non et encore une fois je n’étais pas là comme pour ma mère. Elle me réconforte en disant qu’il est parti en paix qu’il ne les entendait pas aujourd’hui et ne souffrait pas.

    Le reste de la route se passe dans la tristesse et les larmes, beaucoup de souvenirs mais je peux partager tout cela avec mon mari. J’ai tout de même un gros regret c’est de ne pas avoir donné le numéro de téléphone fixe à l’hôpital hier soir nous aurions pris la route dès 7H ce matin et serions arrivés à temps. C’est seulement à 16H que nous arrivons à l’hôpital, ma nièce nous attend dans le hall. Il est encore dans sa chambre, l’infirmière amie en annonçant la nouvelle m’avait dit qu’elle ferait tout pour cela. Nous montons aussitôt il y a ma belle-mère et une de ses filles et ma belle-sœur mère de ma nièce cela m’agace un peu tout ce monde, je suis dans une telle émotion en voyant mon père. Le médecin passe pour le certificat de décès, il présente ses condoléances et me dit qu’il regrette que je n’étais pas arrivée mais ne pensait pas hier que cela se passerait comme ça, aussi rapidement.

    Puis c’est la chambre funéraire et le choix du cercueil, la rencontre avec le prêtre et l’organisation. Je suis dans un état d’épuisement et je suis profondément déçue que mon père ne m’ait pas attendue pour partir.

     

     


    votre commentaire
  • Chapitre 5 page 10…………….Septembre 2001

    Ma vie est reliée à la santé de mon père et cette dernière est en dent de scie, oh il ne va pas beaucoup mieux mais il est plus apaisé ses douleurs calmées à peu près, il reprend même à manger seul. Et moi je m’épuise complètement  et cela provoque d’énormes angoisses. J’ai l’occasion de revoir la personne de JALMALV puisqu’elle visite l’hôpital et donc mon père une fois par semaine. Cette fois-là je lui confie mes angoisses et ma fatigue elle pense que je pourrais partir en cure qu’au pire ce qui pourrait arriver c’est que mon père décède pendant ce temps mais de toute façon nous nous sommes tout dit et c’est vrai. Je me décide à appeler le médecin de mon père pour voir ce qu’il pense de son état. Il le trouve stationnaire mais plutôt mieux, cependant on ne peut rien prévoir. Il ajoute que mon père a beaucoup parlé et que c’est très important.

    Mon fils ainé est rentré un week-end de l’étranger ou il travaille, pour voir son grand-père mais il ne se passe pas grand-chose, mon père n’est plus dans la communication émotionnelle c’est passé.

    La santé de mon père s’améliore vraiment, les kinés le lèvent dans son fauteuil, le font tenir debout quelques minutes et il est très content. Il est question de sa sortie du service de moyen séjour, je vais voir la surveillante  à qui je dis qu’un retour au domicile est impossible pour ma belle-mère alors on pense à une maison de retraite et mon père est complètement d’accord.

    Ma belle-mère me dit que c’est bien dommage que j’ai annulé mon départ en cure et du coup cela me fait réfléchir, je me renseigne et il y a encore de la place alors je me décide à partir le week-end suivant mon second fils viendra ma conduire à Néris les bains. Ces préparatifs m’aident à rebondir et cela va me permettre de reprendre des forces pour les semaines ou les mois à suivre.

    J’ai annoncé ce futur départ pour trois semaines à mon père qui n’a pas trop réagi mais il l’a dit à sa femme qui elle, a beaucoup plus de mal et me le fait savoir.

    Une nouvelle séance de thérapie

    Pour une fois c’est moi qui commence sans que le psy me donne la parole et je dis que mon père va plutôt mieux, il n’est plus dans cet état aussi grave que la semaine précédente. Et j’annonce que du coup je me suis décidée à partir en cure le week-end suivant.

    -Bien en tout cas vous voyez que votre vie ne tient pas qu’à la santé de votre père et en exagérant un peu, si cela devait durer 10 ans il vous faudrait  bien vivre.

    - Oui après sa journée de coma et après avoir beaucoup parlé de la mort, il demandait quand aurait lieu son enterrement. Après tout cela il a été très angoissé et son généraliste lui a donné plus d’anxiolytiques et il a été plus apaisé.

    - Oui sous morphine c’est comme les gens sous sérum de vérité ils disent tout ce qu’ils pensent.

    - Oui je suis étonnée qu’il se soit dit autant de choses.

    - C’est peut-être pour cela qu’il va mieux maintenant il a tout mis en ordre et il est rassuré.

    - Oui après les émotions fortes des premiers jours, cela a été tout ce qui concernait le matériel. Là je viens de lui dire que je partais en cure, il ne réagit pas trop. Au mois d’Août après avoir vu une première fois la personne de JALMALV il avait été mieux aussi. Elle lui avait parlé de la mort mais il n’en avait pas parlé, cette fois quand je suis rentrée après son passage il pleurait et me disait je vais mourir.

    - C’est sûrement tout ce que vous avez pu lui dire qui l’a engagé à parler.

    -  Oui c’est souvent lui qui démarrait mais je parlais dans son sens, mais que c’est épuisant. Souvent en rentrant le midi je faisais une sieste de 2H mais bon je ne dors pas très bien la nuit non plus. Mais là je me prépare à partir en cure et cela m’aide à tenir.

    - Oui j’espère que vous allez vous détendre et vous reposer.

    - Oui c’est en fin de semaine dernière quand son état s’est amélioré que j’ai commencé à avoir de très fortes angoisses.

    - Bien sûr.

    - Je ne pars pas vraiment sans inquiétude.

    - C’est normal mais je pense que quoiqu’il puisse arriver tout a été dit de votre part et de la sienne, vous pensez que d’autres choses pourraient être dites ?

    - Non je ne pense pas.

    - Et comment vous vous situez par rapport à son départ ?

    - Je ne sais pas du tout car quand il était si mal j’étais prête, mais maintenant qu’il va mieux je me raccroche.

    - Vous vous raccrochez à quoi ?

    - Je ne sais pas mais j’aime bien passer des moments à parler avec lui.

    - Hum, hum.

    - Mon fils me dit qu’en un mois j’ai rattrapé toute ma vie avec mon père.

    - C’est sûr.

    - C’est vrai que quand il faisait le bilan qu’il demandait s’il avait bien fait ceci ou cela, je n’allais pas lui dire qu’il avait été un père absent et que nous n’avions jamais parlé ensemble.

    - Non vous avez dit les mots qu’il fallait pour l’apaiser.

    - Oui surtout qu’il a très peur de la mort. Je sais maintenant qu’il voulait reparler de l’histoire avec mon frère, je lui ai dit de demander pardon euh non c’est la seconde fois que je me trompe. Je lui ai dit que je pardonnais à mon frère.

    - Vous vous trompez comme si vous étiez quoi ?

    - Coupable.

    - Oui et je me demande bien coupable de quoi, c’est comme si vous vouliez vous excuser près de votre frère pour ce qui s’est passé, vous le pensez ça ?

    - Non pourtant.

    - Bon pour le pardon il y a 15 jours vous ne disiez pas ça.

    - Oui maintenant je l’ai dit à mon père, oh pas pour lui faire plaisir et d’ailleurs cela a été très difficile à dire. Je lui en veux encore à mon frère, je ne trouve pas ça normal.

    - Mais ce sont deux choses différentes, vous pouvez pardonner pour être en paix, pour quitter cet état de souffrance et trouver que c’est dégueulasse ce qu’il vous a fait que c’est aberrant.

    - ………………………Je trouve que c’est intolérable.

    - Mais c’est normal et j’espère que vous le penserez toute votre vie. Mais pardonner pour trouver la paix et ne plus être en souffrance c’est une chose différente.

    - Oui je pense aussi que le départ de mon père va me permettre de passer à autre chose, de tourner une page.

    - Que voulez-vous dire ? Comme la fin d’une histoire ? Je crois que pour tourner la page il faut accepter que l’on ne puisse rien changer à ce qui s’est passé.

    - Oui mais je pense que ce qui m’aide à pardonner  c’est que mon père m’ait dit que ma mère avait toujours peur que mon frère ne se suicide, il était vraiment détraqué.

    - Oui mais même détraqué on peut penser qu’il méritait la prison, la mort que sais-je ?

    - Mon père m’a dit aussi que ma belle-mère lui avait sauvé la vie et qu’il n’aurait jamais pu rester seul. Je pense qu’il voulait s’excuser de s’être remarié car il a bien vu que parfois c’était difficile pour moi.

    - Est-ce que ce n’est pas qu’il se rend compte de votre souffrance ?

    - Oui sans doute mais en partant en cure je vais reprendre des forces pour faire face à la suite car il y aura encore des moments durs.

    - Oui au moment du décès.

    - Je sais qu’il me faudra du temps. Je crois que la maladie et le départ de mon père me remettent dans des angoisses que j’avais petite après ce qui s’était passé.

    - Vous pensez que vous avez des choses à vous faire pardonner par rapport à ça ?

    - Non

    - Bon je vous souhaite une bonne cure, reposez-vous bien

    - Merci je vais reprendre un rendez-vous pour dans un mois en rentrant

    - Oh oui.

     

     


    votre commentaire
  • Une séance de thérapie avancée à ma demande car c’est trop dur.

    • Alors Madame ?
    • Mon père est à mourir et c’est très dur.
    • Oui c’est sûrement difficile.
    • Mais il s’est passé beaucoup de choses. J’avais donc décidé de partir en cure et je pensais le dire à mon père il y a quelques jours mais je l’ai trouvé plus fatigué et n’ai rien dit. J’avais essayé de vous joindre pour avoir votre avis sur les injections de tranxène qui m’apaisent mais ne m’endorment pas quand je suis près de mon père.
    • Hum
    • Son état s’est aggravé samedi, il a eu une grosse infection avec beaucoup de température et il était dans le coma. Le dimanche matin il était lucide et la personne de JALMALV est venue le voir, quand j’y suis allée après il m’a dit en pleurant je vais mourir. C’était la première fois qu’il parlait de la mort.

    Je sors mon cahier ou j’ai tout noté par rapport à ces 4 jours remplis d’émotion près de mon père, car je n’arrive pas à me concentrer et je le lis au psy.

    • C’est bien ce que vous avez fait, l’amour est thérapeutique, n’hésitez pas à passer beaucoup de temps près de lui il en a besoin et vous aussi.
    • Oui mais c’est dur de tenir le coup, je suis épuisée.
    • Oui mais c’est mieux que de rester ruminer chez vous.
    • Je suis prête à passer la nuit près de lui s’il le faut mais si cela doit durer dans le temps, je ne m’en sens pas capable.
    • Je comprends ce que vous voulez dire, mais passez du temps près de lui , après vous serez satisfaite.
    • Je ne pensais pas être capable de dire tout cela et de faire tout cela. Après tout ça et vu son angoisse de ce matin j’ai envie de lui demander s’il a peur de mourir tout seul.
    • Dites-lui que vous serez près de lui et l’accompagnerez lors du grand passage. Bon on va s’arrêter là, si vous avez besoin n’hésitez pas à appeler ou à demander d’avancer un rendez-vous.
    • Oui là je n’ai plus de rendez-vous comme je partais en cure.
    • On va regarder cela.

    Il sort sans rien dire de plus pour une fois, il respecte ma douleur sans beaucoup de paroles. Avec la secrétaire, il me donne un rendez-vous pour la semaine suivante et me dit au revoir simplement. Je repars émue mais apaisée.

     

    Je parcours les 35 km qui me séparent de l’hôpital local ou se trouve mon père. Celui-ci est fatigué et sa voix est basse mais je le trouve cohérent. Ses paroles :

    • Ils prévoient quand l’enterrement ?
    • Quel enterrement ?
    • Le mien tiens.
    • Mais papa tu es encore là, on ne peut pas savoir tu sais bien que le bon Dieu vient nous chercher quand il l’a décidé.

    Il parle un peu de ma nièce demande si elle va mieux. Puis il parle de l’herbe dans son jardin, il sommeille par moment jusqu’au déjeuner  Je le fais manger un peu il n’a pas très faim. Puis je sors téléphoner à mon mari pour donner des nouvelles et je vois l’infirmière, lui dis comment je trouve mon père elle note son angoisse. Elle dit qu’il a fait un beau travail et moi aussi et que le médecin traitant est très content. J’ajoute pour ma part que c’est grâce à l’aide de la personne de JALMALV.  Je retourne dire au revoir à mon père, il pleure.

    Le soir j’appelle l’hôpital pour nouvelles, l’infirmière me dit que le généraliste est passé et qu’il a augmenté les anxiolytiques et la morphine et qu’il l’a sédaté pour la nuit, cela me rassure.

     


    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires