• L'état de mon père empire à l'hôpital local, il souffre beaucoup du bas du dos, c'est du à ses métastases osseuses, il est défiguré, cela me fait vraiment de la peine. Ma belle mère réalise de plus en plus et est très pessimiste, elle le trouve fatigué. Il souffre en plus d'une épaule, le généraliste le voit et lui donne des calmants plus forts.

    Dans le même temps, avec mes angoisses qui sont récurrentes, j'ai aussi des douleurs de dos, je décide de changer de généraliste, mon psy m'a donné un nom pas très loin de chez moi. Je l'aurais encore s'il n'était pas parti médecin de la sécurité sociale fin 2003, dommage il m'a beaucoup aidée. La première consultation se passe bien, il me demande pourquoi je change, je dis que je ne me sens pas entendue pour mes angoisses par la généraliste précédente. Je dis tous mes problèmes de santé, toutes les causes de mes angoisses, il me demande de revenir une semaine plus tard pour revoir tout cela, car ça fait beaucoup. Je le trouve vraiment sérieux et compétent de proposer cela. Il est à l'écoute et prend le temps de discuter. En tout cas c'est précieux dans une période comme celle ci et cela me permet de m'apaiser.

    Mon père est de plus en plus fatigué, il souffre, il a un regard vide. Mon fils ainé qui fait ses études en Angleterre revient en vacances et va rendre visite à son grand père, il est choqué de le voir dans cet état là. De toute façon nos trois enfants sont choqués par la maladie de mon père, ma fille en particulier va mal, elle avait laissé une lettre trainer sur son bureau, elle va vraiment très mal et je suis très touchée, mon mari également et nous sommes inquiets pour elle.

    Séance de psy le 30-5-2001

    Le psy me trouve d'apparence mieux, je lui dis qu'il y a de meilleurs moments en particulier quand il y a des journées agréables, je suis capable de me sentir mieux. Puis je pointe que lors des visites à mon père, mon énergie passe à supporter ma belle mère, le psy trouve cela ridicule et me dit de me détacher de ce qu'elle dit. Je dis que j'essaie mais elle est insupportable et pas que pour moi. Elle n'arrête pas de critiquer tout ce que l'on fait, elle est jalouse quand je parle de mes enfants à mon père et voudrait parler de ses propres petits enfants. Mon père est content lui d'entendre parler de ses petits enfants. Le psy dit que j'ai plein de points sensibles et qu'elle le sent, elle sait ce qui me touche; mon honnêteté, mon envie de bien faire, d'être une bonne fille pour mon père...........le psy conseille d'essayer de dire comme elle, cela peut être marrant, elle ne saura plus quoi dire. Et moi qui me justifie tout le temps, le psy dit que c'est pour cela qu'elle continue. Puis j'ajoute que je suis très touchée par l'état de mon père; sa fatigue, son amaigrissement, sa souffrance, sa tristesse, son manque d'intérèt. Le psy dit que c'est le déroulement normal de la maladie. Je dis que ma belle mère aimerait bien parler à mon père de sa maladie et de la mort, j'ai répondu qu'il ne parlait pas et elle a dit que si ils parlaient tous les deux. Oui de la pluie et du beau temps, mais pas de choses profondes, je ne m'en mélerai pas de touue façon, il lui dit ce qu'il veut.

    Puis je parle de ma fille et de nos inquiétudes, le psy dit que c'est moi et ma façon d'apprécier la vie qui l'aidera, c'est de lui montrer que je suis capable d'être heureuse. Le psy dit après qu'elle est à la période charnière de l'adolescence, et que je dois l'écouter et lui raconter ce que je fais de bien pour moi dans une journée. Je dis que je me culpabilise car si elle va mal, c'est que je suis pas bien depuis longtemps. Le psy: ah ça marche pour vous la culpabilité, non elle fait partie de votre famille qui est aussi la sienne, ce n'est pas une famille marrante, c'est vrai, mais vous l'avez subie vous aussi. C'est comme ça et vous avez su garder la tête hors de l'eau car vous avez rencontré des personnes qui vous ont aidée. Et vous avez pu parler, parler, cracher votre histoire et lui faire passer le message qu'il faut parler, ne pas garder pour soi des choses douloureuses, que si on les garde longtemps comme vous, ça fait beaucoup souffrir. Je dis que je suis persuadée qu'elle a gardé toute cette histoire pour elle depuis que je lui ai raconté deux ans auparavant, qu'elle ne l'a même pas dit à ses copines. Le psy insiste pour que je lui redise que moi c'est de l'avoir dit qui m'a permis d'aller mieux.

    Je dis que mes trois enfants sont affectés par la maladie de mon père, le psy me dit de me montrer adulte, capable de faire face aux épreuves de la vie. Je pointe qu'avec ma fille nous étions proches et maintenant sur cette lettre elle parle d'indifférence, le psy dit qu'elle est à l'âge ou on veut prendre ses distances, se détacher, ce n'est pas facile. Puis le psy rajoute que pour la culpabilité, ma fille se sentira encore plus mal si je me sens coupable. Cet échange me fait quand même du bien, au jour d'aujourd'hui (2012) je trouve que le psy parlait vraiment beaucoup et j'aurais du mal à supporter maintenant, bon c'est un comportementaliste aussi.


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  • Je continue d'aller au groupe de parole de l'association. Ce soir là j'écoute les autres, mais j'ai vraiment du mal à parler, j'attends la fin pour cela. Une autre participante me demande si ça va et je dis non, en larmes. Une des animatrices me dit: tu n'as pas beaucoup parlé et tu repars avec ton sac bien lourd, allez on se rassoit. Je dis non mais continue de pleurer, En fait on se rassoit toutes, mais j'ai vraiment du mal à démarrer, l'animatrice dit que mon père est très malade, je parle un petit moment et tout le monde encourage, explique, ça me fait vraiment du bien. Je serais repartie très mal si on ne m'avait pas tendu la perche pour que je démarre. La soirée a été longue et je repars dans un état de vide. Je crie encore en voiture et pour une fois c'est vraiment libérateur.

    Puis le lendemain, nouvelle séance psy:

    Je dis mon mal être, le psy me fait réfléchir sur la cause, ce n'est pas difficile, j'explique que je sais que mon père est malade, qu'il arrive en fin de vie, mais que ce sont ses souffrances qui sont le plus difficiles à supporter. Le psy dit que tout le monde serait affecté par la mort proche de ses parents. J'ajoute que ce sont mes angoisses qui sont difficiles à gérer, il trouve que c'est bien de crier dans ma voiture pour évacuer. Je dis ma fatigue, ma difficulté à supporter ma belle mère, la relation avec mon père qui reste superficielle. J'ajoute que je pensais lui reparler de l'inceste. Le psy pense que c'est impossible pour mon père, qu'il se protège, que je dois le laisser finir sa vie en paix, il souffre déjà assez comme cela. Il me dit de l'accompagner de ma paix pour le grand Passage. Il dit aussi de laisser s'endormir la petite fille pour laisser la place à l'adulte, fille de son père qui est là pour l'accompagner et le soutenir pour la fin de sa vie.

    Et puis le psy dit qu'il ne faut pas que je compte sur mon mari et mes enfants, ils peuvent comprendre la tristesse pour mon père, mais ne se rendent pas compte de ce qui se joue pour moi par rapport à mon histoire. Il n'y a que moi qui puisse le ressentir et avoir une action dessus. Je demande comment faire et le psy me dit que je l'ai déjà fait et qu'au lieu d'attendre de mon père des révélations ou un pardon, il vaut mieux que je mette mon énergie à trouver des solutions pour tenir le coup. Je réponds que c'est ma plus grosse angoisse; tenir et combien de temps!!! Le psy répond; plusieurs mois sans doute. Le psy conseille de me reposer et de me préserver physiquement et psychiquement.

    Quand le psy me dit au revoir avec un regard très compatissant, cela me fait du bien.


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  • Les jours se suivent, et les angoisses également. La vie de tous les jours est difficile, en faisant mes courses par exemple une journée, je déclenche une crise d'angoisse et suis obligée de planter mon chariot en plein magasin.

    Je regarde à la télé un de ces jours là une interview de Marie Laforêt qui dit qu'elle a été violée à l'âge de 2 ans 1/2, elle dit que c'est une culpabilité et un certain masochisme, que l'on n'oublie pas mais on s'habitue à vivre avec ( j'en étais loin encore en 2001! )

    Le psy m'ayant proposé d'appeler, je me décide à le joindre pour lui faire part de mes angoisses, il trouve cela normal en ce moment, il me dit que j'ai déjà fait un travail de deuil et que je dois me préparer à en faire un autre. Je demande à avancer le prochain rendez vous (il me l'avait proposé) et il me répond de rappeler quelques jours plus tard, je suis profondément déçue en raccrochant. Je réfléchis à voix haute avec mon mari et lui dit que tout le monde en a marre de me voir mal, que je n'ai pas choisi de vivre la maladie de mon père alors que je ne suis pas très forte psychologiquement. Mon mari répond à cela qu'il est là lui, prêt à m'aider, ce qu'il désire c'est que j'aille mieux.

    Dans le même temps mon père a été transféré du CHU de Nantes dans un hôpital local pour être en convalescence. Je passe chercher ma belle mère pour aller accueillir mon père dans ce nouvel établissement. C'est nettement mieux car c'est plus petit, pas de circulation, toujours une place de parking, bref tout irait bien s'il n'y avait pas l'inquiétude de l'avenir, la souffrance psychologique de mon père liée à son immobilité et le fait d'avoir à supporter ma belle mère. Pendant les visites à mon père quand nous sommes toutes les deux, je contiens, beaucoup, vraiment et après l'avoir déposée chez elle dans ma voiture j'évacue en criant. Cela suffit à peine, j'aurais bien évacué par la parole en appelant quelqu'un, mais soit des amies sont absentes, soit ce n'est plus l'heure pour mon psy par exemple.

    Et une fois rentrée, c'est la vie de la maison; mon mari, mes enfants, et la fillette handicapée que j'accueille, c'est dur tout ça !!! j'appelle en soirée quand les enfants sont occupés, la présidente de sos-inceste, elle trouve des mots réconfortants et ça m'apaise un peu.


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  •  Je fais part à mon psy de l'angoisse que je ressens depuis la veille, moment ou nous rentrions de week end. Il me demande ce qui s'est passé, je réponds que je me suis réveillée dans un cauchemar et que depuis je ressens cette angoisse. Ce matin j'avais une migraine en me réveillant, alors je ne suis pas mieux. Le psy me demande quand est ce que je vais être heureuse! je réponds que mon père est gravement malade. Il me dit oui mais vous êtes adulte et c'est le lot de chacun de perdre ses parents vieillissants. J'ajoute que je me résigne pourtant mais que c'est difficile. Il reprend en disant qu'il n'aime pas ce mot "résigne".

    Je dis que c'est dur de voir mon père souffrir avec ses métastases osseuses. Le psy me demande si c'est sa souffrance ou sa mort qui me fait peur. Je dis que c'est sa souffrance dans la durée, que je ne tiendrai pas le coup! Le psy dit que cela ne peut pas être autrement que d'être affectée par cela!

    Puis j'évoque la culpabilité que je ressens car je lui ai raconté les abus de mon frère en novembre dernier, il est tombé malade en avril. Le psy me demande comment je fais le lien? je pense que le choc psychologique a été si important!!!Les paroles du psy: d'accord je comprends, mais je crois que les métastases osseuses existaient depuis longtemps, et il fallait lui dire ce que vous lui avez dit, c'était entre vous, maintenant vous pouvez avoir de vrais échanges avec lui. Cela lui a permis de souffler, vous comprenez?

    Je réponds que non et que de toute façon je suis sure qu'il ne savait rien. Le psy dit que c'était dans son inconscient, que maintenant les choses sont claires et que les mots qu'il peut lâcher montrent qu'il est soulagé. Je réponds qu'il ne dit rien à ce sujet et que je me demande s'il s'en rappelle. Le psy dit que si, c'est qu'il ne réussit pas à en parler encore, ce n'est pas son genre de parler de ce qu'il ressent. Oui c'est vrai et je le sais pourtant, on a toujours une attente envers ses parents pour de tels secrets.

    J'aborde les difficultés avec ma belle mère qui voudrait que j'aille voir mon père tous les deux jours, je sais dire non mais je culpabilise toujours. Je suis sa seule enfant en vie, je ne peux pas être tous les jours ou même tous les deux jours près de lui à l'hôpital, j'ai mon travail aussi et ma santé à préserver. Le psy dit que c'est normal d'accorder du temps à mon père, mais il faut poser mes limites.

    Je dis que tout cela me renvoie à la maladie cancéreuse de ma mère que j'avais très mal vécu 15 ans auparavant, et puis à celle de ma tante religieuse 3 ans avant. Et puis j'ai dit que mon frère s'est tiré lui (je ressens tellement de colère à ce moment là) et qu'il n'a pas eu à vivre tout ça !!! Le psy trouve que je m'en suis bien tirée, pas dans la mort, ni dans la maladie psychiatrique, ni physique.............

    Je lui précise qu'au niveau physique les soucis sont là quand même: migraines, douleurs de dos, eczéma........... Le psy me dit qu'avec le généraliste, ils vont m'aider à traverser cette période là.

    Puis j'évoque les aberrations entendues de la formatrice la semaine précédente ou je me contenais mais bouillais intérieurement. Le psy dit que j'ai bien fait de ne rien dire, que cela aurait compromis le reste de ma formation. Puis il ajoute que la formatrice donnait des statistiques, qu'elle n'était pas dans le vécu, que c'était ses connaissances cliniques. Que mon histoire était douloureuse et que je la vivais de l'intérieur. Il dit que le vécu qui fait le mieux comprendre et tout ce que j'entendrai sur les inceste frère - sœur m'interpellera et ne sera pas comme ce que je peux ressentir. Il ajoute qu'il ne peut pas non plus le ressentir, et que heureusement il n'a pas vécu tout ce que ses patients ont vécu.

    Et puis il dit que l'on peut souffrir pour beaucoup moins que cela, il prend le cas d'un patient dont les parents étaient partis au cinéma, et qui s'est senti complètement abandonné. Il en souffre encore aujourd'hui. Je rebondis aussitôt en racontant qu'une fois mes parents étaient partis au cinéma et mon frère avait ordre de me surveiller, sauf qu'il m'avait réveillée pendant la soirée pour me dire: je te défendrai si quelqu'un rentre! et il avait un grand couteau de cuisine dans la main. Quand mes parents étaient rentrés ils nous avaient trouvés couchés tous les deux dans leur lit avec le couteau au milieu, ils avaient eu très peur. Le psy dit que mes parents avaient favorisé l'inceste et que mon frère m'avait bien protégée !!!

    Le psy ajuste mon traitement et me propose de l'appeler si c'est trop dur.

    Je repars dans un état de tristesse et d'épuisement total, j'ai tellement pleuré............


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